Fusil du néonazi de Calais : la préfecture entre incompétence et tentative d’apaisement

Contrairement à ce qu’avait indiqué la préfecture, le fusil brandi par un néonazi dans son jardin, en marge de la manifestation du 23 janvier à Calais, n’est pas factice.

Contrairement à ce qu’avait indiqué la préfecture, le fusil brandi par un Calaisien dans son jardin, en marge de la manifestation des migrants et soutiens du 23 janvier à Calais, n’est pas factice.

La préfecture avait indiqué qu’il s’agissait d’un fusil de type airsoft durant la soirée. Ce soir-là, le service communication précisait également qu’il n’y avait pas de commentaire à faire sur éventuel brouillage des réseaux 3G/4G, et que l’occupation du ferry n’avait rien à voir avec la manifestation. Selon des manifestants, la stratégie policière visait à éviter des affrontements en centre-ville.

Il aura fallu trois jours pour que l’information filtre jusqu’à La Voix du Nord. Incompétence ou tentative d’apaisement ? « l’arme présentée en garde à vue n’était pas la bonne. » révèle le journal. Or, la photo de l’homme en arme circulait sur les réseaux sociaux dans la soirée du 23 janvier.

Quoiqu’il en soit, présenter l’arme comme « factice » a autorisé le Calaisien, dans un premier temps, à se présenter comme victime et non comme un dangereux énergumène. Indirectement, la préfecture a permis à l’extrême-droite de relayer le discours officiel qui innocentait son homme face aux accusations de menace d’une arme réelle. Il avait pourtant pointé son fusil de chasse sur la foule qu’il avait provoqué selon les manifestants présents. L’affaire est devenue nationale après le reportage de France 2 à ce sujet.

France TV info a en effet réalisé un reportage qui présente « David et Gaël », les deux militants d’extrême-droite, comme des victimes de la violence des manifestants. Le reportage ne précise pas que les deux hommes appartiennent à la mouvance d’extrême-droite calaisienne. En effet, proches de Sauvons Calais, ils ont participé à des manifestations au côtés des allemands de Pegida, un mouvement contre l’islam et l’immigration. Le fiston néonazi a également posé devant des drapeaux SS comme l’a révélé le site d’information antifasciste La Horde, photos à l’appui.

« Le père a rapidement été placé en garde à vue ; le fils a été auditionné plus tard, avouant que c’était lui qui tenait le fusil. » ajoute le journaliste Jean-Philippe Delattre dans son article pour La Voix du Nord, avant de préciser les antécédents « d’après une source policière, le fils a fait l’objet d’une garde à vue, en 2010, pour violences avec arme. Ces faits seraient très probablement liés à une agression de migrants, en septembre 2010. Le jeune Calaisien était mineur lors de ces faits. »

Une enquête est ouverte, le parquet a précisé retenir « la menace d’une arme ». « Les deux hommes ont été de nouveau entendus ce mardi. L’arme utilisée serait un fusil de chasse qui n’a pas été déclaré en préfecture, que le jeune homme aurait acquis auprès d’un particulier. Il a expliqué aux enquêteurs s’en servir pour chasser aux Hemmes de Marck. » précise La Voix du Nord. Comme quoi le néonazi a la jugeote de prendre les migrants pour des animaux devant la police.

AK

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