L’antifascisme peut-il être convivial ? A propos de la manif contre l’extrême droite du 12 juin 2021.

La manifestation de samedi était presque dépaysante. Dans l’ensemble, on a passé un bon moment, surtout en tête de cortège au début de la manif. Mais une question restait en suspend : où sont les keufs ? On avait l’impression d’être revenu au maintien de l’ordre « à la française » : la manif du 1er mai ne semblait être qu’un mauvais souvenir, celle du 13 décembre n’avoir jamais existé. C’est bien ça le problème.

Dans cet article je vais situer la manif du 12 juin 2021 dans une temporalité plus longue, avant de rentrer dans un récit plus subjectif qui fait émerger certaines questions qui me semblent importantes dans la séquence dans laquelle on entre et qui est marquée par deux phénomènes qui se renforcent l’un l’autre : le virage sécuritaire ahurissant dont font les frais au premier plan les jeunes issus de l’immigration coloniale et au second plan de nombreux.euse.s camarades de lutte ; et la fafisation décomplexée de l’espace médiatique et politique à un an de l’élection présidentielle.

Pourquoi fais-je donc allusion à la manifestation souricière du 13 décembre 2020 dans l’introduction, au cours de laquelle le cortège avait été attaqué sans relâche par la police qui avait procédé à plus de 150 interpellations arbitraires, tout en annonçant le chiffre de 5000 manifestant.e.s ?
Cette manif faisait suite à deux mobilisations particulièrement massives contre la Loi Sécurité Globale : la manif Répu - Bastille du 28 novembre et la manif Porte-Des-Lilas - Répu du 5 décembre. Ces deux mobilisations étaient très agitées, mais alors que le rapport de force avait été équilibré le 28 novembre entre la police et les manifestant.e.s, la manifestation du 5 décembre restera pour beaucoup un très mauvais souvenir tant il était clair que ce fut la préfecture et non les manifestant.e.s qui orchestrèrent le désordre, et ainsi fatalement les manifestant.e.s plutôt que la préfecture qui le subirent. Cette stratégie fut diablement effective, puisque de grosses tensions éclatèrent entre un certain nombre de manifestant.e.s du cortège de tête ; et le service d’ordre de la CGT qui refusait de reculer pour laisser les non syndiqué.e.s s’écarter des gazs lacrymogènes. Ne fallait-il pas faire la part des choses entre des flics et des manifestant.e.s qui s’étouffaient littéralement dans les gazs ? N’y a-t-il que la sécurité des syndiqué.e.s que le service d’ordre d’une manifestation doit être le garant ? (Lien vers un article publié sur Paris Lutte Info racontant la manif du point de vu des syndiqué.e.s)

Toujours est-il que les acteurs institutionnels qui drivaient concrètement la coordination #StopLoiSécuritéGlobale, entre les jets de gaz lacrymogènes en provenance des keufs et les jets de bouteilles en provenance de certain.e.s manifestant.e.s du cortège de tête, avaient décidé de ne pas appeler à manifester sur Paris le samedi d’après, en affirmant précisément prendre cette décision en raison du fait qu’elle ne pouvait garantir la sécurité des manifestant.e.s. L’animosité entre le milieu institutionnel (syndicats, partis politiques, association) et les milieux autonomes (parmi lesquels les Gilets Jaunes) étaient donc si profonde que ces deux cultures de lutte ne purent coexister dans un même espace. Comme je le soulignais plus haut, la préfecture de police instaura délibérément un rapport de force ultra-déséquilibré, qui mis en danger immédiat à peu prêt toutes les personnes qui avaient répondu à l’appel lancé par des collectifs gilets jaunes et contre l’islamophobie notamment.. Ces manifestant.e.s ne tardèrent pas à attribuer une partie de la responsabilité de cette situation à la coordo et plus particulièrement aux orgas qui la drivaient. L’enjeu politique portait pourtant sur l’une des questions fondamentales que souleva les déferlantes BlackLivesMatter des 3 et 13 juin 2020, à savoir celle du droit à l’arbitraire qu’exerce les keufs en premier lieu sur les populations issues de l’immigration coloniale (article 24 de la loi) ; ainsi que celle de l’impact de l’État d’Urgence Permanent sur nos droits les plus fondamentaux, notamment le droit du respect de sa vie privée (article 22 de la loi entres autres).
Bref. Le 1er mai,j’étais aux premières loges quand toute cette animosité nous péta à la gueule, ce qui prit concrètement la forme d’une ruée massive sur le SO CGT en fin de manif, ruée à laquelle participèrent des manifestant.e.s qui dans leurs différences avaient je crois en commun une chose : avoir pris activement part au mouvement social à un moment ou à un autre au cours de la séquence 2016-2021.
De 2016 à 2021 (Loi Travail 2016 - Gilets Jaunes 2018/2020 - Loi Sécurité Globale 2020/2021) s’est déroulé sous nos yeux une séquence marquée par le dévoiement progressif des acteur.ice.s de lutte institutionnel.le.s, dévoiement ayant pour corollaire la diffusion d’une culture de lutte autonome se caractérisant par deux traits distinctifs : le refus de la représentation et le rapport conflictuel entretenu avec l’institution matérialisant les pulsions répressives de l’État. Si vous ne voyez pas de qui je parle, comptez le nombre de main qui effectua le clapping « Siamo Tutti Antifascisti » samedi dernier.

