Introspection Révolutionnaire et synthèse critique du milieu Autonome : NUMERO 2.3

Ce nouveau numéro traite de « l’opposition », de cette argumentation « contre », cette méthode « anti », cet incessant « rapport à » qui empoisonne l’intelligence révolutionnaire de dichotomies parfaitement artificielles et qui reste pour beaucoup, un moyen d’exister politiquement.

Pastiche s’applique à la recomposition d’une intelligence collective et critique.

Pas à la polémique vide de sens, mais au débat.

Par un travail de synthèse entrepris vers le dépassement.

Pastiche pense la nécessité du conflit, du désaccord, de l’argument contre la croyance.

Pastiche n’est pas un énième mode d’emploi subversif.

Il n’est que l’opportunité du constat, du raisonnement et de la contradiction.

Ce nouveau Pastiche est la suite logique des numéros 2.1 et 2.2, il traite de « l’opposition », de cette argumentation « contre », cette méthode « anti », cet incessant « rapport à » qui empoisonne l’intelligence révolutionnaire de dichotomies parfaitement artificielles et qui reste pour beaucoup, un moyen d’exister politiquement.

EXTRAIT :

Des mois durant, publications et polémiques se sont déversées sur nous sans grandes considérations.

Malcolm X ou Fanon, absents de longues dates et pourtant, exhibés sur les cintres du néo-protestantisme ; peut-être en faire valoir, ou bien en paradoxe.

La contradiction saute aux yeux, du dénigrement consciencieux de « l’identité » à sa reproduction sommaire.

Des penseurs, susceptibles de convaincre, seulement qui et comment ?
« La concurrence » ? Les « micro-segments » révolutionnaires ?
Et par la grâce d’une origine quelconque ?
Plus que par la justesse d’une argumentation historicisée ?

Incohérence, certainement, opportunisme, nous pouvons l’envisager.

Une fois, le néo-protestant prend le soin de critiquer sans ménagement leur gaucherie théorique, une autre, il les encense au contraire pour ce qu’ils auraient de plus marxiste et d’universaliste, au fond, de plus « assimilable ».

En somme, calomnier ou tirer avantage, pareillement.

Syncrétisme utilitariste pour prosélytisme racoleur, dont la malhonnêteté intellectuelle n’est plus à signifier.

Que la critique de la papauté postmoderne soit inévitable, évidemment, si seulement elle sait se parer de discernement, et non d’une binarité à la hache, « moderne » contre « postmoderne », « classe » contre « race », « universalisme » contre « particularisme » ; des antinomies, pour un campisme acrimonieux.

Que les caprices tiers-mondistes, identitaires ou théo-gauchistes soient à défier, en effet, mais dans ce qui se déverse... les embruns de l’histoire pour des vapeurs de biles.

Les écrits du néo-protestant témoignent effectivement d’une animosité énigmatique, la marque d’une petite humiliation peut-être, d’une meurtrissure intérieure vis-à-vis des condamnations iniques qui évaluent ses « privilèges » avec un acharnement scrupuleusement comptable, quantitatif.

Il semble éprouver l’obligation d’innocenter « son » monde fébrile, d’en attester la complexité historique, de le justifier publiquement par le refus de le justifier, au fond... mais de quoi ? Et pour qui ?

Le syndrome des antideutsch perceptible jusque dans son refoulement. De la culpabilité identitaire en haine de « soi » à la réclame culturaliste. Panégyrique ou pénitence, un rapport consubstantiel à l’Histoire ; domestique et référent.

Serait-il donc tombé si bas ? Pour partir s’engouffrer dans les énormités argumentatives de la responsabilité collective ? Assignante et faussement intime ?

D’un côté, il met son doigts sur la traite orientale, « l’impérialisme » ottoman, les massacres non-occidentaux, le mérite avéré des lumières...

De l’autre, il nie le rôle des lumières dans l’ascension des théories polygénistes et racialistes, dissimule les conséquences de l’évolutionnisme scientifique en Darwinisme social... Étonnante partialité.

Entretenir la déplorable conception de « dualisme culturel » pourtant combattue ?
Ou, une autre forme d’esprit de parti historico-politique.

Des attaques permanentes, faites à l’encontre de coteries au différencialisme-trendy, mais plus largement, des attaques envers toute forme d’auto-déterminations anti-racistes, disqualifiées de fait ; une méthode, une faillite.

L’accusation, obsessionnelle, monomaniaque et assommante, aboutie à décrédibiliser l’ensemble des arguments qui pourraient être poursuivis par d’autres, mais qui sont rendus inaudibles, et font honte par leur insistance.

S’ils ne visent jamais à lutter plus intensément contre toutes les séparations en cours, quelle légitimité ? C’est à dire, quelles valeurs auraient ses propos s’ils ne tendent à rien d’autre qu’à l’auto-persuasion stérile ? Au clientélisme alter-avant-gardiste ? Par conséquent, à la fondation de divisions supplémentaires ?

Tant de textes, de justifications, de débats, de suspicions et de reproches.

Et contre le racisme ? Et pour la cohésion ? L’autonomie et ses enjeux ?

L’anathème, ou l’excommunication de l’anti-racisme.

Si l’antiracisme est en effet une compartimentation ingrate, elle n’est pas une lutte accessoire.

