Et l’Assemblée, elle est à qui ? Appel à repeupler les lieux de pouvoir

Dès maintenant jusqu’au retrait de la réforme, occupons sans discontinuer le quartier de l’Assemblée et la place de la Concorde. Dressons un siège en règle.

NNos prétendu·e·s représentant·e·s – qui n’en seront jamais, et qui pourraient au mieux être des mandataires responsables (archive) – planchent depuis plusieurs semaines sur le projet de réforme des retraites, d’abord en commission, puis, depuis le 17 février, dans l’hémicycle.

Or, il suffit de regarder un plan de Paris pour constater que l’accès à cette Assemblée dite nationale se fait en tout et pour tout par un pont, deux quais, un boulevard et cinq rues.
Rien de bien sorcier à bloquer – démocratiquement, bien entendu – pour peu qu’il y ait un peu de monde (d’honnêtes citoyen·ne·s) et suffisamment d’intelligence et d’intuition collectives (qualités éminemment démocratiques).

Par un heureux hasard, non loin de l’Assemblée, et même tout près, se trouvent également :

  • le ministère des Affaires étrangères
  • le ministère des armées
  • le ministère de l’Éducation nationale
  • le ministère du Travail
  • le ministère de l’Écologie
  • le ministère de l’Agriculture
  • le ministère de la Cohésion des territoires
  • le ministère des outre-mer
  • L’hôtel Matignon

Mais aussi (pêle-mêle) :

  • le palais de la Légion d’honneur (où trône Jean-François Cirelli ?)
  • la Caisse des dépôts
  • La préfecture de Paris et d’Île-de-France
  • Sciences Po
  • L’École nationale des ponts et chaussées
  • le Bon Marché (qui pourrait effectivement le devenir si le quartier redevenait subitement « populaire »)

Vous l’aurez compris, l’est du 7e arrondissement de Paris is the place to be, un véritable eldorado de lieux de pouvoir, tous – bien entendu – plus démocratiques les uns que les autres. Leurs occupants ne devraient par conséquent avoir aucun mal à accueillir ce « peuple » des suffrages duquel ils déclarent tirer leur « légitimité », et qui devrait en principe se sentir chez eux comme chez lui.

Quelques propositions pour espérer parvenir à nos fins :

1. Filmons les événements (avec prudence : il ne s’agirait pas de nous autoficher), non seulement pour tenter de nous protéger des violences policières et les documenter quand elles surviennent, mais également pour contrer la propagande médiatique extérieure, en lui opposant un point de vue de l’intérieur du mouvement. Imprimons et gardons sur nous les textes de loi qui nous garantissent le droit de filmer la police dans l’exercice de ses fonctions (article), en cas d’intimidation.
Ne les lâchons pas sur le RIO, et n’oublions pas de l’exiger aussi des policiers en civil : demandons-leur en groupe de l’afficher clairement, par-dessus leur équipement, ou bien entonnons des chants (« Mais il est où le RIO ? »). Rappelons-les constamment à leurs obligations légales, pour tâcher de les faire se tenir.

2. Dans l’idéal, il faudrait pouvoir nous installer durablement aux abords des lieux de pouvoir, afin d’y faire sentir notre présence. Concrètement, une véritable occupation passe par la mise en place de structures (cantines, sanitaires, abris, installations diverses, etc.) qui permettent à la fois de marquer notre présence et de tenir nos positions.

Néanmoins, si, comme il est fort probable, les forces de l’ordre (FDO) cherchent à nous déloger et à nous disperser par la force, soyons comme de l’eau, mais comme de l’eau qui déborde : dispersons-nous, reformons-nous plus loin et réinstallons-nous. Si nous sommes une nouvelle fois délogé·e·s, recommençons l’opération et tentons de nous réinstaller au point initial, ou ailleurs. Continuons ainsi autant de fois qu’il le faudra et ne leur laissons aucun répit : il s’agit d’adopter une stratégie de harcèlement et d’épuisement, et non d’affrontement, que recherche précisément la police, et qu’elle provoque pour commettre impunément les pires exactions. Déjouons leurs pièges.

N’oublions pas : si les FDO bloquent l’accès à une zone pour nous empêcher d’y accéder et de nous y installer, ils bloquent cette zone (située dans un lieu de pouvoir) pour tout le monde et, tant que nous faisons sentir notre présence et que nous menaçons d’y retourner, le blocage continue et les FDO, tout en s’épuisant, servent malgré eux nos propres fins. Le blocage des Halles en décembre en est un exemple : les FDO ont fini par devoir vider le centre commercial et l’ont fait fermer (article).

