Le FN fait carton plein dans les casernes des gendarmes mobiles et des gardes républicains !

Analyse des scrutins du 1er tour des élections régionales dans quelques casernes de gendarmes mobiles et gardes républicains, en Ile-de-France et ailleurs, par Marc Piccolo et Jeanne Debuis.

Contrairement à ce que laisse sous-entendre le cliché pris à Notre-Dame-des-Landes, le gendarme mobile ne vote pas massivement « Blanc ».


Il y a un mois, nous avions diffusé une succincte enquête sur les candidats CRS membres du Front National [1].

Après avoir souligné les accointances publiques et assumées entre CRS et FN, nous nous penchons cette fois-ci sur les gendarmes. Et plus spécifiquement sur les gendarmes mobiles et gardes républicains.

En juillet 2014, était publiée une étude de l’IFOP qui démontrait le vote très « bleu marine » des gendarmes mobiles et gardes républicains lors des présidentielles de 2012. Regards et La Horde s’en étaient fait l’écho.

L’IFOP avait analysé les résultats de 2012 dans les bureaux de vote "abritant dans leur périmètre une caserne de la gendarmerie mobile en milieu urbain". Contrairement aux CRS, "les gendarmes mobiles résident avec leurs familles dans les locaux de la caserne. La concentration de ces effectifs « gendarmiques » offre ainsi une possibilité de pouvoir évaluer la réalité du vote".

Nous avons ainsi repris la même méthode pour analyser le scrutin du 1er tour des régionales [2]. Notre étude est loin d’être exhaustive [3], mais cet échantillon laisse observer un constat sans appel.


En Ile-de-France, les gendarmes mobiles et gardes républicains ont voté massivement Front National.

A Versailles, se trouve le groupement blindé de gendarmerie mobile (GBGM). Le bureau de vote n°10 de la ville constitue, de ce point de vue, un "cas exceptionnel et très précieux de bureau « chimiquement pur ». En effet, ce bureau de vote situé à proximité immédiate du camp de Versailles-Satory présente la particularité de ne compter que des gendarmes et des membres de familles de gendarmes sur ses listes électorales". 61,85% des électeurs gendarmes ont choisi le candidat « bleu marine », Wallerand de Saint-Just ! Partout (à l’exception du bureau n°11, proche géographiquement de la caserne), le score du FN plafonne à 15-20%. Si la ville des Yvelines a voté à 15,95% pour le Front National, ce dernier pourra toujours se consoler en admirant son score dans le bureau de vote des gendarmes : près de 62%, soit 274 votants sur 453 [4].

A Nanterre (92), le bureau n°14 est lui aussi « chimiquement pur » car il est constitué uniquement de la caserne des gardes républicains avec leurs familles. 51,83% des cognes ont ainsi voté pour le FN. Là aussi le score est surprenant. En effet, nulle part ailleurs dans la ville, le FN obtient plus de 25%. A Nanterre, le Front National obtient 16,87% mais plus d’un garde républicain sur deux a voté pour l’ami fidèle de Jean-Marie Le Pen.

Enfin, sur Paris, le bureau n°46 du 13e arrondissement correspond aux habitations du boulevard Kellermann dont dépend la caserne des gardes républicaines et leurs familles. L’analyse du scrutin doit prendre en compte cette « dilution » avec les populations « classiques ». Néanmoins, c’est sur ce bureau que le FN fait le plus de voix (20,4%) !. C’est également dans le 13e arrondissement que Saint-Just fait son meilleur résultat sur Paris (10,86%). On vous laisse soin d’en tirer des conclusions...


Ouille ! Ça pique le score du FN dans les casernes de gendarmes ! La lacrymo aussi !


Nous avons également étudié deux autres bureaux de vote à proximité d’une caserne de gendarmes mobiles en province : Orléans et Grenoble (les deux villes ont été choisies selon la commodité d’obtention des résultats électoraux détaillés). Là encore, le constat est saisissant.

A Orléans réside l’escadron de gendarmerie mobile 41/3. Sa caserne est située boulevard Marie Stuart. Le quartier est en partie rattaché au bureau de vote n°39 et le FN y est en tête (30,1%). Tandis que l’ensemble d’Orléans a voté à 18,5% pour le candidat frontiste, c’est dans le bureau de vote où habitent notamment des gendarmes mobiles, que le Front National obtient son meilleur résultat. Coïncidence encore une fois ?

Enfin, à Grenoble, vit l’escadron de gendarmerie mobile 24/5 dans une caserne avenue Léon Blum. Les gendarmes et leurs familles votent au bureau n°4072 (Beauvert 2e bureau). Là encore c’est un bureau mixte regroupant à la fois nos amoureux de la matraque et populations du quartier. Ici, le Front National culmine à 38,56% des voix tandis qu’à l’échelle municipale, il fait « seulement »15,7%. C’est encore une fois dans un bureau lié aux gendarmes que le FN obtient de loin son meilleur score. Alors, toujours une coïncidence ?


On entend parfois certaines personnes prêcher la douce parole : « derrière leurs boucliers et leurs apparences de Robocop se cachent des êtres humains ! »

Oui, c’est vrai. En plus de jouer aux Robocop, ce sont des petits êtres sensibles. Mais sensibles aux idées puantes d’extrême-droite...


Martyrisé par ses collègues, nous avons retrouvé l’un des deux votants FdG du bureau n°10 de Versailles !


Marc Piccolo et Jeanne Debuis.

Note

Notre modeste analyse ne comptabilise pas les voix des Républicains (ex-UMP), Debout La France, ou encore l’UPR. Inutile de préciser que la quasi-majorité des voix des gendarmes et leurs familles se tournent vers les partis reconnus médiatiquement comme de droite.

Notes

[1Si cette proximité était une évidence pour beaucoup de gens, il nous semblait important d’apporter des « preuves » sourcées et récentes. Notre article, sobre contribution, visait en quelque sorte à apporter de « l’eau au moulin ». La figure du CRS comme policier fasciste est inscrite parfois dans un imaginaire collectif dont l’objet est mythifié. Il est ainsi nécessaire de « casser ce mythe » et de rappeler que la Police n’est pas détachée de son passé sulfureux. Pire encore ; au-delà de ses pratiques, elle affirme désormais de plus en plus sa Flamme envers le Front National.

[2Attention, depuis 2012, certains escadrons ont déménagé de casernes et il y a eu un redécoupage électoral, ce qui rend désormais caduque une partie de l’étude l’IFOP.

[3Nous laissons le soin à chacun d’étudier plus profondément les résultats.

[4A noter que deux brebis galeuses ont voté pour le Front de Gauche !

Mots-clefs : Front National

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