Manifestation contre la réforme des retraites dans les rues du 20e

Jeudi 26 décembre, une déambulation a eu lieu dans les rues du 20e arrondissement. Récit rapide de cette initiative qui mériterait de se généraliser largement.

Jeudi, rendez-vous 17h devant la mairie du 20e, place Gambetta. Il n’y a pas encore grand monde. Une cinquantaine de personnes peut-être, habitants et habitantes du quartier. Plusieurs secteurs sont représentés (Educ nat’, santé, retraité, transport, etc.), il y a des enfants en poussettes et des moins jeunes. La manif ne s’annonce pas particulièrement offensive et j’hésite même à tourner les talons dès le début.
Mais bon l’avantage des manifs dans son quartier c’est qu’on peut facilement s’y rendre à pied et toujours décider de partir.
Je décide donc de rester un petit peu, pour voir.
La déambulation a été déposée, on a donc le droit à nos policiers pour faire la circulation et à un ou deux RG. Deux camionnettes, trois voitures. Rien d’immensément paralysant.
Le cortège qui a grossi pour atteindre une grosse centaine de personnes s’élance. Petit tour solidaire devant l’hôpital Thenon, puis on remonte la rue des Pyrénées. L’ambiance et vraiment sympa. Pendant qu’une équipe fait du collage devant les trois flics qui nous encadrent, les slogans raisonnent.

« On est là, on est làààà même si Macron ne veut pas nous on est là… »
« La grève générale c’est bon pour le moral. Et ça fait mal au Capital ! »
« En grève jusqu’au retrait », avec sa variante « jusqu’à la retraite ».
Etc.

Bref, les slogans sont plutôt radicaux, l’ambiance chaleureuse malgré quelques averses.
La manif poursuit sa route, en envahissant brièvement La Poste du 20e pour appeler les salari·é·e.s à se joindre à nous et rappeler que « La Poste elle est à qui ? Elle est à nous ! »

On repart. Pas mal de voitures ou de scooteurs klaxonnent en soutien. Les quelques centaines de tracts partent rapidement la plupart du temps bien accueillis par des passants curieux. Et on continue comme ça dans des petites rues qui ont rarement vu des manifs. D’ailleurs ce format de manif’ local permet à des passant·e·s de s’agréger au cortège pour quelques centaines de mètres ou pour toute la manif.
Après avoir tourné dans des rues vraiment vides, la manif devait continuer par la rue de l’Ermitage pour récupérer la rue de Ménilmontant. Las de passer dans des rues désertes, le cortège se permet des libertés avec le parcours déposé. On improvise, et on reprend par la large rue des Pyrénées ce qui engendre quelques ralentissements. La police n’est pas en capacité d’imposer sa volonté et ne peut que suivre le mouvement. Puis descente de la rue de Ménil’ où l’on croise quelques bus remplis de gens trop blasés. Le contraste entre les grévistes, joyeux, déterminés, solidaires et les personnes qui reviennent du taf est saisissant. Si l’on en juge par ces visages tristes, il fait clairement meilleur à être en grève. Alors, n’hésitez pas ! Tout le monde a le droit d’écrire l’histoire, il suffit vous aussi de vous mettre en grève, de poser des RTT ou de vous faire porter pâle et de nous rejoindre…
Bref, la manif continue son tour en passant dans le quartier de la Banane, remonte vers le Père-Lachaise pour finir sur la place Gambetta sans encombre.

Cette manif était vraiment sympa. Ça fait du bien de retrouver un peu de liberté sans être encadrés par des centaines de keufs. Ça permet de rencontrer des gens de son quartier qui sont eux·elles aussi en lutte. Ça permet de diffuser des tracts à des personnes qui sont peut-être assez éloignées, pour l’instant, de ce mouvement. Ça permet de coller des affiches tranquille. La radicalité est plus intuitive. Les slogans parfois rabâchés depuis longtemps prennent une autre saveur. Car attaquer le Capital sous les fenêtres de ses voisins et bien ça sonne beaucoup plus radical que sur un parcours République-Bastille, lieu neutre, déserté des passants.
À un peu plus de cent, nous étions étrangement puissants. On peut imaginer ce que cela donnerait si nous étions 300 et surtout si cette initiative était multipliée à plusieurs arrondissements et villes de banlieues. Et pourquoi pas le même jour à la même heure ?
Ancrons la grève, démultiplions les initiatives locales.

Localisation : Paris 20e

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