Les laquais réagissent à l’école des Beaux Arts

Depuis quelques jours, la presse et nombre d’étudiants viennent au secours du directeur de l’école des Beaux Arts de Paris, Nicolas Bourriaud, au nom de la démocratie. Il ne faudrait pourtant pas oublier...

Ce mardi 1er juillet, le Canard Enchainé dévoile que Julie Gayet aurait joué de ses influences à la présidence pour placer M. Eric de Chassey, actuel directeur de la villa Médicis, à la tête de l’école nationale supérieure des beaux-arts de Paris, située dans le 6e arrondissement. Le 2 juillet, la décision du ministère de procéder à l’éviction de M. Nicolas Bourriaud est confirmée par un communiqué de presse de la part de Fleur Pellerin.

Parce que le nom de Julie Gayet est au cœur de ces rumeurs, la presse people s’est dépêchée de faire courir la rumeur, la presse bourgeoise s’en est emparée à son tour. Depuis quelques jours, nous assistons impuissants à des articles complètement approximatifs et entièrement complaisants avec Nicolas Bourriaud. Il apparaît aux yeux de tous comme une victime de ces pratiques mafieuses du ministère.

J’aimerai simplement revenir sur ces deux dernières années à l’école et vous démontrer pourquoi la cause de Nicolas Bourriaud n’est pas la notre. Depuis deux ans, il était au cœur de tout ce que nous avons dénoncé à l’école. Nous avons occupé le chantier d’un évènement Ralph Lauren en octobre 2013, en colère contre les privatisations d’espaces de travail et contre le manque de communication interne à l’école. S’en est suivi une série d’assemblées générales où M. Bourriaud s’est résolu à accepter nos revendications : la construction d’une cafétéria étudiante et non d’un restaurant de luxe en est un exemple. Nous avons également exigé qu’à l’avenir, la fonction des conseils d’administration et pédagogiques soit respectée, le directeur a promis de fonder « l’assemblée des beaux-arts », toutes ces promesses ont été balayées en un revers de main. M. Bourriaud a décidé tout seul d’organiser une exposition commerciale (Choices), il a décidé tout seul d’évincer ses adjoints pour placer ses potes (silence radio dans la presse à ce moment), il a continué sa gestion autocratique voire autoritaire et maintenant s’étonne que le ministère en fasse de même.

Étudiants de l’école, nous n’avons rien à gagner à défendre ce genre de personne, pas moins mafieux que le ministère et grand acteur de l’uniformisation des mondes de l’art dans le marché. Ceux qui s’y affairent dévoilent au grand jour leur servitude à ceux qui feront leurs carrières. Nous n’avons non plus rien à gagner à prendre le parti du ministère, les méthodes opaques de ses décisions sont strictement incompatibles avec la gestion démocratique d’une école que nous espérons. En attendant, nous assistons impuissants aux mascarades de la presse et aux bêtises de ceux qui ont la « culture » entre leurs mains.

Après deux ans de tensions dans l’école, je ne vois pas comment on pourrait la pacifier sinon en choisissant enfin une gestion démocratique et transparente, à travers l’abolition définitive du poste de directeur. Ce poste doit s’effacer pour laisser place à un collège démocratique composé équitablement d’étudiants, de professeurs et de membres du personnel. Sans cela, la crise se renouvellera.

Un étudiant de l’école qui ne s’oppose pas au départ du directeur.

Note

Pour revenir sur les actions d’octobre 2013 : http://actionsensba.weebly.com/chronologie.html

Mots-clefs : arts
Localisation : Paris 6e

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