Les « zadistes » et le « mouvement qui vient »

Un texte sur la zad, le mouvement loi travail et le mouvement anti-aéroport, la tonalité des manifestations, les traditions de lutte et les opérations de communication du gouvernement.

« Car c’est un mouvement qui vient des zadistes et qui quelques fois peut comporter des personnes qui sont étrangères » François Hollande le 17 mai sur Europe 1.

Le gouvernement fait face depuis plus de deux mois à une fronde d’ampleur contre la casse sociale et les politiques libérales incarnées par la Loi Travail. Il passe en force avec le 49.3, les interdictions individuelles et collectives de manifester, les blessé-e-s par les armes de la police et les arrestations par centaines. Pourtant le mouvement en cours a l’air de ne pas vouloir se donner de fin : des dizaines de milliers de personnes restent dans les rues lors des manifs, des Nuits debout, les blocages et grèves s’amplifient...

A chaque fois qu’un gouvernement se sent menacé par la rue, les mêmes fictions politiques et médiatiques s’énoncent : une ultra-minorité de violents qui n’auraient rien à voir avec le reste des manifestants, s’infiltrerait mystérieusement dans les cortèges ou sur les places à la nuit tombée, ne jouerait pas le jeu convenu... Ces fictions ont toujours le même but : diviser et taire le fait qu’une large partie de la population ne ravale plus sa colère. Il leur faut absolument passer sous silence les foules de personnes remuantes qui prennent la tête des cortèges dans de nombreuses villes en France, qui refusent de rentrer chez elles après la fin des manifestations officielles et n’entendent pas se laisser docilement tabasser par la police. Il leur faut cacher que lorsque les forces de l’ordre tentent de couper les cortèges en deux à Nantes pour séparer le bon grain de l’ivraie, la majorité des « bons » manifestants fait reculer depuis les cortèges syndicaux les lignes de CRS en criant « tous ensemble ! ». Il s’agit de faire oublier les leçons du CPE, de la lutte anti-aéroport ou des mouvements anti-nucléaires : ceux qui nous gouvernent ne lâchent rien sans qu’on leur mette la pression, pour de bon. Il leur faut absolument invisibiliser que ce que la plupart des opposant-e-s à la loi travail trouve réellement violent ce n’est pas les dégâts infligés pendant le mouvement aux banques et autres institutions qui organisent la misère et pourrissent la planète mais bien l’arrogance des Macrons et des paradis fiscaux à Panama, les suicides en série d’employés pressurisés et les yeux crevés par les flasballs, les humiliations subies pour se payer une vie et les rues réservées à la consommation.

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Mots-clefs : manifestation | ZAD

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