Introspection Révolutionnaire et synthèse critique du milieu Autonome : NUMERO 2.2

Que serait l’histoire révolutionnaire sans cette filiation logique ?
Sans l’achèvement de la critique de « l’arrière monde religieux » pour son dépassement ?

Pastiche s’applique à la recomposition d’une intelligence collective et critique.

Pas à la polémique vide de sens, mais au débat.

Par un travail de synthèse entrepris vers le dépassement.

Pastiche pense la nécessité du conflit, du désaccord, de l’argument contre la croyance.

Pastiche n’est pas un énième mode d’emploi subversif.

Il n’est que l’opportunité du constat, du raisonnement et de la contradiction.

L’émergence de nouveaux camps autoritaires et radicaux, l’opportunisme politique d’une post-autonomie complaisante, le retour du mythe avant-gardiste, de sa violence-spectacle, son désir de maitrise et d’unicité, nous ont contraint à prolonger nos réflexions critiques.

Dans un esprit de synthèse, ce nouveau texte tente d’approfondir des positions qui nous semblent élémentaires, tente d’aborder de manière moins implicite l’axe central des Pastiches antérieurs, c’est dire, la religiosité, militante ou de culte, et donc, une redéfinition du sentiment religieux de façon plus générale.

Une argumentation, retraçant rapidement quelques fondements de la critique de la religion, allant de la modernité et de ses "échecs" à l’éloge postmoderne de la métaphysique "critique" émise par une petite aristocratie intellectuelle dont on ne cesse de percevoir l’influence.

Nous introduisons ce texte en disant que, constater le caractère idéologique de la religion n’est pas un point de vue « politique » issu d’un préjugé circonscrit à un quelconque « athéisme militant ».

C’est un constat sur lequel s’est édifié toute l’histoire révolutionnaire.

Extrait :

Le consensus semble être à la myopie historique.

Par sensiblerie, opportunisme politique ou par vulgaire clientélisme, le sujet est au mieux méconnu, au pire, éludé.

Que serait l’histoire révolutionnaire sans cette filiation logique ?
Sans l’achèvement de la critique de « l’arrière monde religieux » pour son dépassement ?
Que serait la critique de la « politique » ? De son économie ?

Et que sommes nous si l’on se refuse à admettre le rapport qu’elles entretiennent avec les « formes religieuses de la conscience » dont elles dépendent encore aujourd’hui ?

En somme, que serions nous sans la critique de toute transcendance ?

L’intelligence révolutionnaire évolue vers cette mentalité paradoxale, hypercritique en théorie - fayotte en pratique ; se refuse à penser autrement que pour séduire.

Pourtant, la religion n’est qu’une autre « politique ». (A.3)

Traiter l’espèce humaine en matière morte, éprouver sa malléabilité par une seule et même fermeté, spirituelle, sociale et donc nécessairement matérielle ; c’est dire, conditionner.

Une confrérie aménagée sur l’évidence, la « vérité », sur le prédicat, la séparation du vivant en familles d’opinion, irréconciliables. Une communauté composée par la distinction, et dont les membres ne peuvent se reconnaître que par son intermédiaire - l’uniformité contre la dissemblance.

C’est abolir l’individualité au profit d’une communauté d’esprit se voulant organique ; le contrôle, ses standards - faciliter la maîtrise, rendre homogène.

Le singulier, rabattu au « commun », sacrifié pour un consentement dont même l’initiative reste étrangère.

Le Karma pour la caste, cette inégalité de naissance.
Le mektoub, le destin, l’argument du malheur ; déterminisme irrévocable.

Pourquoi s’affirmer contre la nature de la domination ?
Si cette domination est sacrée ?

Comment ?
Si l’on ne peut que se permettre de subir ?

Lorsque les plus anciennes idéologies invoquent l’ascétisme, la modestie, la pauvreté choisie, d’autres formes de gouvernances instaurent des plans d’austérité. (B.3)

Comment est-il possible de se refuser à comprendre la relation que conservent ces deux types de dominations ? Qui peuvent, assurément, faire de leurs idéologies intimes des rivales, mais dont les plans d’actions semblent le plus souvent converger. Une alliance de principe, qui ne devrait en rien être surprenante, puisqu’elle provient d’une seule et même conception de « la population ».

