En prévision du G7 qui doit se tenir à Biarritz du 24 au 26 août, un militant et journaliste allemand a été arrêté à Dijon la semaine dernière. Sur de simples soupçons, au mépris de la présomption d’innocence, il a été expulsé en Allemagne avec une interdiction de séjour en France (où il travaille) jusqu’au 29 août.
Ennemi·es d’État n°1 en août : les altermondialistes
Le 9 août, un militant de gauche et journaliste pour la station de radio RDL en Allemagne a été expulsé de France dans l’urgence. La raison est la tenue du sommet du G7 prévu à Biarritz du 24 au 26 août, et le contre-sommet de ses opposant·es dont l’État veut se protéger.
Au vu de la très faible justification de l’interdiction de séjour mise en œuvre (jusqu’au 29 août), le pouvoir exécutif semble ignorer toute présomption d’innocence et supplante les pouvoirs judiciaires et législatifs avec sa pratique punitive. Il s’agit d’une nouvelle attaque massive contre les droits fondamentaux et la liberté de la presse.
Propagande et action dans un État (anti-)terroriste
Depuis des semaines, un scénario de menace fort spectaculaire est présenté par l’État (comme ce fut le cas en amont du sommet du G20 de Hambourg) :
Plateforme : http://g7ez.eus/ | Desobéissance active : https://paris-luttes.info/g7-desobeissance-active-12433?lang=fr | Réflexions : https://paris-luttes.info/reflexions-a-la-veille-du-g7-12450?lang=fr | G7 blokatu : https://paris-luttes.info/g7-blokatu-bloquons-le-g7-et-son-12388?lang=fr
Selon l’État, diverses mouvances anticapitalistes, anti-système, black-blocs, internationalistes, indépendantistes et gilets jaunes sont mobilisées contre le sommet de Biarritz depuis la première heure de l’annonce de sa tenue au pays-basque. Il y aurait ainsi une menace de « conditions de guerre civile » et une « perturbation du déroulé du sommet ». Il y a quelques semaines, le ministère de l’Intérieur a annoncé, outre une forte présence et des contrôles militaires et policiers, une « neutralisation préventive » des opposant·es au sommet. La déportation qui a eu lieu avant-hier est une première expression de la pratique d’un appareil qui, sur un littoral atlantique surpeuplé et dans un climat de critique d’opérations policières disproportionnées et parfois létales ces derniers mois, se dirige vers une fin d’août qui s’annonce stressante.
Un contrôle de véhicule en Bourgogne
En fin d’après-midi du 8 août, une patrouille de la Brigade Anti-Criminalité (BAC) contrôle un véhicule allemand dans le département de la Côte-d’Or en Bourgogne Franche-Comté. La personne contrôlée est arrêtée après une fouille du véhicule. Elle est placée en garde-à-vue pour « vérification de droit de séjour » sans autre explication.
Après 22 heures passées dans une cellule d’expulsion, le lien avec le G7 prévu a été révélé. Auparavant, il y a eu l’assistance d’une avocate commise d’office et d’une traductrice (dans la nuit environ cinq heures après l’arrestation). Puis dans l’après-midi du 9 août, un voyage effréné avec girophares vers la frontière de Kehl s’en est suivi. Le militant, qui selon les documents est censé faire partie de la scène d’ultra-gauche est « soupçonné » de délits éventuels qui auraient été commis dans le cadre du G20 de Hambourg et de la protestation contre le projet CIGEO en Lorraine. Il a été ensuite libéré dans le désintérêt total de la police fédérale allemande. Le fait que la personne n’avait pas d’effets personnels, pas de papiers d’identité (obligatoires en Allemagne), ni d’argent ou de vêtements appropriés n’était pas non plus d’importance pour la « police internationale » improvisée. Le contexte de l’extension des pouvoirs de police sur tous les plans est évidemment loin d’être suffisant pour l’exécutif : la punition des fauteurs de troubles présumés s’effectue de plus en plus indépendamment d’un cadre judiciaire.
Des mesures disproportionnées
Alors que l’État français bricole l’image d’une « situation extraordinaire de danger », il n’est guère possible d’observer une proportionnalité des moyens dans cette expulsion rapidissime. D’abord l’intéressé est citoyen allemand travaillant en France et dépendant de sa profession sur le territoire français. Le fait qu’il n’existe pas de délai de départ, même habituel, ne peut être justifié que par la menace existentielle immédiate pour la sécurité et l’ordre intérieur de la République. Les cas de soupçons mentionnés par les autorités chargées de l’enquête ne peuvent guère constituer une base juridique à cet effet. De nombreuses autres mesures auraient été applicables. Mais la décision du ministère de l’Intérieur, qui avait été rédigée le 18 juillet déjà, ne laisse aucune place au doute : les voix critiques de la gauche doivent être écartées à tout prix, même sans qu’une proportionnalité des moyens minimale soit respectée. Même la décision d’interdiction de séjour n’a pas été communiquée à l’intéressé en amont. On peut supposer que de telles décisions existent dans de nombreux cas, à l’initiative de policier·es de Hambourg et d’autres appareils répressifs liés au niveau international qui sont loin d’avoir mis fin à leur chasse aux « euroanarchistes ».
Ces mesures font actuellement l’objet d’une contestation juridique.
Pour un été chaud, en jaune et noir ! Ne les laissez pas vous intimider - en route pour Biarritz !
Si vous avez ou observez des problèmes comparables avec les autorités :
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(Clé PGP EFDD47BB)
Texte disponible en allemand et en basqueici.