Avec tout ce contexte en tête, vous comprendrez mieux que j’ai pu être déconcerté.e en arrivant à la manif, tant le profil des manifestant.e.s était hétéroclite. Cette situation fut dans une certaine mesure propice au dialogue inter-culture de lutte, et on a par exemple vu un.e jeune militant.e adoptant les codes vestimentaires du black block débattre plusieurs minutes avec trois/quatre manifestant.e.s plus agé.e.s qui questionnaient l’efficacité politique des stratégies offensives en manifestation. L’hétérogénéité des manifestant.e.s s’incarnaient également dans la diversité des slogans que l’on a pu entendre pendant les 20/30 premières minutes de la manif, ce qui a suffit pour que l’on assiste aux scènes habituelles qui nous rappellent la difficulté qu’il peut y avoir à construire des espaces de lutte qui respectent l’identité militante de chacun.e. Pour vous donner une idée plus précise de la forme que cela pouvait prendre, je veux donner deux exemples pour que vous voyez de quoi je parle (les deux exemples sont tirés de la manif de samedi) :

  • à un moment, une trentaine de personnes avec des pancartes violettes que j’avais pas calculé ont commencé à entonner un slogan qui commençait par « Darmanin, en prison », sauf que la suite c’était « Taubira à l’Élysée ». Sur toutes leur pancarte était écrit un discret #Taubira2022.
  • un peu plus tard, on avance et on arrive au niveau de quelques drapeaux palestiniens et d’une quinzaine de personnes qui étaient venues en équipe, et qui balançaient des slogans contre la colonisation des territoires palestiniens. Une meuf blanche d’une soixantaine d’années qui n’avait pas vraiment le look du cortège de tête s’adresse à elleux en affirmant que ce n’était pas « le sujet de la manifestation ». L’un des militants qui portaient un drapeau lui répond en prenant un ton ironique quelque chose comme « Vous allez faire quoi madame la professeure, me mettre au coin ? ». On entend des rires. Il enchaîne : « La Palestine c’est jamais le sujet de la manifestation, alors que la Palestine c’est un sujet, la Palestine c’est le sujet ! ». Il est applaudi. Continuant sur sa lancée, il la traite de « crétin » - je suis presque certain.e ne pas avoir entendu d’insulte sexiste - et lui dit de dégager du cortège. La meuf part.