Cette « masse » d’ouailles à « participatisme » moutonnier,
pour un éloge de l’effort,
de la patience,
du calvaire.

Comment critiquer la démocratie représentative ? Son culte de l’homme providentiel allié à cet attentisme élevé au rang de rite ? Si l’on évince l’origine fondamentale de ces critiques ?

Élie, Christ, Prophète, Mahdi, « L’élu ».

Comment critiquer l’État ? La justice ? Si l’on se prive de telles ascendances ?

Généalogie Religion/Politique ; Idéologies.

Nous en somme las, et la plus faible remarque semble déjà excessive, corrompue par une outrance de « modernité », oublieuse des oppressions si spécifiques, de ces subjectivités émotives, in-discutables.

On ne sait plus si cette confusion entre religion et religieux est volontairement admise pour écarter la vigueur de la critique, ou si c’est encore une forme de compréhension déformante qui emprunte aux populismes un misérabilisme au rabais.

Toute la question est devenue polémique, disons plus lourdement, que toutes les questions sont devenues des préludes à querelles - crispations.

Nous affirmons sans peine, qu’esquiver soigneusement la thématique, par dogmatisme, niaiserie ou par désaffection, offre peu d’occasions de bouleversement.

Nous manquons vraisemblablement de choix, affirmons pour lors, que la question religieuse devra inéluctablement être pensée à nouveau.

Lorsque dans toute l’Europe, l’« islam » et l’ « islamophobie » deviennent les moyens rhétoriques d’associations religieuses alléchées par le champs du « social ».

Lorsque le dernier clan Trotskyste Autrichien affiche sa « solidarité » via son désormais célèbre slogan : « muslime und flüchtlinge willkommen », séparant délibérément un groupe confessionnel précis des autres réfugié-es.

Quand, l’un des comptes officiels du réseau No Borders insinue sur twitter que les problèmes liés à la « crise migratoire » sont dû à une politique islamophobe conduite par l’Union Européenne, eux qui savent pourtant mieux que personne, que Yézidis, chrétiens Erytréens, Syriens ou non-croyant-es ne franchissent pas plus aisément le paillasson du continent que leurs camarades musulman-nes.

Toute la complaisance d’une partie de la gauche radicale française envers un antisémitisme « populaire », capable, sûrement, de régénérer leur sujet historique « évanoui ».

Une Marche contre tous les racismes, aussi, dont l’antisémitisme - en indéniable résurgence - s’absente officiellement.

Ou ce suivisme estudiantin encore, qui cultive avec une certaine félicité le contresens « critique ». Déchiquette les foutaises contemporaines d’un Zemmour, d’un Houellebecq ou d’un Samuel P.Huntington, mais aspire consciencieusement à réhabiliter Heidegger. Déblatère assez justement contre les immondices d’un Renaud Camus, complimente les hallucinations d’un Carl Schmitt. Et qui, ô relativisme, haussera son manque d’argument jusqu’à établir une équivalence entre quelques égarements antisémites piochés arbitrairement chez des révolutionnaires, et la pensée essentiellement réactionnaire de ces intellectuels compromis au nazisme.

Antifacisme sélectif, partial ; accaparement - concurrence.

Enfin, ajoutons à cela mais de façon moins surprenante, ce détachement hautain, cette morgue révérencieuse braquée sur les « athées » lors de circonstances dramatiques ; l’art de conserver ses chalands, toute une stratégie de boutiquier en lutte...

Cette véritable fixation nous laisse percevoir - au delà des prises de positions maladroites - un infect arrivisme politique. Toute cette ingéniosité au service de la conquête, du ralliement, illustre tout l’intérêt que certains portent à la question religieuse, ou plus directement aux religieux, qui pourraient représenter une nouvelle poche de partisan-nes, à encarter ou à encagouler selon la conjoncture.

