Handiphobie à l’Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis

Je suis étudiant en sciences politiques à Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, et en situation de handicap.
Mon handicap n’est pas visible. Et je témoigne d’un an d’handiphobie systémique à l’université Paris 8.

Intro

Je suis étudiant en sciences politiques à Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, et en situation de handicap.
Mon handicap n’est pas visible.
Je suis handicapé depuis que j’ai été envoyé à l’UHSA par le préfet du Val de Marne, lors d’un séjour à Fresnes (lié à mon militantisme).

À l’UHSA, j’ai été piqué trois fois par jour pendant un mois et demi, de médicaments dont je ne savais rien. J’ai été piqué de force, par une dizaine d’infirmiers à chaque fois. Ainsi que sous contention pendant 10 jours, nu.
Les médecins s’étonnent (dans un dossier médical incomplet, que j’ai réussi à récupérer) après trois semaines que je n’ai toujours pas accepté mon sort. Il faudra deux fois plus de temps.

Cette parenthèse pour dire que je me suis battu avant mon incarcération, pendant, et que je continue à me battre maintenant.

Je suis reconnu handicapé par la MDPH à +50 %. J’ai des problèmes de concentration, de compréhension, de mémoire, de fatigue, de sommeil, de tremblement entre autres, reconnus par un neuropsychologue.

À Paris 8, bien que j’ai effectué les démarches administratives auprès du service handicap, l’année dernière et très tôt cette année, je me suis confronté dès l’année dernière à des professeurs qui ne reconnaissaient pas mes droits, et à des responsables qui prenaient systématiquement leur défense. Comme si j’étais un agresseur en réclamant mes droits.
D’après mes cours on appelle ça une handiphobie systémique.

Comment ça se passe

La procédure se déroule comme ceci :

  • Je dois d’abord demander par mail au professeur, mon devoir corrigé ainsi que ma note (je me rends compte du problème sur le relevé de note)
  • Le professeur ne répond pas, et je fais une relance, suivi d’une deuxième et d’une troisième car toujours pas de réponse.
  • Je fais une relance avec un responsable de la licence/département en copie
  • Le professeur répond avec mon devoir corrigé ainsi que ma note.
  • J’indique le problème aux professeurs (ici des tiers temps non respectés).
  • Les professeurs m’indiquent que je ne peux pas me corriger (je suis gentil).
Le premier cas

Dans le premier cas l’année dernière, une professeure de TD de Droit Constitutionnel, divise mon temps d’examen par trois.
Lorsque j’ai indiqué un problème aux responsables du département de sciences politiques, je n’avais pas cette information.

Pour moi le problème était dans le corrigé. En m’enlevant 5 point sur 6 pour manque de clarté, ou 4 points pour une "réponse peu rigoureuse", je devais signaler que compte tenu du temps qui m’était donné, je n’ai pas pu développer plus les réponses.
J’explique que mon handicap demande des aménagement particuliers, et que 5 minutes pour enchaîner les questions, ce n’est pas possible pour moi.
Ce n’est pas possible pour moi de répondre aux questions et d’être « clair », quand bien même cette correction manque de clarté elle même.

La responsable de la licence m’affirme que j’ai bien eu un tiers temps et que des commentaires sont présents. Mais que j’ai le droit à titre EXCEPTIONNEL à une nouvelle correction par les responsables du département.

Un des responsables du département m’envoie un mail pour me dire que j’ai bien eu un tiers temps, et que mes réponses étaient courtes (comme c’est dommage pour moi).
Je réponds au responsable du département : « Je rajouterai un avis personnel à nos avis divergents. Vous êtes les flics auxquels vous vous opposez et vos méthodes un tant soit plus fines sont toujours le reflet de cette violence sociale que vous pointez du doigt. »

Je décide donc de demander à d’autres personnes, combien de temps avait duré l’examen initial.
On me répond en moyenne 1h30. J’en informe donc par mail les responsables du département de sciences politiques et la professeure.
Je reçois cette réponse :

"Bonjour.

À la suite de votre dernier message, nous avons demandé à notre collègue XXXXXX de nous envoyer tous les éléments du dossier ; elle s’est alors aperçue qu’elle avait, de bonne foi, communiqué une information erronée que nous vous avons relayée. "

Je peux que remercier la bonne foi de ce professeure qui n’a pas manqué de mettre une personne atteinte d’un handicap dans des conditions détestables. En me retrouvant du coup, face à plusieurs interlocuteurs à qui je n’ai pas manqué de me répéter donnant une impression d’acharnement de leur part, alors que je ne faisais que faire état d’une réalité que je vis au quotidien et leur demander de la prendre en considération.
Le responsable du département m’a alors proposé de doubler ma note, la passant alors de 7,5/20 à 15.

