L’enfer du bilan de compétence #1

Pôle Emploi vous explique ce que c’est :
"Pourquoi et comment faire un bilan de compétences ?

Les métiers évoluent, vos attentes professionnelles aussi. Pour changer de branche d’activité, évoluer dans votre entreprise, retrouver un emploi ou simplement faire le point, le bilan de compétences est souvent une étape utile. Il permet d’identifier vos connaissances, votre savoir-être et votre savoir-faire, et vous donne des pistes pour construire votre avenir professionnel."

J’ai pas eu de chance cette fois ci…
La dernière fois ça s’était plutôt bien passé. La dernière fois ma conseillère Pôle Emploi était assez sympa, elle était presque à la retraite, elle te lâchait la grappe dès que tu lui faisais comprendre que tu gérais en terme de recherche d’emploi : elle « n’était pas là pour »faire la flic« selon ses propres mots. Mais là c’est autre chose. Elle est plus mielleuse, plus  »je vais vous aidez vous allez voir", elle croit que c’est avec Pôle Emploi qu’on trouve un taf, elle croit qu’en mettant mon CV sur le site de Pôle Emploi ça va me changer la vie. Enfin une nana bien zélée.

Alors vu que le premier rendez-vous est toujours assez stratégique, quand, dans le cadre d’un changement d’orientation professionnelle, elle m’a proposé un « bilan de compétences », j’étais pas trop en mesure de refuser. Bon, j’accepte. Au pire ça sera une matinée perdue. Je suis au chômage, je m’en fous.
Avant le rendez-vous pour faire un bilan de compétences, je me renseigne quand même autour de moi. Tout le monde est unanime : ça ne sert à rien. Je m’en doutais. Par contre ce que je ne savais pas c’est qu’ils sous-traitent à des entreprises privées. En gros ils filent des sous à une entreprise pour un truc qui ne sert à rien. Bien.

Je me pointe ce matin rue de Metz, dans le 10e devant les portes de l’entreprise Agro-form. On me fout dans la salle d’attente pour remplir des papiers genre « qu’attendez-vous de nous ? » et « qui êtes-vous ? ». Je sens le truc bien chiant. Une chômeuse comme moi se ramène. On cause vite fait. J’en profite pour lui demander si elle a vraiment choisi de faire ce truc. Elle me répond que « non, c’est ma conseillère qui me contraint à faire ce genre de truc… » « je l’ai accepté pour lui faire plaisir parce qu’ils veulent me faire travailler la nuit et le week-end, mais à mon âge je sais quelles sont mes compétences… ». Sympa. Je me sens presque privilégié.
Se pointe dans la salle d’attente un mec, la trentaine, chemise, lunettes de Hipster, chaussures pointues. Gros effort sur moi-même pour le suivre quand il m’appelle. On sent vraiment le cadre dynamique type « je suis un DRH cooooool ».
Il pourrait postuler à la COGIP… Le mec auquel je vais cacher mon casier judiciaire, vu que j’ai pas du tout confiance…

Le premier truc qu’il me dit c’est : « Bon on se voit pour une formation d’un mois ».
Hein ? Pardon ?
« Et bien oui, on aura 8 rendez-vous durant le mois d’août. Votre conseillère ne vous l’avait pas dit ? ».
Oh je me suis fait piéger putain ! Mon mois d’août est niqué !
Il m’explique en gros ce que sera ce super, que ça sera axé sur « La connaissance que j’ai de moi-même ». La blague. Au prix où c’est, je suis sûr que je pourrai me faire financer une vraie formation qui me filerait une vraie compétence. Au lieu de ça je vais me faire sonder l’esprit par un bureaucrate sorti d’une école de commerce à bas coût.

Avant de partir il me laisse un super QCM intitulé « Déceler ses atouts et ses difficultés »
à remplir jusqu’au prochain. Des devoirs de vacances quoi. Je feuillette, il y a trois parties :
- Connaissance de soi (en cas de doute, appeler sa maman)

  • Connaissance du marché du travail (ah ça ouais je connais…)
  • Maîtrise des méthodes de recherches d’emploi (poil au bras)
    Ça ressemble vraiment à un test de début, pour comprendre de quel bois est fait le chômeur en face. S’il comprend les enjeux, l’état de frustration dans lequel vous êtes. Par exemple : « Les emplois que vous avez occupés précédemment vous apportaient-ils satisfaction ? » « Utilisez-vous vos relations personnelles ? ».
    Une personne qui répond que son emploi ne lui a jamais apporté réellement de satisfaction et qu’elle connaît très peu de relations qui lui permettent de trouver du boulot sera la proie idéale qu’on pourra manipuler plus facilement.
    A contrario présenter « propre » et « intégré » (comme je vais le faire) amènera le bureaucrate/tête d’ampoule à plus de prudence. Le management c’est tout un art.

Je remplis ça de suite. J’espère avoir une bonne note... Vous saurez tout ça après mon prochain rendez-vous !

Note

Page officielle de pourquoi et comment faire un Bilan de Compétences : http://www.pole-emploi.fr/actualites/pourquoi-et-comment-faire-un-bilan-de-competences—@/suarticle.jspz?id=37560

Mots-clefs : précaires | chômage
Localisation : Paris

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