Des tentatives de récupérations, bien plus abjectes de paternalisme et de démagogie, que toutes nos désobligeantes démonstrations ; même les plus impies.

Nous ne cherchons à blesser aucun sentiment, aucune conscience, nous exprimons néanmoins avec franchise, sans complaisance ni sournoiserie, toute la persévérance qui nous est propre.

Il ne s’agit plus de convaincre qui que ce soi, ni d’élaborer les termes d’une Tabula Rasa de circonstances - aussi démesurément orgueilleuse qu’impossible. Personne ne peut plus sérieusement penser que nous abolirons un héritage millénariste en l’espace d’une semaine, d’une décennie, deux cents ans.

En ce sens, notre positionnement n’est dédié à aucun affront, nous avons des priorités plus ambitieuses que le dénigrement, nous avons mieux à faire que de soumettre nos idéaux au manichéisme du Bien - croyant-es/non-croyant-es, fidèles/mécréant-es.

Ce serait nous impliquer dans la reproduction de séparations historiquement détestables, de clivages auxquels nous soumet la religion même. De nouvelles doctrines concurrentes, cultes contre cultes, corporations contre corporations, vérité contre vérité.

Si la croyance est primaire, le jugement est simplet.

Le danger serait de faire de notre idéal une croyance, et de notre croyance un automate idéologique, sans dynamisme pour finalement, nous envaser dans une philosophie mécanique reproduisant tous les aspects de la religiosité. Le danger serait d’inscrire nos perspectives dans les canons obsolètes de l’évidence.

Sachons distinguer le général du particulier, l’institution de l’individu, tentons d’éviter ce fardeau qu’est le systématisme, et ce sans hypocrisie.

En substance, ne faisons pas de notre incroyance une religiosité anti-religieuse.

Digression mise à part, nous nous organisons et nous organiserons encore avec des croyant-es, nous ne composerons pour autant jamais avec des organisations religieuses ; de même que nous nous organisons avec des camarades provenant de différentes chapelles, sans nous compromettre à soutenir leurs obédiences respectives. Si l’idéologie ne devient pas une centralité organisationnelle, nous pensons pouvoir, comme ce fût le cas dans bien des moments de l’histoire, privilégier la solidarité au mépris catégorique - le dogmatisme des uns n’étant qu’une variante du fondamentalisme séculaire des autres.

En revanche, ces expériences pratiques ne nous contraignent en rien à délaisser nos fondamentaux, bien souvent, elles les confortent.

La camaraderie accouche de résultats que le dédain mésestime.

Il suffit de pencher un regard distrait vers le Maghreb, le Moyen-orient, l’Amérique latine, pour comprendre que le basculement entre tradition et délivrance est infime. Il suffit de regarder vers l’Inde, le Pakistan, pour cerner le problème de façon moins étriquée.

Partout, l’affranchissement apparaît, et notre ridicule cécité, notre manque avéré d’internationalisme nous pousse ici, sans honte aucune, à conserver la servilité plutôt qu’à soutenir la transgression qui ailleurs, sollicite toute notre solidarité.

Soyez certains que nous soutiendrons cette déshérence, cette impulsion persécutée pour son indépendance d’esprit, que beaucoup tendent désormais à minimiser, ou à invisibiliser parfaitement.

Car c’est sur des refus apparemment dérisoires que s’établissent des trajectoires à priori improbables.

Un non, une seule défiance envers l’évidence, tout peu partir de là.

Tout peut découler d’une interrogation, d’un « pourquoi ? », d’une gêne convertie en insatisfaction, d’une contrariété en résistance.

Les chemins méandreux qui mènent à l’incroyance nous émeuvent par l’élan qu’ils représentent.

La dé-traditionnalisation, la sortie douloureuse des mœurs, sont autant d’itinéraires personnels dont nous nous réjouissons - non pour y plaquer l’obscénité d’un autre conformisme - mais pour ce que l’acte concentre en possible.

Nous apercevons là l’expression d’un premier soulèvement intérieur, d’un flagrant dégagement anti-autoritaire, contre l’embarras des conventions.