Du 5 Février 2020 pour mon premier mail au professeur au 8 Juin 2020 pour le mail du responsable du département, soit plus de 4 mois de mails, d’attente, et de réponses à des professeurs qui ne lisent pas ce que je leur écris (ou qui n’en tiennent pas compte). Je tiens à souligner l’effort que ça représente, et encore plus quand on a des difficultés dans le quotidien, liées par exemple à son handicap.

Le deuxième cas

Il s’agit ici du département de philosophie.

J’ai reçu au rattrapage d’un cours de philosophie, la note de 5/20. J’ai envoyé plusieurs mails au professeur afin de rentrer la note sur le relevé de note, me disant que vu que la note de rattrapage était égale à la note initiale, je peux faire valoir une absurdité d’un professeur (ça arrive, et il me semble que c’est le cas ici). Évidemment le professeur ne m’a pas répondu.
Et j’ai réalisé que je n’avais pas eu de tiers temps.

L’examen de rattrapage par Skype, a été fait sous la forme d’un dialogue, et le professeur attendait des réponses rapides (comme un dialogue en fait).
J’ai envoyé un mail à différents responsables du département de philosophie, faisant état d’un devoir au rattrapage qui n’avait pas bénéficié de tiers temps, et dont la note était très mauvaise (5/20).

Le problème c’est que le professeur avait déjà un discours handiphobe pendant son cours, pour lui les handicapés sont un problème pour l’archi-égalité dans la société, car la société est constituée de compétition (oui ce prof de philo à p8 est de droite), et que les valides devraient donc se couper les membres et se crever les yeux (entre autres) pour être égaux aux handicapés, les handicapés étant donc un problème pour la société. Ce professeur avait également un discours raciste, en disant que l’intersectionnalité était une connerie.

La stratégie du professeur a été de me faire passer pour un cancre qui ne sait pas ce qu’il fait à l’université en sortant le premier devoir que je lui avais rendu (auquel je n’avais pas eu de tiers temps également)

Le directeur du Département de Philosophie n’a pas été tendre dans la défense de son collègue, et a accepté l’argumentaire du professeur, le problème ce n’est pas le tiers temps, c’est que je suis mauvais/stupide/ce que vous voulez de mal.

J’ai demandé à plusieurs reprises une confrontation avec le professeur, qui n’a jamais été accordé. Le directeur du Département de Philosophie m’a proposé de me réexpliquer « tranquillement les choses » si je persistais à me croire « injustement traité ».

Je vais maintenant citer des passages du directeur du Le directeur du Département de Philosophie dans les mails à mon encontre.

« Vous invoquez vos droits de façon répétée ; mais vous semblez ignorer totalement que vous avez également des devoirs, le premier d’entre eux étant de ne pas diffamer la personne avec qui vous êtes en désaccord.
D’autant que vous êtes très peu crédible dans vos accusations de racisme et d’handiphobisme »

Je mens.

« il faut également un niveau philosophique crédible. Or, je ne vous le cache pas, la copie de trois pages (en réalité 2) du devoir de novembre 2019 donné en pièce jointe par XXXXX, est du niveau d’un élève moyen de Terminale en début d’année. Ce qui fragilise (pour ne pas dire plus) toute demande de réappréciation positive de vos notes. »

 Je suis donc super mauvais.

« J’ai donc mis à profit ces trois dernières semaines pour rencontrer Mme XXXX, Responsable du service administratif, M. XXXX, Directeur des sports chargé de la mission inclusion et Mme XXXX, Chargée d’accueil, ainsi qu’un Professeure de Sciences politiques, où vous avez déjà eu un différend » (voir au-dessus pour le différend, je suis vraiment mauvais comme étudiant). « Il ressort de ces entretiens que, si personne ne doute de votre handicap, et que vous releviez bien du service Handicap, personne ne sait exactement de quels aménagements vous auriez besoin étant donné que vous n’avez remis ni attestation médicale, ni justificatif !
Si vous voulez que vos droits d’handicapé soient reconnus, il faudrait donc commencer par remplir les obligations qui sont les vôtres ! »

Évidemment ceci est faux, tout est conforme du point de vue administratif, mais il faut bien faire mon jugement dans chacun des mails.

