La solidarité concrète, vivante, en actes ça donne des forces

C’était tout de même vraiment impressionnant de voir le campement aujourd’hui quand on a en tête les images de la nuit de l’installation à la hâte et sous la pluie. Article d’un participant à une journée sur le camp du Jardin d’Eole quelques jours avant son expulsion...

Mercredi 17 juin, campement de la rue d’Aubervilliers

... La petite bâche s’est depuis beaucoup agrandie. De nombreux migrants (en plus des 50 de jeudi soir) et beaucoup de soutiens (citoyens, militants, riverains...) sont arrivés depuis vendredi dernier.
En tout, il y a environ 300 personnes dont 150 migrants au niveau du 35 rue d’Aubervilliers, M° Stalingrad près du Grand Parquet.

Une partie des migrants hébergés pour une "durée indéterminée” comme cela avait été promis dans la Caserne sont déjà revenus. Faute de places, parce qu’on les a viré ou parce qu’ils n’étaient pas hébergés dans un lieu décent. Quelques autres sont toujours en centres de rétention (CRA).

Les autres, soutiens ou migrants sont venus, pour voir, pour s’installer, pour aider, pour se connaitre et pour se protéger.

Hier, il n’ y avait rien. Aujourd’hui, on a un point accueil/info, et des commissions (juridique, santé, bouffe, communication..) qui se sont créées.

Ces commissions travaillent, et, même si elles n’ont pas encore toutes un référent-e, elles sont ouvertes à tous. Migrants comme Soutiens, ensemble.
D’ailleurs elles VOUS sont ouvertes aussi.

« We want you for La Chapelle Army. »

Aujourd’hui on a plein de listes de solidarité à contacter en cas d’intervention policière à taper. On a besoin de monde pour accompagner des migrants prendre une douche (chez l’habitant ou aux bains douches), ou pour des démarches à la Cimade. Il nous faut des traducteurs (notamment en arabe), des juristes, des bricoleurs...
Tu es noctambule ? On a besoin de toi la nuit pour aider à la veille et éviter les agressions...
On a toujours besoin de tout (des sous vêtements, jusqu’aux duvets), et donc... De vous.

Viendez ! Même pas longtemps, on vous trouvera quelque chose à faire.
Aujourd’hui, on a eu un concert le Djam Orkestar (fanfare), ElEnrif (soul-hip hop) et
Adam l’Ancien (abatteur de frontières musicales).
Aujourd’hui, des toilettes sèches on été construites.
Aujourd’hui, on a vu des sourires, des gens avoir moins peur de la police (ou en tout cas penser un peu à autre chose en dépit des intimidations en fin de journée « fausse perquisition »), et une vraie vie collective commencer à se mettre en place.

Aujourd’hui, nous existons.

En dépit de différences de nationalité, de religion et de culture politique (très poussée, naissante ou inexistante) les gens essaient de travailler ensemble et de s’écouter. Ca change, même lorsqu’on ne se comprend pas ou qu on s’embrouille.
Aujourd’hui, on a vraiment bien avancé sur la prise en charge des mineurs.
Si vous en croisez, contactez d’ abord l’ADJIE (présente sur place).
Tout cela ,nous l’avons fait malgré et en dépit des « silences » étatiques et municipaux.

Pourquoi ces migrants devraient-ils être traités autrement que les parents de Valls ou Hidalgo ?

Les migrants et les soutiens, qui ont fait des AG mixtes (avec traduction) et séparées, s’organisent vaille que vaille.

Pour parler avec d’autres camps et peut être se rassembler comme à Austerlitz, pour discuter de leurs mots d’ordre propres et/ou communs (lieux, logement, papiers), pour aller informer le quartier de leur situation comme cela a été fait à la fête de la Goutte d’or.

C’est loin d’être tout beau.

Une partie des migrants souffre toujours physiquement (rhinites, dermatites surtout fièvre pour certains) et psychologiquement. Ils/elles sont stressé-es, incertitude oblige, mais déterminé-es, comme nous à se battre pour leurs droits.

Côté soutiens, beaucoup, (moi le premier) sont fatigués. Parfois, ils sont un peu perdus ou tendus, devant la masse de choses à faire, et le peu de temps dont on dispose pour le faire.
Mais même si c’est pas tout beau, voir une infirmière proposer ses services quotidiennement pour aider à la veille sanitaire après son travail, une maman venir filer un coup de main (pour des traductions sur place ou à la radio), observer ces gens qui ne s’ aiment pas spécialement se supporter suffisamment pour participer ensemble et à égalité, et rencontrer tous ces passants (sauf ceux qui nous jettent des œufs) venir spontanément se renseigner, proposer leur aide ça ferait surement bizarre aux Le Pen, Ciotti, Le Guen et autres Estrosi.

On ne vit pas dans le même monde, et je préfère le nôtre.

The world is too small for walls ! On s’applique à les faire tomber !

Nb : Appel à témoins pour appuyer la plainte du Gisti auprès du Défenseur des Droits à propos des violences policières qui se sont déchainées le 8 juin, devant la halle Pajol, dans le 18e arrondissement de Paris.

À lire

Pour celles et ceux qui veulent/peuvent donner des sous

Localisation : Paris 18e

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