3. La clef d’un siège réussi est une présence constante et renouvelée. Il ne faut pas, comme à la fin des manifs, rentrer tou·te·s chez nous et permettre de ce fait aux FDO de rentrer chez elles. Il nous faut organiser une relève les un·e·s des autres et nous relayer, les presser sans cesse et bloquer ainsi continuellement la zone assiégée.
Nous avons besoin d’être suffisamment nombreux.ses, mais nous avons surtout besoin d’être déterminé·e·s, solides et bien organisé·e·s. Par la relève, le nombre d’occupant·e·s et de bloqueur·euse·s n’a pas besoin d’augmenter tant qu’il ne diminue pas.

Les FDO, bien que considérablement équipées et surarmées, peuvent au final être très rapidement désavantagées par le nombre et, pour peu que l’occupation et le blocage deviennent continus et permanents, elles ne pourront raisonnablement pas soutenir un siège ininterrompu.

Nous sommes entré·e·s dans un état de guerre sociale, et cette guerre sociale est une guerre d’usure.

La classe dominante a pour elle l’appareil législatif, dont elle use de manière scélérate, et elle a par conséquent le monopole de la violence dite légale. Celle-ci se déploie à travers un corps de FDO désormais proche d’une milice, servant des intérêts particuliers (dont les siens propres) et soustraite à tout contrôle démocratique (article).
Mais, en fin de compte, cette classe dominante n’a pas le nombre (d’où son procès en illégitimité), et si les FDO ont pu jusqu’à présent contenir de nombreuses manifestations qui se déroulaient à des intervalles rapprochés, mais qui restaient séparées les unes des autres, leur accordant ainsi des temps de relâche, ces mêmes FDO s’épuiseront rapidement si la manifestation et le rassemblement deviennent permanents.

4. La menace, l’intimidation, le chantage, qui passent entre autres par la criminalisation ou la délictualisation de toute forme de contestation, font partie intégrante de la stratégie de dissuasion et de répression affichée par le pouvoir en place, qui pousse jusqu’à leurs extrêmes le dévoiement et la perversion d’institutions déjà suffisamment viciées en elles-mêmes.
Pour ne prendre qu’un exemple, les interdictions administratives de manifester dans certains lieux aboutissent à des amendes de 135 euros infligées arbitrairement aux personnes ayant eu le malheur de se trouver dans une zone où les préfets craignent un départ de mobilisation qui pourrait leur échapper. À Paris, le 1er février, après avoir hypocritement refusé aux Gilets jaunes le parcours de manifestation qui était pourtant le plus approprié à leurs revendications, la préfecture a annoncé avoir dressé 403 amendes pour « participation à une manifestation sur la voie publique interdite ». De quoi faire passer toute envie de manifester, surtout lorsqu’on voit les circonstances sinistres dans lesquelles les événements se sont déroulés (vidéo).
Dans l’Éducation nationale, les tentatives d’étouffement de la contestation ont été tout aussi sordides : menaces à peine voilées des rectorats envers des enseignants en grèves (exemples ici et ici), envoi de la police dans les lycées (exemples ici et ici), avec la violence qui s’en suit (article), gardes à vue et déferrement d’adolescent·e·s (article), flicage des lycéens mobilisés sur les réseaux sociaux (article), suivi d’intimidations, de chantage au zéro ou de sanctions arbitraires qui peuvent hypothéquer leur avenir (article), etc.

Face à ces atteintes arbitraires à nos droits, qui s’abattent sur chacun·e pour mieux isoler, effrayer et désespérer, il nous faut désormais désobéir, et désobéir ouvertement, massivement et collectivement afin de rendre inopérantes les tentatives de dissuasion qui passent par la répression individuelle. Il nous faut être assez nombreux·euse·s et/ou soudé·e·s pour pouvoir refuser en bloc l’intervention et les injonctions des FDO, et manifester par là même que nous ne leur reconnaissons plus aucune autorité ni légitimité.

Ainsi, dans une zone que nous cherchons à occuper, si, comme elles y sont parvenues le samedi 1er février (vidéo), les FDO essaient de rafler (dans plusieurs rues en même temps), de nasser et de regrouper plusieurs centaines de personnes, pour ensuite les faire sortir une à une et leur infliger une amende, deux réponses collectives s’offrent à nous :

  • Soit nous sommes assez nombreux.ses et regroupé·e·s dès le départ pour rendre impossible la nasse et la verbalisation.
  • Soit, s’ils parviennent à nous nasser et nous arrêter par petits groupes, que chacun.e de nous refuse (et incite tous les membres de son groupe à refuser) de décliner son identité et de payer l’amende. Nous pouvons ignorer les policiers et nous murer dans le silence. Ou bien lever tou·te·s les mains en l’air, les mettre sur nos têtes, ou encore les leur présenter comme pour les inciter à nous arrêter (vidéo). Les FDO seront alors contraintes, soit de tou·te·s nous relâcher et de perdre la face, soit d’embarquer l’ensemble des groupes au commissariat et donc d’étaler au grand jour l’ampleur, l’injustice et l’arbitraire de leur répression.
    Par cette désobéissance civile collective et pacifique, il s’agit non seulement de leur signifier que nous ne leur reconnaissons plus aucune légitimité, mais également de leur faire assumer la pleine responsabilité de la violence (vidéo).
    Encore une fois, dans pareil cas, filmons les FDO (point 1) pour nous protéger de toute tentative d’intimidation physique et/ou morale. Tâchons de les obliger à se tenir.