À vrai dire, nous nous surprenons de devoir rappeler autant de généralités ; généralités dont la transmission paraît freinée par les poncifs de nos nouveaux mentors.

Depuis que l’analyse qui se pare de tendresse pour convaincre s’est imposée au monde rétréci de la contestation revendiquée, les événements visent à nous imposer une négation de la négation, un retour sans retour vers « la transcendance », c’est ainsi que l’on nous suggère ex nihilo de nous résigner à cet héritage rétrograde auquel nous avons péniblement tenté de nous extraire depuis deux siècles.

Voilà qui illustre un affreux manque d’endurance, peut-être une rance nostalgie – renoncement (A.1).

Contre l’histoire, et avec toute l’impatience d’une puberté doctrinaire déconcertante, une nuée de prophètes se ruent désormais aux portillons de l’offre alternative.

Et sur l’estrade de la contestation, les exégètes de la postmodernité déclament encore.

ESPRIT AFFECT

Théories et pratiques ne suffiraient plus, il manquerait donc à l’étude l’énergie de l’inné, la grâce théologico-cosmologique, le trop plein de soi en offrande.

Il manque l’essentiel à l’idéologie pour se faire religiosité.

1 . Une interprétation « supérieure », la traduction existentielle de sa constitution.

Il lui manque son nécessaire supplément métaphysique.

La métaphysique ajoute à la tentative de connaissance matèrielle du monde le territoire impénétrable de « l’être », ce domaine où les convictions intuitives et la puissance de l’individualité mêlent leurs conceptions opaques.

Le poète et le métaphysicien ont en commun la méthode, tous deux cherchent en eux même, diffèrent néanmoins sur l’intention de leurs résultats.

Si le poète interprète son « vrai » - cet aperçu intérieur - qu’il sublime en « beau », le métaphysicien interprète son « vrai » comme étant l’aboutissement de la conscience.

Le premier esthétise, le second conduit ses résultats vers la démonstration.

Quand le poète sculpte benoîtement son romantisme, le métaphysicien approfondit l’incertitude, crédite la confusion, arrache à l’impalpable quelques formules redondantes.

Faire de la métaphysique un loisir, vaquer à vivre les temps morts avec l’acuité du poète, la fatuité du philosophe, contre quoi pourrions nous bien nous opposer ?

Contre le sentiment d’exister ? La volonté d’obtenir des profondeurs de l’esprit un semblant d’opinion ? Le principe de libre pensée ?

L’introspection est une traversée de soi qui n’inspire pas que du dégoût.

La question n’est ni le développement de l’esprit, ni la quête de sagesse, mais l’expansion des découvertes personnelles en « matrice de bon sens ».

C’est lorsque la spiritualité - même artificiellement « fugitive » - ne se veut plus intérieure, lorsque la métaphysique - même artificiellement « critique » - cherche à s’étendre chez l’autre, que l’idéologie apparaît. En convoitant autre chose que le simple statut de philosophie individuelle, la métaphysique perd son essence pour la « politique » ; théologie de l’insurrection.

C’est un « moi je » au pluriel, qui profite des lacunes de la mémoire collective.

Pour le métaphysicien, la vérité n’est qu’imprécision, l’intérêt matérialiste, une autre construction de pensée artificielle. Ce relativisme, en plus d’être le fruit d’un scepticisme dogmatique et d’une certaine paresse intellectuelle, n’est bien souvent qu’une des déclinaison de l’ignorance.

Le métaphysicien moque avec insistance les prétentions de la modernité ; nous discordons sur les raisons de son échec.

Conférer au matérialisme, au « manque de transcendance », les ravages du totalitarisme, c’est mentir désespérément.

Le matérialisme dialectique, une fois passé dans les mains de la seconde internationale, évolua vers l’idéologie pure. Et toute la prophétie marxiste, déjà éprouvée, subira un apport métaphysique non-négligeable qui dénatura l’idéal communiste au point d’en faire une religion naissante. Le terme « hérésies » qu’adopteront certains tenants du « communisme » de l’époque pour qualifier les conceptions de dialecticiens encore louables, exprime toute la religiosité des marxistes vulgaires. Une spiritualité qui côtoiera un net mysticisme, et qui ira jusqu’à la momification du cadavre de Lénine.

