« Macron, on vient te chercher au théâtre. » Fuite d’un président.

Le mot circule sur les boucles. Macron aux Bouffes-du-Nord. La Chapelle. L’appel à se rassembler tourne.

Quelques dizaines de minutes plus tard, un tweet du journaliste de Là bas si j’y suis, Taha Bouhafs, vient confirmer.

Ce soir-là, il y avait de belles marches aux flambeaux en banlieue proche, Saint-Denis, Montreuil, Aubervilliers.

Une heure après le message, vers 21h45, plusieurs centaines de personnes sortent de tous les coins du carrefour de La Chapelle, foncent gentiment vers le théâtre qui fait l’angle, et dépassent les vigiles déboussolés.

Les flics de service, qui stationnaient à proximité, képis sur la tête, tentent de bloquer l’entrée. Quelques dizaines de personnes ont pu entrer, les autres ne tentent pas plus et se rassemblent devant en criant le désormais classique « On est là ». Une centaine de personnes, peut-être un peu plus. Les flics sont clairement en sous-nombre, mais devant il n’y a pas vraiment l’envie d’en découdre.

On le saura plus tard, en discutant avec les spectateurs sortant du théâtre, un groupe de personnes a réussi à entrer dans la salle, aux cris de « Macron démission ». Quelques spectatrices et spectateurs se sont à leur tour levés de leur siège pour crier avec les nouveaux arrivants. C’est à ce moment-là que Macron se fait exfiltrer de la salle.

Devant le théâtre, ça bloque un peu la circulation. Les flics en armure se déploient, mais là encore, pas vraiment nombreux. On crie, on bloque (un peu) la circulation, on chante, on cause avec les éboueurs : « On a fait 15 jours de grève, mais on est là, c’est pas fini ! » Sur les côtés, les foules se rassemblent « Non sérieux, le président ?? ». Incrédules.

Charge. Histoire d’évacuer la place. Un peu de gaz à la familiale.

Puis.

Mouvement de foule de CRS, technique du crabe, incroyable, presque Le Lac des cygnes version tortues ninja. Les flics lâchent la façade du théâtre pour se déplacer de l’autre côté du métro aérien. C’est un peu la pagaille. Des voitures noires et des camionnettes de flics filent. Y aurait Macron dedans. Hop c’est fini.

Enfin presque. Face au théâtre, les deux centaines de gens rassemblés gueulent toujours. Au bout de quelque temps, on apprend que Taha Bouhafs n’est pas sorti. Ça se tend un peu avec les flics ; pour leur rappeler que tout le monde les déteste, même s’ils ont bien l’air au courant.

On stagne jusqu’au départ des flics, sous les huées. Toutes les personnes qui se sont invitées à l’intérieur sont sorties, sauf Taha qui semble bel et bien embarqué au commissariat. Là, c’est vraiment fini. Ça passe en boucle sur les chaînes d’infos en continu.

On peut regretter de ne pas avoir été plus nombreux. Les flics étaient à la ramasse, le débordement semblait facile. Mais ça fait déjà quelques sorties mondaines de ces gens du gouvernement qui se font giletjauner bien comme il faut, Griveaux, Darmanin, Schiappa. Maintenant Macron. C’est fini la belle vie. On vient vous la pourrir.

Vous nous attaquez en tant que travailleuses et travailleurs, vous nous méprisez en tant que grévistes. Vous nous haïrez sans pouvoir nous classifier.

Localisation : Paris 18e

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