Nous rêverions d’un milieu perméable à la conscientisation et à la pluralité, non pour nous plier aux consignes d’un politiquement correct hypersusceptible, mais pour nous renforcer dans l’épreuve, dépasser les intérêts contradictoires qui nous assiègent pour des solidarités effectives, mais à dire vrai, l’avenir du milieu, même égayé de guirlandes humanistes a fini de nous émouvoir. Car contrairement au néo-protestant, nous ne cherchons plus à réformer « l’institution révolutionnaire » pour en être, nous insistons sur ses limitations obtuses et lui souhaitons la mort par le débordement.

Voilà des mentions qui déplaisent aux petites lobotomies groupusculaires.

Mésestimer ne peut rien, aucun jugement de valeurs pour venir réfuter la cruauté du réel. Pérorer sur l’anti-racisme, à la condition principale de tenir compte des factualités du racisme lui même.

Sans cela, et au vu de ce qui se joue dans l’époque, l’ensemble se tient à courtiser la xénophobie républicaine et tous ses avatars « civilisationnels » inépuisables, les bras ouverts à la proximité et au consentement ; mais c’est tout l’inconvénient de « l’opposition », de l’étalon-adversaire, sur lequel se baser pour produire du contraste et faire de cette fixation binaire la force majeure d’un propos.

« L’opposition », délibérément accentuée, comme un moyen d’exister politiquement.

Le néo-protestant plaide pour sa réforme, il s’est annoncé contre la papauté, mais il a fait de son obstination, au départ certainement louable et audacieuse, l’alpha et l’oméga de toute sa théologie ; mais sans paradis, sans promesses.

Il s’est figé dans la négativité pure, « l’opposition ».

Il gaspille désormais son énergie et sa force à combattre un ennemi qu’il a façonné d’anticonformisme, mais qui est devenu, sans grande exception, une autre figure du « diabolique » à exorciser. Ici, et comme toujours, le diable ne survient pas en tant que concurrent de Dieu, mais bien comme la justification première de son existence.

Contre toute « l’originalité » de sa proposition politique initiale, le néo-protestant s’est résolu à faire comme les autres ; Il quémande son Satan.

VADE RETRO

Oui, il faut un diable, une entité monstrueuse à combattre, un ennemi, c’est peut-être un reste de vision Schmittienne qu’il partage avec sa Sainteté rivale.

C’est cet incessant « rapport à » qui empoisonne l’intelligence de dichotomies parfaitement artificielles et qui, dans le camps révolutionnaire, vient valider des masses d’absurdités.

Du « régionalisme » contre la « mondialisation », de l’antisémitisme contre le « philosémitisme d’état », du patois contre « l’anglais », de la « terre » contre « la société urbaine », du « panislamisme » contre « l’occident », de la « déconnexion » contre le « virtuel », de la « commune » contre « l’individualisme », du « tiers-mondisme » contre « l’impérialisme », du « primitivisme » contre « la civilisation »...

Un réductionnisme conciliant, assez essentialiste pour mettre en ordre les causes et les distribuer selon les préférences et les inclinations subjectives de chacun. Un réductionnisme qui tend en pratique, à dénigrer des potentialités réelles sous le seul prétexte de se nettoyer de toute « diablerie », du « méchant », alors qu’iels ne font simplement que de subir ses injonctions sous leurs formes négatives, c’est dire, de se contenter de les imiter à l’envers.

Comme si, il n’y avait rien dans les productions du capital, rien dans la pensée pomo, qui ne puisse être envisagé, compris ou détourné, de façon révolutionnaire.

Non, toutes les productions de « l’ennemi » seraient pure magie noire ; tragique héritage de l’école de Francfort.

Être uniquement contre, c’est en conséquence se définir « par ».

Et se définir « par », c’est souscrire à cette grille de lecture circonscrite à la « contradiction ». Cette grille de lecture sur laquelle se dessinent des intersections communes, qui engendre des notions voisines, accointances et rapprochements a priori contre nature convergeant vers le consensus, lequel fait joindre les antagonismes en front commun.

Si « l’alternative » n’est que le symétrique du « mainstream », elle fait le jeu absurde de l’opposition sans réserve. Et c’est justement sur cet axe de contradiction grotesque que se forme la confusion.

« civilisation », « culture », « identités »,
« occident », « races », « néolibéralisme »,
« ethnique », « peuple », « décadence »...

Des concepts clés qui, depuis des années, sont devenus de réelles passerelles idéologiques entre les nouvelles droites, les nouvelles gauches, extrêmes, ultra ou populistes.

De relativisme en relativisme, de déconstruction en déconstruction, ces éléments de langages ont permis des transvasements de concepts aussi malléables qu’ambigus d’un bord à l’autre de « l’opposition ».

Ce qui se joue au sommet, de l’insoumission républicaine bardée de bleu blanc rouge au front national qui se découvre une parure « socialiste ». Des Zemmour « marxiste », des « Michéa » libertaire, des « Onfray » de Benoistisé... Ce qui se joue à cette échelle du spectacle, se joue aussi parmi nous, au sein de nos propres croquis à prétention révolutionnaires.

Et tant pis, nous le répétons, la maîtrise du réel passe inévitablement par la maîtrise des signes qui le représente.

En revanche, si la bataille terminologique reste indispensable à nos luttes, la transformation de ce combat en « entreprise » idéologique ne peut rien.

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