En ce sens, la « modernité » n’a pas échoué par son contenu, ni par ses souhaits de libération ni par ses méthodes, mais bien au contraire, par relâchement, par inclination passéiste, ces manies qui vous poussent aux automatismes que la tradition vante. La modernité n’a pas échoué par prétention, mais par fanatisme.

Toutes les jeunes religions se hâtent à la barbarie.

Quand la démarche rationnelle tente d’approcher le réel avec le moins de subjectivité possible, lorsqu’elle s’efforce de bâtir une nouvelle compréhension plus exigeante, moins approximative, moins souple aux besoins des leaders - augures, oracles et gourous - la métaphysique, à l’opposé, offre aux « êtres de pouvoir » la capacité de faire du « feeling » le plus répandu, du malaise le mieux assimilé, du mal-être le plus ordinaire des concepts abscons, aptes à fasciner l’imprudence, façonnée. Une vue de l’esprit changée en mode de pensée, puis de croyance.

C’est l’envoûtement contre la raison, l’éloquence contre la preuve – mystification.

La métaphysique surestime l’impression, exploite le ressenti, ne base ses observations que sur le pressentiment. On ne battit rien sur l’impression. Rien d’autre que l’expression de signes abstraitement collectifs voués à structurer une compréhension sur l’affect, le sentiment « commun » d’être – produit phare des avant-gardes « imaginaires ».

Laissez vous convoquer par « l’esprit de l’époque », réquisitionnez le généreusement, et listez avec aplomb quantité de banalités sur le ton de la découverte, de l’illumination ; vous obtiendrez sans mal compliments, ovations, courtisan-nes et épigones.

La mainmise est aisée : flatter l’instinct.

« Adhésion totale de l’individu à un idéal/croyance qui le dépasse » : foi.

La métaphysique, déployée en propagande, est l’antichambre des nouvelles religiosités.(Bis)

Pour elle, tout n’est plus que relation personnelle au réel, tout s’enfonce lamentablement dans l’enquête tendancieuse.

D’un coté, une haine prononcée de « l’universel », mais de l’autre, un saisissement intime qu’iels tendent à élever en « commun ».

Ainsi, l’émeute, le vol, la fraude, le crime, le squat, la débrouille, deviennent le sujet d’analyses lourdement subjectives.

Une démonstration centrée sur « l’être » dans l’instant, mais un instant toujours vécu sur un mode de conscience bourgeois, qui aborde la précarité, la solidarité, la riposte ou l’organisation, comme des exotismes dont iels seraient interprètes, et non comme des pratiques liées à la nécessité - seulement vécues comme des « expérimentations » dont iels pourraient s’arracher en temps voulu - riches .

Une vie à revêtir le temps du commentaire - sans connaître ni comprendre.

Zonards d’été - révoltes & vacances.

Un néoromantisme, au mieux, employé à esthétiser l’ennui d’un monde lettré, au pire, une bouillie hypnotique seulement capable de renseigner sur la bêtise de notre époque toujours plus égotique.

C’est là l’impératif de ceux et celles qui désirent faire du domaine de la sensation, l’espace évanescent de leur politique.

La métaphysique nous prévient de la connaissance rationnelle pour rétablir une forme d’interprétation qui échapperait à la gravité.

Un territoire, qui n’est ni celui du ciel-vertical, ni celui de la terre-horizontale, mais dans cet entre deux favorable à toute fantaisie ; une « transversalité » montante, pour un autoritarisme informel.

C’est un brouillard spéculatif qui permet à n’importe qu’elle supposition de domestiquer la conscience. L’espace éthéré de la présomption qui au fond, permet tous les abus, toutes les tromperies, puisqu’il est indémontrable, introuvable ailleurs que dans la formation d’extrapolations devenues collectives, ailleurs que dans la commune de disciples. (D .3)

Et que peu l’ingénuité des fidèles ?
La condition extatique du prosélyte ?
Face à l’expression préméditée vers l’emprise ?