Bref, il y avait bien deux cortèges : en fin de cortège, les orga (j’ai aperçu la CGT, le PCF, le NPA, la FI et la LDH mais j’en oublie sans doute d’autres), et en tête de cortège, des autonomes plus ou moins organisés, avec notamment quelques drapeaux palestiniens et une banderole noire. En guise de tampon entre les deux, deux gros camions de musique, et un max de jeunes (j’ai aperçu le Paris Queer Antifa et la Jeune Garde Paris notamment).
Je vous ai dit que l’ambiance était bon mood dans l’introduction. Bon c’est très subjectif, mais en vrai pour moi c’était plus que ça. Quand on est arrivé Place de Clichy un peu en retard et qu’on a pu remonter tout le cortège, l’ambiance était vraiment spéciale : pas un flic à l’horizon ; le cortège dont on ne pouvait pas voir la fin sur un côté de l’avenue, l’autre coupé à la circulation ; de la musique type jazz afro-américain des années 60 ; une foule ou ça discute de partout ; et la météo juste parfaite à base de grand soleil + petite brise. C’était presque trop beau pour être vrai, alors rapidement, je suis devenu suspicieux.se : la différence entre cet atmosphère Flower Power (réf très subjective et pas du tout péjorative pour moi) et la réalité du contexte sécuritaire et idéologique actuel était trop grande. J’ai partagé ma méfiance à mon coloc, ce qui a entraîné une discussion sur le rapport aux keufs et à l’ordre dans un espace de lutte antifasciste.

Par espace de lutte antifasciste, j’entends espace de lutte dans lequel au moins l’un de ces deux enjeux est traité comme une question prioritaire : la propagation des discours xénophobes, islamophobes, sexistes, et transphobes ; et la nature essentiellement arbitraire du pouvoir qu’exerce l’état sur les êtres humains, pouvoir qui s’incarne dans l’action de la police dont la fonction est de maintenir cet ordre des choses.
Cette définition inclut beaucoup de monde : Les appareils électoralistes type la France Insoumise/le NPA/LO (désolé si j’ai zappé je ne sais quelle scission, sauf pour le PCF ça c’est volontaire) ; les syndicats type les bonnes tendances de l’Unef/CNT/SUD ; le militantisme associatif légaliste type amnesty international/la LDH ; le réseau militant contre les violences policières (les divers comités/collectifs en lutte pour obtenir vérité et justice, les asso type Urgence Notre Police Assassine, et certains groupes gilets jaunes) ; les collectifs (autonomes ou non) antifascistes historiques (l’AFA Paris banlieue) et/ou explicites (Le Paris Queer Antifa, la Jeune garde).

Je précise que je milite en région parisienne donc, d’une part que je me concentre sur les collectifs que je vois militer dans mon coin, et d’autre part que je propose les catégories de cette typologie à partir de mon expérience militante qui est forcément biaisée et limitée. Par ailleurs, ce sont des catégories, donc évidemment il y a une multitude de personnes qui ne rentre pas exactement dans ces cases, et même, toutes les personnes puisque les chemins de vie individuel sont bien trop particuliers pour être ramenés à des catégories générales et impersonnelles.
Vous me demanderez sans doute dans quelle catégorie ranger les manifestant.e.s cortège de tête, qui appartiennent indéniablement à ce qui se dégage comme un « front antifasciste » et qui rentrent encore moins que les autres dans ces catégories. Le cortège de tête, je dirais que c’est cet hybride difficilement catégorisable puisque s’y inter-pénètrent des influences différentes, ce que l’on peut voir en étudiant l’origine des slogans qui reviennent le plus souvent. Certains, comme « Pas de Justice, Pas de Paix », « XXX On oublie pas, on pardonne pas » se retrouvaient dans les manif du Mouvement-Immigration Banlieue -par exemple à l’occasion du procès de l’affaire Bouziane- dès le début des années 2000. D’autres sont empruntés au mouvement des Gilets Jaunes, comme « Emmanuel Macron [...] on vient te chercher chez toi ». On trouve aussi des emprunts à la culture de lutte du mouvement altermondialiste « Ahhh Ahhh, Anti, Anticapitaliste » et bien-sûr de la culture antifasciste (« Siamo Tutti Antifascisti »).

Bref, revenons à la question qu’on se posait de base, celle du rapport à l’ordre et à la police dans une mobilisation antifasciste.

