Lettre d’un Kompa incarcéré par l’État chilien

Traduction de la lettre d’un Kompa incarcéré par l’État chilien en temps de révolte

Lettre d’un Kompa incarcéré par l’État chilien.

Il y avait envie de la voir diffusée, traduite et d’imaginer qu’elle passerait les murs et les frontières.

Les mots entre crochets ont été ajoutés pour aider à la compréhension.
Merci au Compa qui a réalisé la traduction, la version originale se trouve en dessous.

Que vivent les révoltes et que crament les prisons, que la solidarité explose sous toutes ses formes !

Aux compas enfermé·e·s ou recherché·e·s
J’écris ces lettres en y insufflant tout le newen [force, énergie en mapuche] et le feu insurgé de mes convictions anarchistes, pour en faire un geste même minime de complicité avec vous.

Je suis enfermé depuis quelques mois dans un des cachots de la démocratie chilienne. Cette « oasis » du capitalisme en Amérique latine qui est (toujours) fortement frappée par cette magnifique tempête insurrectionnelle qu’est la révolte sociale, qui a mis feu et objectifs entre les mains des exploité·e·s et que nous, les acrates, malgré nos ratés et nos erreurs, continuons à attiser à l’aide de toutes les armes et tous les outils à notre disposition. En cherchant à ne pas idéaliser le contexte, en comprenant qu’il s’agit d’un chapitre de plus de la Guerre sociale mondiale en cours et que nous pouvons nous étendre et en tirer des leçons en nous rendant compte de ses propres limites.

Laissons de côté les fétichismes, sectarismes et fausses dichotomies. Nous voyons alors naître, dans la chaleur des barricades, une infinité d’initiatives : assemblées de quartiers et de travailleurs et travailleuses, centres culturels occupés, bibliothèques, projets d’édition, discussions, manifestations, grèves, funas [type de zbeul qui sert à visibiliser ou pourrir une personne ou un groupe qui a fait de la merde], interventions, actions, affrontements émeutiers, attaques, conspirations, réseaux d’entraide et de solidarité avec les prisonnier·ère·s politiques, etc. Le tout dans un clair esprit libertaire, qui se propage à toute vitesse dans les situations que nous vivons, et qui est un terreau fertile pour que les idées et pratiques anarchistes se voient embrassées par les opprimé·e·s en lutte.

La lame à double tranchant que le pouvoir utilise en réponse tente, pour sa part, de replaquer l’esprit insurrectionnel dans l’institutionnalité, à l’aide de tous les partis et mouvements de l’ordre qui s’alignent sur cette démocratie assassine et font illusion avec des changements qui ne changent rien : élections, plébiscites, participation citoyenne… Des tromperies qui ne sont faites que pour réduire l’autonomie et le potentiel révolutionnaire, notre capacité à nous organiser nous-mêmes et sans chefs, dirigeants ou « spécialistes », ces parasites qui ne vivent que de ce qu’ils peuvent prendre à celles et ceux d’en bas et ne font des arrangements qui ne favorisent qu’eux et leur classe, comme les fidèles et éternels alliés des exploiteurs qu’ils sont.
Le chemin de la révolte sera toujours celui de l’horizontalité, de l’autonomie, de la décentralisation et de l’illégalité, autant dans la construction que dans l’attaque.

Le deuxième tranchant de la lame est le visage le plus visible de la violence sur laquelle se fondent tous les États : la militarisation de la vie, la police, le contrôle, la loi, la mutilation, l’enfermement et l’assassinat. Lorsque cela est pratiqué de façon massive, le maquillage de ce système tombe, dévoilant enfin que dictature et démocratie ont toujours été des intonations différentes d’une même chanson lugubre.

Oser se confronter au pouvoir comporte toujours le risque de finir en prison, que ce soit pour des actions en marge de la légalité ou pour le confort et la volonté des puissants lors d’offensives répressives ou pour des shows médiatiques de renseignement. Cela, loin de nous mettre dans la position de victimes, renforce au contraire notre conviction dans la bataille, contre nos ennemis qui ne tomberont certainement pas seulement par la force, mais pas sans elle non plus.

L’État, le capital, le patriarcat et toutes les relations sociales qui en découlent sont le soutien et la fondation de l’exploitation de la terre et de tout ce qui y vit, y compris les animaux humains.

Que ce soit dans les régions de l’Équateur, au Liban, en Irak ou au Kurdistan, que ce soit dans les rues de Hong Kong, de Pékin ou d’Athènes, dans les quartiers de gringos ou dans les riches rues de Paris, à Bogotá, Rio ou Mexico, Buenos Aires ou Montevideo. Que ce soit en Russie, aux Philippines, en Papouasie occidentale ou dans les rues révoltées de Santiago ou du Wallmapu [pays mapuche].

