Le système de domination raciste en France

La période de régression sociaLe que nous subissons est propice au développement du racisme. Les pouvoirs s’appuient sur ce système de domination raciste pour diviser ceux et celLes qui auraient intérêt à s’unir pour contrer Les effets dévastateurs du capitalisme. A ce titre la lutte antiraciste est un enjeu essentiel pour l’ensembLe de ceux et celles qui luttent pour l’égalité ! Texte d’analyse écrit par la Coordination des Groupes Anarchistes.

Le racisme, un système de domination

Cette division entre une « majorité nationale » et des minorités nationales n’est pas que de l’ordre d’un discours. Les stéréotypes racistes, ethnicistes, qu’elle véhicule ne sont pas que de l’ordre de « préjugés » portés individuellement, qu’il suffirait « d’éradiquer » pour combattre le racisme.

Ils sont le produit d’un système raciste, qui a été construit dans le double mouvement du développement de l’idéologie nationale et des États-nations, et de l’impérialisme colonial.

Le développement de l’idéologie nationale a été le produit d’un mécanisme de centralisation du pouvoir visant à uniformiser les territoires contrôlés, d’une part, et d’autre part de la volonté de substituer à la souveraineté de droit divin celle d’une communauté formée de manière artificielle sur la construction de mythes historiques et culturels. Cette construction s’est faite en créant l’illusion d’une continuité historique au moyen de la sélection d’éléments de l’histoire des populations et des territoires, évacuant ce qui ne collait pas au « roman national » des origines d’une communauté historique nationale. Dans le même mouvement, des éléments culturels ont été sélectionnés car considérés comme distinctifs d’un territoire, évacuant tous les traits culturels spécifiques qui viendraient contrarier cette uniformisation ayant pour but le renforcement du pouvoir politique central.

La construction de toute pièce d’une « communauté nationale » fondée sur une « histoire nationale » et une « identité nationale », dans tous les cas artificielle, a été le fait d’idéologues du pouvoir d’État, qui, à partir du mécanisme centralisateur de la monarchie absolue, poursuivi par la construction de l’État-nation jacobin, ont cherché à légitimer le contrôle de populations et de territoires donnés par l’utilisation sélective de l’histoire et de la culture. Ils ont ainsi cherché à définir la « nation » en lui fixant des limites territoriales et démographiques. Le corps national a ainsi été défini progressivement comme ayant des traits communs, par opposition à un « autre », ou plutôt à DES « autres » : les étrangers, mais aussi les minorités nationales considérées comme étrangères au corps national, bien qu’ayant la nationalité de l’État-nation constitué.

C’est dans ce contexte que s’est développé l’antisémitisme en Europe, par exemple, les juifs étant définis comme la figure antinationale, racisée, définie comme extérieure au corps national.

L’islamophobie se structure depuis ces vingt dernières années selon la même logique, permettant d’englober et cibler de manière globale un ensemble de minorités nationales sous la même catégorie racisée, à laquelle sont assignées toutes les personnes de culture ou de filiation musulmane, qu’elles soient croyantes ou non.

En parallèle, la colonisation de l’Amérique, puis, à partir du XIXe siècle, l’extension de l’impérialisme colonial à l’ensemble du monde non occidental, se sont appuyés sur une définition raciste des peuples non européens. Pour justifier leur asservissement et l’accaparement des territoires qu’ils habitent et de leurs richesses, les peuples colonisés furent désignés comme inférieurs, comme peuples barbares à civiliser, voire comme simples bêtes de somme afin d’autoriser le recours massif à l’esclavage, c’est-à-dire à la déportation et au travail forcé de millions d’individus.

Si les mots et les formes de l’impérialisme colonial ont évolué aujourd’hui, il est toujours sous-tendu par la même idéologie raciste. Comme hier, guerres et coups de force ont toujours pour objectif l’expansion économique capitaliste, et pour justification idéologique la prétendue supériorité de l’Occident, qui aurait la responsabilité civilisatrice de décider pour le reste du monde de ce qui est bon pour lui.

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Mots-clefs : colonialisme | anti-racisme

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