Déjà il faut noter que la manifestation de samedi a été organisée par sensiblement les mêmes orga que celles qui composaient la coordination #StopLoiSécuritéGlobale. C’est largement pour cela que les structures électoralistes ont participé à la manif, participation qui assure cette dernière de recevoir une couverture médiatique importante. Cette couverture médiatique importante est une raison de moins pour laquelle la préfecture de Police prendrait le risque d’instaurer un rapport de force direct, c’est là une différence majeure avec la manifestation du 13 décembre 2020 dans laquelle à ma connaissance aucune personnalité politique ayant un peu accès aux médias n’a participé.
Par ailleurs, la lecture que la coordination fait du mouvement Loi Sécurité Globale est que ce dernier a échoué (c’est le conseil constitutionnel, et pas la rue qui a fait reculer le gouvernement) à cause des manifestant.e.s adoptant des stratégies offensives, ce qui aurait eu comme effet de d’invisibiliser les revendications. Même si je pense que l’ambiance festive de la manif de samedi ne peut pas être expliquée par la simple volonté de la coordo, puisque le mood général d’un lieu dépend de ceux qui le font vivre et non des structures institutionnelles qui revendiquent le succès de la manif au nom du fait qu’ils aient fait une déclaration en préfecture ; on peut s’interroger sur le récit que construiront les acteur.ice.s des milieux militants institutionnels (j’entend par là reconnus comme crédible par le monde médiatique) de cette journée de mobilisation réussie. Utiliseront-ils ce succès comme argument contre les militant.e.s adoptant des stratégies offensives, en prétendant que ce succès était du à cette fameuse ambiance festive qu’ils ont indéniablement favorisé en faisant venir des acteur.ice.s de la culture (deux gros camions, des dizaines de musiciens) ?
Je voudrais leur répondre deux choses. Premièrement, il n’y a pas d’opposition entre ambiance déter et ambiance festive. Secondement la couverture médiatique de la manifestation de samedi s’est concentré presque exclusivement sur l’enfarinage de Méluche, afin d’en faire un fait de plus à ajouter à la chronique de la course à la couronne présidentielle. Ça pose une question absolument cruciale, à laquelle on devra rapidement trouver une réponse : alors que l’appareil médiatique va s’emballer tout au long de l’année prochaine sur les élections présidentielles, comment rendre nos messages les plus visibles possibles, et donc le plus impactant possible sur cette échéance électorale que l’on ne peut pas ignorer ?
Personnellement j’estime que la présence de structures électoralistes n’est pas souhaitable en période électorale, puisque l’on sait que toute l’attention médiatique qu’apportera leur présence dénaturera les revendications politiques afin de ne réduire la manif qu’à un fait de plus, à ajouter à cette fameuse chronique de la course au Palais. En d’autres termes, il me semble que notre meilleure chance d’impacter cette élection et de se tenir à l’écart de cette chronique, ou plutôt de la tenir à l’écart de nos espaces de lutte. C’est en formulant nos messages de manière extérieure au processus électoral et de manière absolument indépendante de ses acteur.ice.s de premier plan, à savoir les structures partisanes ; que ces messages auront les meilleures chances d’infuser dans les groupes sociologiques dont nous sommes issu.e.s et entendons défendre les intérêts. Nous n’avons aucun intérêt à importer dans nos espaces de lutte des enjeux qui sont loin, très loin de nos situations concrètes d’existence (à la fois matérielles mais aussi identitaires et culturelles), d’autant lorsque le prix à payer pour cette attention médiatique est la pacification apparente d’un corps social que l’on sait plus que jamais fracturé.

Ensuite, et c’est sans doute le plus important, nous avons plus que jamais besoin de l’antifascisme. La diversité des profils qui se sont retrouvés dans le cortège de tête et dans le cortège festif de samedi nous montre qu’il s’agit du thème sur lequel une convergence des luttes (au sens propre, pas des alliances ponctuelles) est possible. L’incapacité de l’espace médiatique et des acteur.ice.s traditionnels de la lutte (structures syndicales et partisanes) à mettre en échec le fascisme n’a jamais été aussi manifeste, tant l’on voit que ses deux formes sont aujourd’hui exacerbées.
Ces deux formes, c’est d’une part le virage raciste, sexiste et transphobe du débat médiatique, et d’autre part la gangrène de toutes les aspirations à la liberté : l’arbitraire. Sa forme la plus horrifiante est celle qu’il prend lorsqu’il est exercé sur les personnes issues de l’immigration coloniale par la police, mais il se dissimule partout dans notre société. L’arbitraire des normes de genre et les violences qu’elles entraînent, qui nous sont assignées à la naissance ; l’arbitraire du système éducatif qui trie les individus entre ceux qui commanderont et ceux qui seront commandées dans la production ; l’arbitraire, finalement, que l’on retrouve dans chaque relation entre une personne donnée et une autre personne dont l’autorité lui vient de l’État, de la Religion, de la tradition ou du chef.