La lutte doit avoir une vision globale, puisque les différentes oppressions qui traversent nos différents corps et territoires s’entrelacent pour alimenter le même système pourri. Nous devons étudier et être intelligent·e·s pour identifier le rôle que jouent les territoires où nous luttons dans l’entremêlas international de l’exploitation, afin que notre organisation et nos attaques soient toujours plus précises et proches de la tête des parasites exploiteurs.

La bataille à l’intérieur des prisons doit, elle aussi, être planétaire. Nous, anarchistes, n’avons jamais accepté des séparations aussi absurdes que la patrie ou la souveraineté nationale : nous nous sentons frères et sœurs par nos idées et par notre condition de prisonnier·ère·s politiques anarchistes dans les prisons de l’État. Ceci est donc un appel à rester attentifs, attentives, et à rechercher des informations à propos des compas enfermé·e·s dans le monde entier. Créons des réseaux de solidarité pratique à l’aide de campagnes, d’actions, de gestes et de tout ce que nous reconnaissons dans la lutte, retrouvons-nous en tant que partie de la guerre sociale et apportons-y notre force, notre analyse et notre cohérence pour faire que le soutien mutuel soit plus que des mots : que ce soit un vol d’oiseau au-dessus des murs des prions et des frontières, pour embrasser de la chaleur du feu anarchiste tou·te·s les compas incarcéré·e·s, recherché·e·s ou en lutte sur tous les continents et dans tous les coins de la planète.

Écrivons-nous, faisons connaissance, solidarisons-nous et agissons en sachant que nous ne sommes pas seul·e·s. Utilisons cette puissance pour faire trembler le pouvoir, qui ne cherche qu’à nous isoler et à nous séparer. Agissons de façon à chaque fois mieux coordonnée et avec une projectualité claire, prenons soin de la rue et de nos vies, soyons persuadé·e·s que c’est ici et maintenant que se préfigure le monde nouveau que nous portons dans nos cœurs, et que ne tremble jamais notre main au moment de répondre à la violence des riches et de leur système : qu’ils n’oublient pas qu’ils sont mortels et qu’ils ont des noms et des adresses. Que toute notre haine leur soit adressée, que tout notre amour et notre malice soient pour nous, pour surmonter tout ce qui se présentera sur ce tortueux chemin révolutionnaire.

Nous sommes infecté·e·s par ce système, dont nous héritons de façon imposée. Se rendre compte de cela, individuellement et collectivement, est une autre pierre angulaire de l’anarchie, en brisant les dichotomies, en révélant que la domination nous affecte de nombreuses manières, jusqu’au plus intime de nos peurs, de nos traumatismes, de nos attitudes ou de nos désirs. Avec cela en tête, nous pouvons générer des espaces qui, grâce à cette fraternité, peuvent aider à résoudre ou à régler les problèmes. La perfection et la pureté ne sont que des illusions chrétiennes, qui nous empêchent de faire preuve d’humilité et d’écoute. Détruisons tout ce qui fait de nous des esclaves, à l’intérieur comme à l’extérieur de nous. Nous n’avons pas toutes les réponses, nous ne vénérons aucun sauveur et aucun messie, nous ne sommes pas croyant·e·s. Nous ne sommes ni une religion ni une secte, et encore moins un club d’ami·e·s : nous faisons route à mesure que nous avançons d’un pas ferme vers l’imparable et infinie libération totale, vers la révolte, la révolution sociale, vers l’insurrection et l’anarchie.

Faisons du drapeau noir révolutionnaire un danger latent et réel contre le pouvoir, peu importe la couleur dont ce dernier se pare. Ce texte de solidarité s’adresse avec une préoccupation particulière et avec newen aux compas récemment condamné·e·s dans la région russe, enfermé·e·s et torturé·e·s par les délires du FSB et compagnie. Qu’ils et elles sachent qu’ils ne sont pas seul·e·s et que dans cet endroit si lointain qu’est la région chilienne, certain·e·s ont des affinités avec eux et accompagnent leurs pas en les nommant dans les prisons et dans la rue.

Aux compas dans les prisons du fascisme italien.
Aux compas enfermé·e·s en péninsule ibérique.
Aux compas de Lutte révolutionnaire, des CCF et à tous et toutes les compas dans la prison de Korydallos et dans les autres cachots en Méditerranée.
Aux compas qui ont donné leur vie et qui résistent toujours dans les montagnes kurdes et dans les vallées de la région turque.
À mes compagnons et compagnonnes, prisonnier·ère·s politiques de la révolte et de la guerre sociale dans les prisons de Conce, Valpo, La Serena, Antofa, Santiasco, Temuco, Angol, dans les prisons pour mineurs et les autres prisons du territoire dominé par l’État chilien.

