La grande cause du quinquennat ? Une Tunisienne victime de violences menacée d’expulsion

Madame B. est menacée d’expulsion. Le 14 février, elle doit être embarquée dans un vol pour la Tunisie, où elle a été violée, tabassée, défigurée par son mari flic. Après son dépôt de plainte en Tunisie, elle était en danger de mort. Elle s’est réfugiée en France, où soi-disant on protège les femmes battues...

Madame B., Tunisienne présente en France depuis un an, a fui son pays après avoir subi harcèlements, viol et actes s’apparentant à de la torture, de la part d’un policier tunisien. Un an après ces faits, la plainte de Madame B. n’est toujours pas instruite en Tunisie.

Elle a dû fuir son pays, craignant pour sa vie, et s’est réfugiée chez sa soeur à Paris. Dès son arrivée, elle a recherché une association pour l’aider dans sa démarche de demande d’asile. On lui a dit que c’était impossible car l’asile serait réservé aux opposants politiques... erreur fatale.

Suite à un contrôle d’identité, elle est emmenée au centre de rétention du Mesnil-Amelot le 21 décembre, avec une obligation à quitter le territoire délivrée par le préfet des Hauts-de-Seine, M. Laurent Hottiaux, ancien chargé de la sécurité auprès de Macron

Un recours est déposé le 13 janvier, le tribunal administratif de Melun annule la destination du pays de renvoi, ici la Tunisie, au titre des risques reconnus et encourus par Madame B. Le juge annule la destination vers la Tunisie, mais pas l’obligation à quitter le territoire, subtil distinguo... Son avocate, Maitre Nawel Gafsia, dépose un recours le 30 janvier devant le juge de la détention et des libertés pour demander sa libération puisque le pays de renvoi a été refusé par le juge : recours rejeté.

Alors même que le juge reconnaît que la Tunisie ne peut pas être le pays de renvoi, cette femme qui a subi les pires sévices peut quand même être expulsée. Elle n’a commis aucun délit, ni crime, elle ne représente pas une menace,il s’agit juste d’une femme menacée : mais elle doit être expulsée par tout moyen, le Préfet s’acharne.

Il faut que Madame B. choisisse la corde pour être pendue : soit la Tunisie avec vol réservé par le préfet le 14 février, soit un autre pays, à charge pour elle de le trouver ainsi qu’un laissez-passer !

La banalisation d’un racisme d’État qui poursuit sa politique aveugle du chiffre ne doit trouver aucun obstacle sur sa route : Madame B. doit être immédiatement expulsée, “là où elle veut”, précise “avec humanité” le préfet des Hauts-de-Seine.

Madame B vit dans un pays où abus, violences et pleins pouvoirs de la police, même après la chute de Ben Ali, sont le quotidien, surtout si ces policiers sont influents et protégés.

Mais toujours plus pernicieux – elle est convoquée à l’office français de l’immigration et de l’intégration pour signer son accord “pour départ dans les 5 jours pour la Tunisie”.

Le 29 janvier, nouveau courrier, le préfet lui demande de compléter un formulaire :

Faire une croix :

  • “souhaite repartir vers la Tunisie le plus vite” ou
  • “ne souhaite plus repartir en Tunisie” .

Dans ce cas je vous informe qu’un vol est prévu le 14 février.

Le 30 janvier, nouveau courrier du préfet lui demandant de répondre dans un délai de 5 jours pour indiquer un pays de destination vers lequel elle serait admise légalement (sic !), avec dépôt de son passeport ou titres de séjour (!), et un laissez-passer consulaire (!).

“Sans ces éléments, je vous informe que l’arrêté du 27 janvier fixant le pays de renvoi – la Tunisie – sera maintenu.”

Le préfet demande à Madame B de choisir la corde du pendu : à elle de décider .

Le gouvernement de Macron a donné des ordres depuis un an : contrôle des Tunisiens sur notre territoire. Le harcèlement est à son apogée. Les prisons sont vidées des prisonniers Tunisiens pour expulsion immédiate avec interdiction de retour. Les centre de rétention se remplissent. Certains deviennent ingérables. Les révoltes éclatent. Les violences policières se banalisent ; malgré les plaintes des retenus avec certificats médicaux descriptifs, elles ne sont jamais instruites.

Les centres de rétention ne peuvent plus gérer les retenus contaminés ni les risques de pandémie à l’intérieur des centres de rétention. Depuis quelques jours, faits inédits : des policiers ne peuvent plus sortir des centres de rétention étant consignés comme cas contact. D’autres interviennent en combinaison de protection. Les retenus malades ne sont pas hospitalisés malgré leur demande : ces lieux de détention doivent tous être fermés immédiatement !

Les frontières ferment. Les expulsions sont rendues impossible. Or, les retenus ne peuvent être retenus que le temps nécessaire à leur expulsion.

Juste le choix de la corde du pendu : Madame B. a signé, pensant être expulsée vers la Turquie. Il n’en sera rien. Elle n’avait plus le choix. Epuisée, à bout, un vol lui serait déjà réservé le 14 février par le préfet.

M. le Préfet sera-t-il décoré pour ces hauts faits ? Et l’office français de l’immigration et de l’intégration avec ? La France peut-elle s’enorgueillir de telles décisions préfectorales contraires à la Convention européenne des Droits de l’Homme et de cette politique du chiffre intolérable et raciste ?

Madame B. ne doit pas et ne peut pas être expulsée !

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