Les expérimentations menées dans le milieu militant contre les projets écocidaires (je pense à XR, mais aussi au milieu des Zad) nous ont montré qu’il y avait un recueil d’actions riches offrant un intermédiaire entre l’émeute et les moyens d’actions institutionnels qui n’instaurent pas un rapport de force avec l’institution qui incarne le mieux l’arbitraire, la police ; pour rendre visible ses revendications politques. Ce sont sans doute les collectifs de collage queers et/ou féministes qui nous ont offert l’exemple le plus frappant de l’impact que peuvent avoir ce type de moyens d’action.
Les milieux étudiants/lycéens, ceux-là même qui manquaient à l’appel pendant le mouvement contre la réforme des retraites de 2019, sortent d’une année qui n’a fait qu’exacerber des problématiques dont les syndicats étudiants avaient déjà fait leur cheval de bataille notamment depuis la mort d’Anas en novembre 2019. Beaucoup d’entre elleux sont directement concernés par le combat contre les violences policières, chacun.e d’entre elleux sont concernés par les normes de genre, qu’un certain nombre subvertit ou rejette déjà de manière plus ou moins militante.
Quant aux collectifs en lutte pour obtenir Vérité et Justice, ils ont démontré qu’ils pouvaient mobiliser plusieurs dizaines de milliers de manifestant.e.s, et remettent inlassablement en question le rapport de notre pays à sa propre histoire, et celui de cette République prétenduemment universaliste à la diversité de celleux qui la composent. Ce n’est pas avec Marx qu’on combat le fascisme, c’est avec Fanon. Ah, et puis juste une dernière chose : tout le monde se souvient de l’Arc de Triomphe. Franchement, vous pensez vraiment qu’on ne puisse pas faire sans les structures partisanes et les acteu.ice.s de lutte qu’elles considèrent être crédible ?

La manifestation du 12 juin pose une question fondamentale à un an de l’élection présidentielle, et alors que nous sommes déjà dans une société d’extrême-droite. C’est ce dont atteste à la fois l’état du débat médiatique, et le pouvoir toujours plus importants qui est laissé à l’institution policière en général et à chacun des agent.e.s en particulier, dont le droit à l’arbitraire n’a jamais été aussi palpable. Cette question est celle de la place que nous sommes prêt.e.s à accorder aux structures partisanes dans nos luttes, et j’ai essayé dans cet article d’y répondre.
Finalement, cette manif me laisse un goût particulier, puisque d’un côté, la vigueur du cortège de tête et du cortège festif — cortège festif qu’il faudra reconduire (on peut faire confiance au PQA et à la Jeune Garde pour ça) — m’a fait chaud au cœur, et de l’autre on aurait pu penser qu’avec l’espace qui était laissé au cortège de tête, nous serions parti en sauvage massive ou quelque chose comme ça. Mais avec une année aussi chargée que celle que l’on a vécu d’un point de vu répressif, ça faisait aussi du bien de pouvoir profiter de l’atmosphère sans avoir à se soucier de la police. En outre, c’est toujours bon de rappeler qu’aucun registre d’action ne doit être ritualisé ou sacralisé, y compris le registre d’action relevant des stratégies offensives. Attention seulement à ne pas baisser la garde : si les flics ne sont pas visibles, ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas là, mais que la préf fait reposer sa stratégie sur du renseignement humain. C’est un message qu’il faudra diffuser si les prochaines fois, ils restent à distance ; afin que chacun.e puisse être vigilant.e contre les infiltrations des flics en civil.
Enfin et surtout, entre l’émeute et l’absence de conflictualité avec les keufs, il y a des voies intermédiaires qui doivent nécessairement être explorées dans une mobilisation antifasciste, qui ne peut faire abstraction de son expression la plus pure : le rapport qu’entretient la police à sa population. Se battre contre les idées d’extrême droite, c’est bien. Mais l’antifascisme doit marcher sur ses deux jambes.

À lire également...