Souvenons-nous, et nos ennemis aussi, que nous ne sommes pas abandonné·e·s. Que s’ils touchent à l’un·e d’entre nous, ils nous touchent tou·te·s. Que les maton·ne·s cessent de pouvoir se promener tranquilles et en paix, soyons toujours un danger pour eux et leur confort.
Continuons d’attiser les flammes de la révolte.
Continuons de construire nos aspirations anarchistes dans le présent, prenons aussi soin de tou·te·s les minot·e·s qui cherchent et trouveront une vie libre. Occupons-nous aussi de ça.

Avec Claudia, Mauri, Jhonny, Angry, Lambros, Alexis, Orso, Valerian, Hankum, Zoe, les compas tombé·e·s dans la révolte, avec tou·te·s nos ancêtres assassiné·e·s, tous ceux et toutes celles qui ont trouvé la mort en luttant contre la domination.
Continuons de faire en sorte que vive l’anarchie !

Un anarchiste prisonnier politique de la révolte de la région $hilienne.


"A lxs compañerx encerradxs o perseguidxs

Estas letras las escribo plasmando todo el newen y el fuego insurrecto de mis convicciones anárquicas como un mínimo gesto de complicidad hacia ustedes.

Me encuentro encerradx hace algunos meses dentro de las mazmorras de la democracia chilena. « Oasis » del capitalismo en latinoamérica que es (aún) fuertemente golpeado por la bellísima tormenta insurrecta de la Revuelta Social que puso fuego y objetivos en las manos de lxs explotadxs y que donde nosotrxs lxs ácratas, pese a nuestras falencias y errores, continuamos agitando con todas las armas y herramientas que tenemos a nuestro alcance, desidealizando el contexto, entendiendo que esto es un capítulo más de la Guerra Social Mundial en curso, y que podemos expandirnos y sacar lecciones dándonos cuenta de sus propias limitaciones.
Dejando fetichismos, sectarismos y falsas dicotomías de lado vemos cómo nacen al calor de las barricadas un sin fin de iniciativas como : asambleas barriales y de trabajadorxs, centros culturales okupados, bibliotecas, editoriales, discusiones, marchas, huelgas, funas, intervenciones, acciones, enfrentamientos, ataques, conspiraciones, redes de apoyo y solidaridad con lxs presxs políticxs, etc… con un claro espíritu libertario que se propaga a gran velocidad en situaciones como las que aún vivimos y que es tierra fértil para que las ideas y prácticas anárquicas sean abrazadas por lxs oprimidxs en lucha.

La espada de doble filo con la que el poder responde, trata de, por su lado, aplacar el espíritu insurreccional a través de la institucionalidad, con todos los partidos y movimientos del orden cuadrándose con esta democracia asesina, haciendo ilusiones con cambios que no cambian nada, elecciones, plebiscitos, participación ciudadana, engaños hechos para arrebatar la autonomía y la potencialidad revolucionaria, la capacidad que tenemos nostrxs mismxs de organizarnos sin jefes, dirigentes o « especialistas », parásitos que solo viven de lo que puedan quitar a lxs de abajo, haciendo arreglos que solo favorecen a ellos y su clase, aliados eternos y fieles a los explotadores.

El camino de la revuelta siempre será el de la horizontalidad, la autonomía, la descentralización, la ilegalidad, tanto en la construcción como en el ataque.

El otro filo de la espada es la cara más visible de la violencia en la que se fundan todos los estados, la militarización de la vida, la policía, el control, la ley, la mutilación, el encierro y el asesinato que al hacerse masivos le quita el maquillaje a este sistema develando, por fin, que dictadura y democracia siempre han sido entonaciones de la misma lúgubre canción.

Atreverse a enfrentar el poder siempre conlleva la posibilidad de caer en prisión, sea por acciones fuera de la ley o por acomodo y excusa de los poderosos para arremetidas represivas y shows mediáticos de inteligencia. Esto lejos de ponernos como víctimas, refuerza aún más la convicción de batalla que tenemos en contra de nuestros enemigos que no caerán solamente por la fuerza, pero tampoco sin ella.

El estado, el capital, el patriarcado y todas las relaciones sociales que de ellos derivan son el sostén y fundamento de la explotación de la tierra y todo lo que en ella habita, incluídxs lxs animales humanxs.

Sea en las regiones de Ecuador, el Líbano, Irak o Kurdistán, sea en las calles de Hong-Kong, Beijing o Atenas, en los barrios gringos o en las caras calles de París, en Bogotá, Río, el DF, en Baires o Montevideo. Sea en Rusia, Filipinas, Papúa Occidental o en las revueltas calles de Santiago y el Wallmapu.

La lucha tiene que tener una óptica global, ya que las distintas opresiones que cruzan nuestrxs distintxs cuerpxs y territorios se entrelazan para alimentar el mismo pútrido sistema, debemos estudiar y ser inteligentes para identificar el papel que juegan los territorios donde luchamos en el entramado internacional de explotación con el fin de hacer nuestra organización y nuestro ataque cada vez más certero y más a la cabeza de los parásitos explotadores.

