Operación Pandora et Ley Mordaza : la répression frappe en Espagne

Un petit aperçu des opérations de répression et des nouvelles lois mise en place par l’État espagnol ces derniers mois...

Un complément d’informations sur la situation de plusieurs militants en Espagne. En écho à 2 articles publiés sur Paris Luttes Info :

L’Operación Pandora

Un très joli nom quand on pense à une boîte de Pandore que l’on ouvre et qui nous livre, sans arrêt, sans limite ce que l’on y cherche... Sauf qu’ici, ce qu’il s’y trouve (et ce que l’État cherche) c’est la chasse aux anars, aux anti-systèmes comme l’on dit outre-pyrénnées.

D’autant plus que cela tombe à point nommé, si l’on puit dire. Des arrestations ont eu lieu à la mi-décembre et tout juste passés à 2015, Alfon a été condamné à 4 ans de prison dans ce qui ressemble fortement à un montage policier en bonnes et dues formes. Son sac à dos, lors d’une grève générale du 14 novembre 2012 comportait du matériel explosif. Son avocat assure pourtant que l’accusation n’a pas pu apporter un seul élément objectif que permettrait de corroborer les faits dont on l’accuse (“no presentó ni un dato objetivo que permita corroborar los hechos de los que se acusa”) et seuls les témoignages de policiers attestent du fait qu’Alfon portait effectivement ce sac à dos...

Cela coïncide aussi avec la diffusion d’un documentaire en Catalogne sur le cas dit du 4-F, comprenez du 4 février 2006. Le documentaire s’appelle Ciutat Morta (ville morte) et est en libre accès. Sa diffusion à la télé catalane a été soumise à censure sur ordre d’un juge.

Le cas 4-F relate un autre cas de montage policier à Barcelone dont une des condamnée, Patricia Heras, s’est suicidée en 2011 lors d’une permission de sortie de sa peine de prison préventive...

Ajoutons à cela les condamnations l’année passée à 3 ans de prison à 2 personnes lors des piquets de grève de la grève générale en Espagne du 29 mars 2012, pour "délits contre les droits des travailleurs", vous comprendrez le comble de l’affaire. Considérés comme les 2 premiers condamnés politiques du mouvement 15M (les indignés).

Cette affaire Pandora, donc, intervient le 16 décembre 2014. L’arrestation de 14 personnes se déroulent dans des centres sociaux occupés de Barcelone et chez des particuliers de Madrid. Lire un article complet en français sur cette opération ici.

La manif de soutien à Madrid s’est elle-même soldée par des charges policières et des arrestations. A ce jour, 7 personnes sont toujours en détention pour des motifs d’attentats à l’explosif...

La Ley Mordaza

Pendant ce temps, la réforme de la Loi de Sécurité Citoyenne, dite Ley Mordaza (dites "Loi Bâillon" en référence aux nombreuses limitations des libertés individuelles et collectives) a été mise en place.
Cet arsenal législatif décrit précisément dans cet article est impressionnant et ressemble au retour à l’"ordre" de la dictature franquiste :

  • renvoi immédiat sans passer par la justice pour les illégaux à la frontière avec le Maroc (cas spécial pour l’enclave de Melilla)
  • de 30 000 à 600 000 € d’amendes pour des concentrations ou manifestations aux abords d’infrastructures de services basiques (genre centrales nucléaires pour Greenpeace and co)
  • de 600 à 30 000 € pour des manifestations convoquées près de bâtiments sensibles de l’État (genre le Congrès après les Manifs Rodea el Congreso)
  • lourdes condamnations pour participation à une action contre les expulsion de logements devenu le sport national espagnol ces 4 dernières années (plus de 170 000 expulsions pour des impayés de crédit aux banques)
  • de 100 à 600 € pour prendre en photo un policier, pour occupation d’agences bancaires (action souvent utilisée par la PAH, plate-forme contre les expulsions), ou la vente-ambulante (top-manta, ciblage très clair des immigrés) ou encore le manque de respect envers un policier (qui cible n’importe quelle personne digne de ce nom).

Voilà un peu le panorama espagnol de ces derniers mois.

Salud !

Mots-clefs : anti-terrorisme | Espagne

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