Le réveillon de la cuisine des migrants en images !

Ce 24 Décembre, La cuisine des migrants prépare ses repas pour les réfugié.e.s comme elle le fait depuis plus d’un an, ce soir c’est le dernier repas préparé par les bénévoles dans leur local actuel. Un reportage du collectif de photographes « La Meute ».

Une vingtaine de personnes ont pris la décision de faire des repas dans la soirée et des les distribuer et en effet, pour la plupart des réfugié.e.s ce n’est pas le jour du réveillon de Noël, c’est une nouvelle journée dans l’errance, dans la peur d’être raflé par la police et une nouvelle nuit dans le froid.
Au menu ce sera du Couscous, accompagné de jus de fruits, de thé et de chocolat et gâteau.

Des barquettes sont préparées, des énormes marmites ont mijoté toute la soirée avant la distribution.
Une véritable chaîne s’est créée afin de faire au plus rapide, rien n’est laissé de côté. Les barquettes sont mises dans des caisses, les boissons et gâteaux suivent, le tout est placé dans le coffre de 4 voitures, on ferme les portes, tout le monde embarque. Il n’y a pas assez de place ? Alors on prendra le métro, les voitures partent, les métros arrivent, la maraude commence.

La première étape est Porte de la Chapelle. il est 22h passé et d’autres associations sont déjà venues, mais ce n’est pas grave, il y a toujours du monde qui a faim. Les repas sont distribués dans le froid, sous les yeux de CRS bien au chaud dans leurs camions. Une personne en scooter arrive, il a du pain et des sandwichs. Il passe là tout les soirs et donne les invendus d’une boulangerie. Après une demi heure de distribution, il faut repartir.
Le second camp se trouve sous le pont périphérique de la porte des poissonniers, et il est sur-engorgé malgré l’absence de la moindre structure.

Ce camp avait été évacué mais en deux semaines, il s’est de nouveau rempli. Un collectif est déjà présent « Collecte 75 », elleux aussi font des maraudes pour distribuer des repas.

C’est sous les aboiements d’un chien de garde que la distribution a lieu, certaines personnes ont déjà mangé, mais iels ne sont pas contre un thé et une discussion. Les questions concernant la demande d’asile et les papiers à faire ne sont pas rares, les bénévoles de la cuisine des migrants apportent les réponses qu’iels peuvent et d’autres traduisent. Les voitures passent très près du camp, parfois très vite, certains bus frôlent les migrants qui passent, en effet la route est réduite à une voie tellement il y a de monde. Une partie de foot éclate brièvement, mais c’est trop dangereux, le coup de sifflet signe l’arrêt de jeu, et pour la maraude, le départ vers un autre camp.

Direction Gare de l’est, à place Raoul Follereau, où il y a quelques personnes qui sont installées sous les habitations, des sortes de patio où certaines entreprises ont construit des barrières en bois pour éviter que les migrant.e.s s’abritent.
Après la distribution sur cette place, il y a une dernière étape, le long du canal. Là il y a la caserne des pompiers, les rats courent partout et se faufilent au travers des tentes, le métro aérien gronde, nous sommes à Jaurès.
Il est maintenant plus de minuit, certains migrants dorment déjà, il y a eu d’autres distributions avant et les personnes n’ont plus faim.
Le thé est le bienvenu, il réchauffe, et il est bon d’avoir un peu chaud quand on dort sur l’herbe mouillée dans le froid et l’humidité qui règne sur les bords du canal Saint Martin.
Alors que la cuisine des migrants s’apprête à repartir en direction de leur local, une camionnette arrive, c’est un collectif qui a préparé des centaines de repas également, mais il arrive trop tard. Ce n’est pas grave, le tout sera réchauffé pour demain, pas de gâchis.
Cette soirée du 24 décembre marque la dernière maraude de La cuisine des migrants dans leur local actuel. Mais ce n’est fini que pour mieux recommencer, il reviendra vite, le temps du piano qui chauffe et du fracas des marmites remplies, de cette énergie qui accompagne les personnes qui œuvrent pour l’association. Pas besoin de lutins ni de rennes, juste de personnes motivées, ce n’est pas de la magie, juste de la volonté, la volonté d’aider quand notre État n’agit pas.
©LaMeute

Mots-clefs : migrants

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