La « magie », son influence, au sens du piètre Novalis, règne en maître sur les espoirs abêtis.

Nous savons la superstition plus forte que l’intelligence, l’argument infime face au pouvoir des viscères, ce pourquoi la circonspection est loin d’être accessoire.

Ce qui nous importe : l’utilisation d’outils, de notions, qui puissent rendre intelligible et donc accessible le réel, qui puissent nous permettre de parachever au mieux nos objectifs, de nous auto-organiser le plus égalitairement possible, et donc d’éviter les fumisteries conceptuelles promptes à ériger les petites chefferies théoriques, extralucides, ces mollahs de la révolte, tous ces spécialistes de la confiscation.

Soit, si l’objectivité n’est plus une destination crédible, si le pragmatisme utilitaire et la conduite des « masses » vers leur libération sont des conceptions surannées, la subjectivité radicale, le sentimentalisme racoleur, la sur-interprétation prophético-décliniste le sont tout autant.

Car derrière les catégories apparemment « abstraites » de la pensée, leurs résultats s’imposent et se développent ; autant que les désirs de maîtrise se réalisent.

On comprend alors que pour les apprentis idéologues, l’ingouvernabilité n’est pas qu’une « inédite » conception - encore de l’exclusivité sans histoire - naît de la coordination de collectifs autonomes. Mais qu’elle reste une opportunité d’accroître la monopolisation des idées ; Redéfinition - Entrisme.

L’ingouvernabilité devient alors une ixième narration de l’insubordination, à peine retouchée, qui agite a peu de frais le volontarisme et la désertion, et puise dans « l’oubli de l’être » toute une palette de réflexions teintées de « re-sacralisation ». L’ingouvernabilité qui se présente de la sorte n’est qu’une énième « révélation », contre « la civilisation » occidentale, ses « lumières », son « mode de vie », vers une alliance qui transcenderait « toute forme de différence » - interclassisme et apolitisme - par et pour une « rupture métaphysique » ; Redites - Marottes.

Un spiritualisme juvénile, le récit du réagencement de « l’être » aux instructions « suprasensibles », vers les vieux mythes réactionnaires que sont la « communauté immédiate », la « totalité organique » ; « accomplissement » et « unité intérieure ».

Métapolitique : « idéologie spectaculaire de la »...Confusion.

Aucun croquis, l’incantation vitaliste et la légèreté joviale ; une autre promesse. (B.2)

C’est la petite implosion des sens qui s’y convoite, contre l’atonie généralisée.

Il ne s’agit plus de révolution - pour l’ensemble des foules que les semaines épuisent - mais d’un délassement public, créatif, enjoué, à la portée de ceux et de celles qui ont les moyens d’y participer.

Les libres entrepreneurs de l’expérience sociale, la catégorie-fiction à laquelle nous appartenons : la « jeunesse ».

« Jouir sans entraves » ? Et puis ?

Ici, l’intégration au capitalisme des joyeusetés militantes reste impensée.

Tendez aux printemps des souvenirs épiques, offrez leur l’image du déchirement, l’ivresse et ses postures, pour des évocations légendaires, la fierté de « l’avoir fait », qu’iels se redirigent ensuite progressivement vers les constats de l’échec, les chaires critiques, les bureaux de la mégalopole, l’intérim, la vie de famille ou la défonce.

Les plus pieux migrent vers les ZAD, les « comfort zone » et survivent ; le sang du Christ en cubis y atténuera la peine.

L’amusement est fugace, la joie fuyante, la dépression post-mouvement anxiogène.

Et les beaux rêves deviennent des insomnies.

Mais dans les renfoncements de quelques mémoires, des hargnes s’éternisent et s’épandent.

Les experts de l’embrigadement savent combien nous sommes vulnérables.

C’est l’Appel des clergés qui lorgnent la guerre, et recherchent les frères d’armes de leur héroïsme de caserne.(...)

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Note

Pastiches précédents toujours disponibles.

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Mots-clefs : brochure | auto-critique

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