Les politiques et leurs polices, « Tant que c’était bon enfant on pouvait tolérer »

Ceux qui gouvernent et décident l’ont encore fait, ils ont évacué la place de la République un lundi 11 avril à l’aube, comme pour annoncer que les lundis c’est fait pour le travail.

Les politiques et leurs polices, « Tant que c’était bon enfant on pouvait tolérer »

Ils osent en plus se défendre avec des méthodes éculées, diviser pour mieux régner ainsi font-ils depuis toujours… Il suffit d’opposer quelques « violences » à une occupation « bon enfant » qui serait tolérable parce que cadrée par eux. C’est tout ce que la gauche peut dire des places : « il faut encadrer ». La droite au moins a le mérite d’être plus honnête : elle veut expulser. Les uns comme les autres ne font qu’une seule et même chose : un travail de police.

« Nous valons tout »

Car d’une méthode à l’autre, on aurait tort de les distinguer.
Tous les gouvernants veulent chasser les possibles de l’occupation des places. Le « bon enfant » ok, mais rien d’autre, soyez sages. Ni manifs, ni déplacements hors de leurs cordons, il faut à leurs yeux que tout cela reste abstrait, festif tout au plus : cause toujours peuple on continue de gouverner et de te protéger. En démocratie représentative, les politiciens parlent comme à des enfants gâtés dont ils sont les gardiens, on vous donne beaucoup et l’on veille sur vous, n’en demandez pas trop et laissez-nous faire. Vous pouvez discuter mais cela doit rester sans conséquences, sans actes, sans aucune mise en danger de tout ce qui par ailleurs leur permet de gouverner. Tout l’enjeu de leur baratin est de faire oublier que l’occupation des places est aussi une lutte contre leur loi travail.

Assurément, nous voulons tous bien plus, le monde ou rien même, mais l’on veut aussi la fin de leurs injonctions à travailler dans l’vide. En divisant comme ils le font les manifs des discussions sur la place, ils cherchent à produire deux choses : des discussions qui en doivent être que philosophiques sur la place, et des manifs entourées par la police où ne peut avoir lieu que ce qu’ils souhaitent. On gouverne mieux en laissant chacun chez soi, chacun ses problèmes. Les directions syndicales appliquent déjà ces démarches en ne cherchant jamais à lier leurs « contestation » de la loi à ce qu’il se passe à République et ailleurs. Les prés sont bien gardés, il y a le mouvement social contre une loi et des discours sur la politique qui doivent rester sans suites, comme si nos vies étaient tout aussi séparées entre le travail et les loisirs le dimanche. Notre victoire, contre cette loi et toutes les autres, pour République et toutes les places, viendra de tous les liens que nous pourront tisser, faire exister, appliquer en allant bloquer un magasin pour y permettre une grève, en occupant des bureaux pour en chasser les patrons, en plantant toutes les places pour essaimer nos tentes, …Nous ne pouvons tolérer qu’ils bornent nos actions.

La démocratie c’est le pouvoir du peuple, et ce pouvoir ne s’invente pas qu’en paroles, il existe par des lieux, des infrastructures, des rencontres, des actions, des manifs, des blocages, des surgissements, des zones à défendre, des coups d’éclats ou des longues et lentes obstinations, et tout ce que nous continuons de faire et d’inventer. En vidant la place, tous leurs tristes matins, le gouvernement socialiste veut éviter que quelque chose s’installe, ou soit un peu trop tenace ou mobile de sorte que les limites qu’ils veulent imposer ne puissent tenir. La démocratie pour eux, c’est le tri entre ce qu’ils permettent et ce qu’ils autorisent, la sélection des bons citoyens contre ceux que l’on peut tuer ou expulser à tout va. C’est cet incessant travail de tri policier qui fait de ce qu’ils appellent « démocratie » une affaire de gestion et de gouvernement, une sacro-sainte raison d’état qui laissent crever des migrants en mer parce qu’il faut bien encadrer la République française.

« On est nombreux, on fait ce qu’on veut »

Toutes les nuits debout doivent pourtant rester indéterminées, des occasions d’éprouver de mille et une façons ce dont nous sommes capables. Rien ne défini d’avance « la politique », surtout pas des socialistes au pouvoir. Tant qu’ils restaient "bon enfant", on pouvait faire avec, mais quand ils attaquent les forces que l’on s’construit, il faudrait que ça s’arrête.

Vous voulez vraiment d’une démocratie "bon enfant" ?

Si la démocratie c’est le pouvoir du peuple, commençons sans attendre, marchons toutes les nuits, discutons tous les jours, nous pouvons tout, nous voulons tout, occupons tout.

Note

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Mots-clefs : occupation

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