L’utopie ou la mort : l’émancipation par le blocage.

Hier à la fac de lettres de Nancy, 1100 personnes (étudiant.e.s, enseignant.es, personnel.les administratifs...) se sont rassemblé.es et après 3h30 de débat ont voté la poursuite du blocage de la fac. De cette journée nous gardons des sentiments puissants d’euphorie et d’espoir !

Aujourd’hui les étudiants et les étudiantes de Nancy, de la fac de lettres mais aussi d’autres universités et établissements (droit, IECA, ESPE, Sciences…) se sont réuni.es. Plus de 1000 personnes dans un amphi pour une AG de presque 4heures. Les débats ont été longs et éprouvants, pour la simple et bonne raison que de très nombreuses personnes ont donné leur avis : pour ou contre le blocage. La très grande majorité des personnes présentes étaient contre le Plan étudiant mais en désaccord avec les modalités de mobilisation. Les arguments « contre » évoquaient le ‘droit à l’accès aux cours’ et la nécessité pour les personnes de passer leurs examens. Les personnes en faveur du blocage portaient leur discours sur la prise de conscience des étudiant.es de la gravité de cette loi et sur les précédentes AG ayant rassemblé environ 300 personnes. Cette fois-ci, nous étions 1100. Beaucoup d’autres arguments ont été évoqués. Etant favorable à ce blocus, nous allons expliquer les principaux arguments ‘pour’ le blocage, les ayant moi-même exprimés. Cependant nous invitons les personnes qui ont des arguments ‘contre’ le blocage à les diffuser sans nous dévaloriser, ni partir du principe que nous sommes des ‘’feignasses’’ ne voulant pas aller en cours… Il est beaucoup plus facile et moins épuisant d’aller en cours que de se mobiliser jour après jour, pour une vie et un avenir meilleur.

  • Nous ne luttons pas contre les étudiant.es qui souhaitent aller en cours, nous luttons pour que tout.es les étudiant.es et futur.es étudiant.es puissent y avoir accès. Une phrase a été prononcée en ce sens : « Lorsque mes enfants me demanderont pourquoi ils ne peuvent pas aller à la fac alors qu’ils en ont envie, je n’ai pas envie de leur répondre : ‘’désolé, j’avais des examens’’ »
  • Aucun droit social n’a jamais été obtenu sans se battre, aucun droit ne tombe du ciel. Si en 68 les étudiant.es ne s’étaient pas mobilisé.es, n’avaient pas demandé plus de droits, n’avaient pas lutté pour l’ouverture des facs à tou.te.s, nous serions très nombreux et nombreuses à ne pas du tout avoir accès à l’université aujourd’hui.
  • Ce mouvement ne concerne pas seulement Nancy, il concerne toute la France. Plus d’une vingtaine de facs sont bloquées : Toulouse, Montpellier, Lilles, Bordeaux, Nanterre, Lyon, Paris, Saint-Denis, Dijon, Nantes, Rennes, Tours, Poitiers, Pau et Grenoble… Sont également mobilisé.es : les cheminots, les magistrats, le personnel hospitalier, les enseignant.e.s, les sidérurgistes, les retraité.e.s, les EHPAD, différents organismes sociaux, la RATP, les personnels EDF, les personnels d’Air France, la fonction publique etc…
  • Aujourd’hui nous ne nous battons pas seulement contre le Plan étudiant mais nous nous battons contre une idéologie mortifère de privatisation générale, contre la réduction de tous nos droits, contre la dégradation de nos conditions de vie et de notre avenir.
  • En bloquant, nous devenons visibles, l’AG d’aujourd’hui et le nombre de personnes rassemblées ne manquant pas de nous le confirmer. Grâce à cela, nous avons discuté du contenu du Plan Etudiant et permis, via un long dialogue, d’arriver à un vote en toute conscience, pour ou contre ce blocage. Après trois heures de débat, bon nombre de personnes au départ défavorables à la poursuite du blocage, ont changé d’avis. Le dialogue, la concertation, l’échange sont primordiales.
  • Depuis jeudi à la fac nous organisons des ateliers, des conférences, des discussions, des débats autour de nombreux sujets : domination par le langage, politique générale de Macron, débat sur la loi Vidal, écriture et enregistrement d’une chanson, ciné-débat… Ce que nous avons déjà commencé à faire depuis deux mois en occupant une salle unique à la fac (plusieurs profs et étudiant.es sont venu.es animer des discussions), nous avons eu la possibilité de le généraliser, de continuer ce que nous avons commencé. Et osons croire qu’avec cette énergie et cette émulation, nous contribuerons à rendre accessible culture, savoir, réflexions et autres formes de connaissance. La fac ne se ferme pas à son environnement, au contraire nous cherchons à lui redonner vie.
  • Nous invitons donc toutes les personnes qui n’ont pas cours et qui ont peur pour les examens à venir se mobiliser pour négocier avec leurs enseignant.e.s et personnes référentes afin que la fin d’année se passe convenablement pour tout le monde et que chacun.e réussisse ses examens. Chacun et chacune est invité.es à se réapproprier ce mouvement.
  • A ceux et celles qui pensent que nous ne sommes pas légitimes parce que nous ne sommes pas tous réuni.es, nous rappelons que moins de 200 personnes ont voté aux élections administratives hier. Logique, quand on sait que seulement 4 étudiant.es sont représenté.es au Conseil d’Administration pour le double de personnes extérieurs à la fac.

À lire également...