Harcèlement des migrants et migrantes dans le nord-est parisien

Quelques nouvelles récentes suite à la dernière évacuation de campement le mercredi 29 juin.

Le mercredi 29 juin une énième opération police – associations humanitaires a eu lieu pour évacuer le campement installé depuis une quinzaine de jours halle Pajol.

Comme d’habitude un cordon de flics a été installé à l’aube pour empêcher des personnes extérieures au campement, c’est à dire aux gens qui dorment dehors à côté mais aussi à des personnes parties aux toilettes ou faire la queue devant je ne sais quelle administration, de venir « profiter » de l’opération. "Profiter" pour un-e- migrant-e ça veut dire parfois passer 3 jours sur des lits de camps rangés à 15 cm les uns des autres dans des gymnases dans lesquels des élus ont usé de violence physique pour les faire dégager [1].

Bref, comme toujours pas mal de personnes sont restées sur le carreau. Après avoir été poussées de force dans le métro à Marx Dormoy, ces personnes se sont regroupées pour monter un nouveau campement, sachant qu’ensemble on est plus fort-e-s, pour affronter la rue, pour organiser le quotidien dans des conditions extrêmes et aussi peut-être, rêvons un peu, pour organiser une lutte pour des logements et des papiers pour toutes et tous.

Chacune de ces tentatives de regroupement et de réinstallation ont alors été violemment réprimées par des escadrons de gardes mobiles et autres bleus. A Jaurès d’abord, en face de France Terre d’asile, là où il faut faire la queue plusieurs jours pour obtenir le ticket avec le RDV à la préfecture permettant de déposer une demande d’asile. Là les flics ont gazé et chargé pour empêcher l’installation des tentes et matelas. Plusieurs tentes ont été détruites.

À Saint-Bernard, ensuite, là les flics ont tout d’abord nassé les personnes qui tentaient de s’installer sur le parvis et ont embarqué une dizaine d’exilé-e-s. Puis, au son d’Assassin de la police et La mégère gendarmicide (qui sortait à fond de l’appartement d’un voisin solidaire), les molosses sont venus récupérer de force tentes et duvets, n’hésitant pas à enfoncer leur matraque dans le dos d’une jeune femme qui tenait sa petite fille dans un bras et une tente dans l’autre. Ensuite ils ont nassé les tentes. Et oui, le ridicule ne tue pas, contrairement à la police ! Comme le leur a fait remarquer une personne solidaire, il ne faut pas s’étonner que « Tout le monde déteste la police » soit un slogan en vogue, slogan qui a donc été repris en « Tout le monde déteste les gendarmes ».

Malgré la chasse aux migrant-e-s qui s’est poursuivi toute la soirée, les exilé-e-s ont réussi à se regrouper et passer la nuit ensemble vers le cinéma mk2 quai de Seine. Ce matin ils et elles ont été évacué-e-s vers la rotonde Stalingrad pour un contrôle d’identité puis embarqué-e-s dans une annexe de la préfecture de police au 22 rue de l’Aubrac dans le 12e arrondissement.
Hier plusieurs dizaines d’entre nous ont enchaîné des heures et des heures de rassemblements bruyants devant les commissariat pour demander la libération de camarades arrêtés lors de la manif du 28 juin ou arrêtés chez eux au petit matin dans le cadre d’une enquête sur des dizaines de manifestations menées depuis le début de l’état d’urgence (ces derniers ont été libérés). Ce serait peut-être bien de continuer dans le 12e pour les exilé-e-s contraint-e-s de lutter pour leur survie. En attendant mieux… En attendant un mouvement offensif pour que le monde ne soit pas seulement conçu et rêvé par et pour une classe de privilégié-e-s circulant d’aéroport en aéroport et d’une chaîne d’hôtels standardisés à l’autre. Pour qu’il n’y ait pas d’êtres humains à qui ne soient concédées que les marges.

Notes

[1Voir cet article.

Mots-clefs : sans-papiers | répression
Localisation : Paris

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