[Kurdistan] Diyarbakir à l’heure du bilan

Traduction d’un texte d’un camarade parti au Kurdistan qui nous parle de la situation à quelques jours des élections. [du 1er novembre 2015]

A Diyarbakir, un calme apparent semble avoir regagné les rues de la ville après plusieurs jours de couvre-feu. Les Kurdes se promènent pour constater les effets du « nettoyage » opéré par les troupes spéciales d’Erdogan.

C’est le temps du bilan, politique notamment, dans l’atmosphère en suspens d’une ville en attente des élections de dimanche qui représenteront un tournant crucial qui sera, pour le meilleur ou pour le pire : un changement de phase.

Parfois, le désespoir se mélange à la colère : « Durant le couvre-feu, il y a un voisin qui est simplement aller donner à manger à des pigeons sur le toit de la maison. Les tueurs d’élites l’ont abattu comme ça ». Depuis le mur de cette maison en ruine, les réactions de défense du quartier apparaissent comme un processus aussi douloureux qu’obligatoire. Une famille, arrivée ici après avoir été forcée de quitter leur village d’origine lors d’une des opérations de nettoyage ethnique contre le peuple kurde au début des années 90, témoigne de la difficulté à aller travailler et la perte de leurs maigres sources de revenus. Des projectiles sur le mur ne transparait qu’une seule chose : il y a une volonté de paix. « Il ne peut pas y avoir de paix sans la guerre, c’est impossible de parler de paix sans lutter », Nuyin, 17 ans, semble avoir les idées très claires à ce propos. « Le problème est que nous devons aussi résoudre les problèmes entre nous les Kurdes. Si tout le monde soutenaient les décisions du KCK, il y aurait moins de violence et de chaos. Mais tant de gens ont peur », ajoute Fadime, une jeune fille du même age.

Il est particulièrement difficile d’affronter l’agression militaire du gouvernement turc dans la ville pour un peuple qui a toujours mené la guérilla dans les montagnes et qui cherche à tout prix à éviter la guerre civile. « Si le PKK était intervenu directement dans la ville pour répondre aux attaques des troupes turques, Erdogan aurait eu une excuse pour faire un vrai massacre » explique Alper. « Il est difficile de dire s’il est trop tôt pour déclarer notre indépendance. Le Rojava a montré que nous devons saisir les situations de chaos parce qu’autrement, après, il est souvent trop tard. Cela fait depuis 2003 qu’on travaillait dans cette direction de façon souterraine mais les choses se sont rapidement précipitées » rétorque un autre militant du mouvement kurde.

Pour l’instant, la résistance populaire a cherché à limiter les dommages avec la conscience que sans avoir au moins une réponse défensive dans le quartier, la situation serait de nouveau celle des années 90, quand les machines « Toros » avaient abattu des milliers de Kurdes telle une véritable exécution. « Pour l’instant nous n’avons pas riposté aux morts causés pas la police turque, mais après dimanche [jour des élections en Turquie] les choses devraient changer » raconte Memet, un garçon rencontré dans le quartier de Ofis.

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