La batalla dentro de las cárceles también tiene que ser planetaria, lxs anarquistas jamás hemos justificado separaciones tan absurdas como la patria y la soberanía nacional, nos sentimos hermanadxs por nuestras ideas y también por nuestra condición de presxs políticxs anarquistas en las cárceles del estado, por lo tanto esto es un llamado a estar atentxs e informadxs de lxs compas presxs en todo el mundo. Que creemos redes de solidaridad prácticas con campañas, acciones, gestos y todo lo que nos vaya reconociendo en la lucha, que nos encontremos como parte de la guerra social y aportemos a ella con nuesta fuerza, análisis y coherencia, haciendo del apoyo mutuo más que palabra escrita, que sea el vuelo de pájaro que se alce sobre los muros de las prisiones y las fronteras, abrazando con el calor del fuego anárquico a todxs lxs compas encerradxs, perseguidxs o en lucha en todos los continentes y rincones del planeta.

Escribámonos, conozcámonos, solidaricemos y actuemos sabiendo que no estamos solxs, ocupemos esta potencia para hacer temblar al poder que solo intenta aislarnos y separarnos. Accionemos cada vez más coordinadxs y con proyectualidades claras, cuidemos la calle y nuestras vidas, armemos orgánicas que en el aquí y en el ahora prefiguren el mundo nuevo que llevamos en nuestros corazones y que nunca nos tiemble la mano en responder a la violencia de los ricos y su sistema, que no se olviden que son mortales y tienen nombres y direcciones. Contra ellos todo nuestro odio, entre nosotrxs todo nuestro amor y apañe para ir resolviendo todo lo que se presente en este enmarañado camino revolucionario.

Estamos infectadxs de este sistema que por imposición heredamos, ir dándonos cuenta de esto, individual y colectivamente es también una parte pivotal de la anarquía, rompiendo dicotomías, develando que la dominación nos afecta de muchas formas, hasta en lo más íntimo de nuestros miedos, traumas, actitudes y deseos. Con esto en mente podemos generar espacios que desde la fraternidad puedan o ayuden a resolver o terminar problemas. La perfección y la pureza son solo engaños cristianos que nos impide la humildad y el escuchar, destruyamos todo lo que nos convierte en esclavxs, adentro y afuera de nosotrxs mismxs. No tenemos todas las respuestas, no veneramos a ningún salvador o mesías, no somos creyentes, ni religiones ni sectas, mucho menos un club de amigxs, vamos haciendo camino al andar, sigamos paso firme hacia la imparable e infinita liberación total, hacia la revuelta, la revolución social, hacia la insurrección y la anarquía.

Hagamos de la bandera negra revolucionaria un peligro latente y real contra el poder, se presente del color que sea. Este escrito de solidaridad va con especial preocupación y newen a lxs recientemente condenadxs compas en la región rusa, presxs y torturadxs por los delirios de la FSB y compañía. Que sepan que no están solxs y que en algún lugar tan lejano como la región chilena habemos afines que acompañamos sus pasos y que los nombramos en la prisión y en la calle.

A lxs compas en las prisiones del fascismo italiano.

À lxs compas encarceladxs en la península ibérica.

A lxs compañerxs de Lucha Revolucionaria, de las CCF y a todxs lxs compas en la prisión de Korydallos y los demás penales del mediterráneo.

A lxs compas que han dado la vida y que aún resisten en las montañas kurdas y en los valles de la región turca.

A mis compañerxs, prexs políticxs de la revuelta y la guerra social en los penales de Conce, Valpo, La Serena, Antofa, Santiasco, Temuco, Angol, en las cárceles de menores y demás prisiones del territorio dominado por el estado chileno.

Que sepamos nosotrxs y nuestros enemigos que no estamos abandonadxs. Que si tocan a unx nos tocan a todxs, que lxs carcelerxs dejen de caminar tranquilxs y en paz, que seamos siempre un peligro para ellos y su comodidad.

Sigamos avivando la llama de la revuelta.

Sigamos construyendo nuestro anhelo anárquico en el presente, cuidemos y abracemos a todxs lxs cachorrxs que buscan y van encontrando la vida libre, hagámonos cargo también de eso.

Con la Claudia, el Mauri, el Jhonny, el Angry, Lambros, Alexis, Orso, Valerian, Hankum, Zoe, lxs compas caídxs en la revuelta, con todxs nuestrxs ancestrxs asesinadxs y con todxs lxs que han encontrado la muerte luchando contra la dominación.

Sigamos procurando que ¡Viva la Anarquía !

Un Anarquista Preso Político de la revuelta en la región $hilena."

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