« D’autre part, je tiens à vous redire ce que je vous expliquais dans mon mail précédent : M. XXXX vous a mis la note qu’il pensait être juste, et personne ne peut revenir sur cette note. C’est ainsi, et c’est le droit. En France, et à Paris 8 en l’occurrence, ce ne sont pas les étudiants qui se notent eux-mêmes ! »

Le tiers temps peut-être dans l’histoire ? Non ?

« vous devez avoir une difficulté à vous situer sur le plan de l’abstraction philosophique. Ce qui en soit n’est pas un problème ; mais cela me conduit à vous conseiller d’envisager de réorienter vos études. Cela vous serait davantage profitable que de vous laisser imaginer que, dans les mots dont vous ne comprenez visiblement pas la signification philosophique, se cache une malveillance à votre égard. »

Ok, donc je suis handicapé sans justificatif, mauvais, menteur, et stupide. En fait j’ai pas compris, c’est ma faute.

« Enfin, je vous redis que vos accusations de racisme et d’anti-handicap sont extrêmement graves et qu’elles relèvent du Conseil de discipline du fait que vous portez ces accusations sans en fournir la preuve, ce qui en France est pénalement condamnable. Votre handicap ne vous donne ni le droit d’insulter, ni le droit d’agresser un enseignant ou qui que ce soit d’autre.
Permettez-moi, ici, un conseil puisque vous semblez très revendicatif : sachez qu’avant de demander qu’on respecte vos droits, il faut les établir et apporter la preuve de vos accusations. Sans cela, ce sont vos paroles qui sont sanctionnables. C’est le point aveugle de vos courriers : vous semblez ignorer que vous avez des devoirs.

Après avoir discuté avec toutes les parties, et en accord avec chacune des personnes mentionnées, après avoir tenu compte du fait que vous êtes handicapé (même si le handicap reste indéterminé) et aussi que vous devez avoir fait une erreur d’orientation dans vos études, j’ai décidé de ne pas porter plainte pour cette fois. Mais je vous le redis officiellement, je ne tolèrerais aucun autre écart de conduite de votre part, et je vous conduirais au Conseil de discipline à la prochaine agression. »

Donc, je fais état du tiers temps qui n’a pas été appliqué dans un rattrapage, (je profite pour souligner que lors du premier devoir non plus je n’avais pas eu de tiers temps), et je ne peux pas m’empêcher de faire un rapprochement avec les discours handiphobes du professeurs pendant ses cours. Se retourne en j’agresse un professeur, mes tiers temps, on s’en fout, je suis mauvais et je me suis trompé d’orientation. Et si j’insiste ça sera le conseil de discipline.

Ça s’appelle comment ce genre de comportement en fait ?

Du 7 septembre 2020 pour mon mail au professeur au 24 octobre 2020 pour le dernier mail qui me menace de conseil de discipline par le responsable du département de philosophie.

Mon analyse

Mon analyse c’est que j’ai dû me battre seul par mail avec des professeurs qui n’en avaient rien à faire de ce que je pouvais dire. Et qui n’ont jamais envisagé que ce que je pouvais dire avait du sens/soit vrai. Il s’agit de corporatisme aveugle, et ça n’aide en rien un étudiant, qui contrairement aux professeurs n’a pas de vécu universitaire ou de doctorat. Soulignant, l’effet d’acharnement de professeurs qui se relaient pour nous dire qu’on a tort.
Le service handicap, pourtant en copie de tous les mails, ne m’a jamais contacté ou pris parti dans ces échanges.
Cette violence est handiphobe, tant bien par les professeurs concernés en premier temps, que par le département une fois qu’il prend la défense de son professeur. À aucun moment, les professeurs avec qui je vais échanger par mail, vont se dire que je suis handicapé, et adapter leurs réponses, m’obligeant alors malgré mon handicap à leur répondre à chacun et à subir cet acharnement en étant déjà dans une position de faiblesse (due à ma position d’étudiant — rapport hiérarchique —, et aux difficultés liées à mon handicap).
Dire à un étudiant qu’il est mauvais, qu’il ne comprend pas, qu’il s’est trompé d’orientation alors qu’il fait état de ses conditions d’études et d’examens au vu de son handicap est, en plus d’être handiphobe, de la diffamation.
Aussi la violence avec laquelle les professeurs tombent sur un étudiant est une violence sociale, et représente très bien ce mur invisible auquel n’importe quelle personne qui arrive d’une cité ou de condition sociale très pauvre peut être confrontée. Cette violence qui dit que même lorsque nous avons raison, le monde se charge de nous dire qu’on a tord.

C’est une réalité, et à Paris 8, elle est pleinement effective.

Mots-clefs : université | handicap
Localisation : Saint-Denis

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