Vous pensez que se réfugier dans un pays inconnu sans argent, sans vivres, dans des conditions de déplacement déplorables n’est qu’une simple démarche administrative.
Vous pensez qu’il suffit de compter, de ranger, de stocker, de mettre en files, d’enregistrer ces personnes pour qu’à un moment leur problème soit résolu et qu’elles ne soient plus que des statistiques dans des plans pluri-annuels de logique comptable.
Vous pensez que ces personnes ont bien de la chance d’être arrivées dans un pays que vous appelez « pays des droits de l’homme ».
Et vous vous contentez de dire que vous ne faites qu’appliquer la loi. Que c’est bien triste, mais que vous ne pouvez pas faire autrement. Que vous comprenez bien, mais que voulez-vous….
Merde !
Non vous ne comprenez pas.
Parce qu’en fait il n’y a rien à comprendre d’autre que :
Accueillir n’a rien à voir avec le Raisonnable, l’ Economique, le Religieux, l’Amour Humanitaire, le Politique,….
Accueillir, c’est tout simplement se reconnaître et s’accepter soi comme faisant partie d’un monde commun.
Les frontières du monde n’ont d’autres raisons d’exister que d’organiser la ségrégation, le racisme, la colonisation, l’esclavage, l’oppression,….
Vous vous mettez en position de domination (je sais ce qui est bon pour vous et je vous l’impose) ou en position de compassion humanitaire (ah les pauvres, c’est affreux ce qu’ils vivent, je vais leur apprendre à vivre comme il faut dans ce beau pays qu’est la France- comme de bons Francais-).
Vous ne voulez pas parler avec ces personnes, faire avec ces personnes, écouter ce qu’elles veulent, leur donner ce qu’elles veulent.
Vous n’avez malheureusement que votre logique gestionnaire à la bouche et vous ne vous voyez pas les écraser de votre suffisance, de votre condescendance, de votre mépris souverain.
Oui vraiment vous n’avez pas jugé utile de faire avec les réfugié-e-s tels qu’elles et ils étaient, préférant les considérer tels que vous vouliez qu’elles et ils fussent.
Vous les vouliez : propres, obéissant-e-s, poli-e-s, reconnaissant-e-s, soumis-e-s, silencieu-ses-x, peu visibles….
Elles et ils étaient ; fatigué-e-s, apeuré-e-s, ayants faim, désorienté-e-s, demandeuse-r-s, forts visibles…
Vous les avez abandonné-e-s, traqué-e-s, trié-e-s, séparé-e-s, rendu-e-s malades, épuisé-e-s, avili-e-s,…
En raison de vos attitudes qui n’ont eu de cesse de démanteler les solidarités autour d’eux, et de les disperser au gré de vos interventions policières ou de relogement bidon, beaucoup d’entre elles, beaucoup d’entre eux sont et seront à nouveau raflé-e-s et renvoyé-e-s vers leur pays où elles et ils pourront mourir loin de vous.
Ce ne sera plus votre problème.
Vous pourrez vous dédouaner en disant que ce n’est pas vous qui les avez tué-e-s….
…. Comme d’autres en d’autres temps disaient qu’ils n’avaient fait que conduire les trains.
Merde !
Michel Hirtz. 22/06/15