Faisons dérailler le tri social ! - Texte de debrief de l’AG Antifa Paname

| AG antifasciste Paname

Article de debrief du rassemblement anti-expulsions à Gare du Nord du jeudi 19/06 appelé par l’AG Antifa Paname

Faisons dérailler le tri social ! - Texte de debrief de l’AG Antifa Paname

Jeudi dernier, une action a eu lieu à l’appel de l’AG à la Gare du Nord contre la chasse aux sans papiers et le tri social. Cette action a été une véritable réussite : déambulation avec tractage deux heures durant, envahissement des voies, metro gratuit. Un camarade a été interpellé mais la réaction a été immédiate et efficace : l’ensemble du cortège s’est spontanément rendu devant le commissariat afin d’exiger sa libération, arrachant même deux trois képis au passage dans l’espoir d’entamer des négociations. Cette pression a très certainement empêché son transfert vers un autre comico et donc accéléré sa libération.

Nous tenions à nous réunir à Gare du Nord pour lutter effectivement contre le contrôle social et le tri xénophobe qui s’appuie sur des bases racistes pour empêcher des interpellations et des contrôles et pour occuper un maximum les flics.

Par ailleurs, ce lieux s’est avéré très pertinent tout autant dans sa dimension stratégique que politique. En effet, les gares sont des espaces de transit massif mais aussi d’attente. Elles offrent une visibilité certaine de la manif aux usager.e.s, la rendant rejoignable, et elles sont particulièrement complexes à boucler pour les flics. De plus, c’est dans ces espaces-frontières qu’ont lieux le plus régulièrement les contrôles visant à identifier des sans papiers et plus largement ceux que le capital et l’État marginalisent et chassent. Cette action s’inscrit dans un rejet radical des frontières, de l’arbitraire qu’elle imposent et des contrôles qu’elles produisent pour distinguer de ceux qui ont le droit de vivre sur le territoire et ceux qui en sont exclus.

Contrairement à certains partis et syndicats, nos revendications ne sont ni purement symboliques, de l’ordre de la dénonciation, ni minimalistes, à revendiquer de meilleures conditions d’accueuil dans les CRA ou d’élargir l’immigration « légale ». Le problème que pose les organisations qui se permettent de récupérer ce genre d’action est double : politique et organisationnel. Politique car comme nous l’avons dit, leurs perspectives ne voient pas au-delà d’un contrôle social permanent, au mieux adouci. Organisationnel car elles éloignent les individus des formes d’auto-organisation qui, comme on a pu le constater, ont été les seules capables de réagir et de proposer un cadre qui permette de prendre à bras le corps ce sujet. Ces récupérations produisent une apathie collective et un faux ressenti de spontanéité qui invisibilise les possibilités d’organisation par nos propres moyens, sans se référer à des partis ou syndicats qui ne servent que leurs agenda ou leur carrière politique.

Le tri social nécessaire à l’État et au capital nous paraît bien trop dégueulasse pour ne pas continuer de s’y opposer au delà des opérations de communication de Retailleau. Depuis le début de l’année le renforcement des contrôles, dont la grande majorité se réalise en dehors de ces épisodes de rafle, a conduit à 46000 interpellations. Il nous semble donc nécessaire d’investir collectivement les thématiques des frontières, des transports et du tri social qui s’y opère, afin de s’organiser dans des espaces autonomes tels que l’AG Antifa Paname ou autres espaces d’auto-organisation.

AG Antifa Paname

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