Note : Dans tous les cas, ces amendes peuvent être contestées (vidéo et article)


L’autorité n’est établie que pour sauvegarder, défendre et perpétuer les inégalités sociales ; la législation propriétaire, l’armée, la police, la magistrature, les codes et les règlements n’ont été institués que pour cautionner l’état de déséquilibre qui a été imposé aux hommes par la société, pour enchaîner la liberté des uns au profit de celle des autres, pour éterniser les mesures de spoliation qui ont créé la misère du plus grand nombre.
Jules Lermina

L’occupation des lieux de pouvoir ou de leurs abords est bien plus légitime, fondée en droit, et même (osons aller jusque là) républicaine et démocratique que pourrait le prétendre le pouvoir en place (ce qu’il ne manquera assurément pas de faire).

Depuis le début, et par les moyens mêmes qu’elle a mis en œuvre pour accéder au pouvoir, la Macronie exploite à fond les travers d’institutions viciées pour servir des intérêts particuliers. Cette imposture démocratique fait feu de tout bois et a réussi à nous imposer en moins de 3 ans les réformes les plus contraires à l’intérêt général, au prix d’une violence sociale inouïe. La répression policière et judiciaire mise en œuvre, sans guère de précédent depuis la fin de la guerre d’Algérie, n’est finalement que le reflet de l’aggravation de tendances autoritaires à l’œuvre au sein de l’appareil d’État français, sous un vernis démocratique de plus en plus mince, à l’instar des pires « démocratures », telles que la Russie ou la Turquie. Depuis plusieurs années de néolibéralisme, « le défaut croissant de consentement aux politiques menées n’a été suppléé que par le recours croissant à la force physique organisée, c’est-à-dire aux appareils de répression de l’État » (article).
L’IGPN a fini de démontrer son rôle d’étouffoir judiciaire, au service de l’impunité des FDO et de leurs pires exactions.
Le recours massif aux ordonnances et à la procédure accélérée pour faire passer rapidement et en force des lois de destruction sociale (réforme du Code du travail, des retraites) illustre bien la volonté de se soustraire à tout contrôle un tant soit peu démocratique et de gouverner autocratiquement, en faisant fi de tout corps intermédiaire et de toute contestation populaire, si majoritaire soit-elle (article).
Le projet de réforme des retraites envisage ainsi de recourir à pas moins de 29 ordonnances « pour la définition d’éléments structurants du nouveau système de retraite » (article). Et le gouvernement n’exclut apparemment même plus d’utiliser le 49.3 pour imposer sa loi. Mais même sans ce type de manœuvres, l’Assemblée s’est depuis longtemps révélée être une simple chambre d’enregistrement des volontés gouvernementales, renonçant docilement à tout rôle de contre-pouvoir et à tout mécanisme de contrôle.

La criminalisation et la délictualisation de toute forme de contestation sont les signes manifestes de l’instrumentalisation et du dévoiement des appareils policiers et judiciaires à des fins politiques de répression sociale : graves atteintes au droit de grève (article), à celui de manifester (article), le tout accompagné d’intimidations et de menaces (article).

Quand Macron déclare avec tartuferie : « Aujourd’hui s’est installée dans notre société – et de manière séditieuse, par des discours politiques extraordinairement coupables – l’idée que nous ne serions plus dans une démocratie, qu’une forme de dictature se serait installée. Mais allez en dictature ! Une dictature, c’est un régime où une personne ou un clan décident des lois. Une dictature, c’est un régime où on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c’est cela, essayez la dictature et vous verrez ! La dictature, elle justifie la haine. La dictature, elle justifie la violence pour en sortir. Mais il y a en démocratie un principe fondamental : le respect de l’autre, l’interdiction de la violence, la haine à combattre. […] Celles et ceux qui portent cette violence, celles et ceux qui, avec cynisme quelquefois, l’encouragent, celles et ceux qui taisent tout reproche qu’il faut avoir oublient une chose très simple : nous sommes une démocratie », non seulement il continue de criminaliser la contestation (même purement verbale : « séditieuse », « coupable »), semble oublier que son propre premier ministre justifie la violence (pudiquement appelée « force ») pour en sortir (« il faut parfois utiliser la force pour ramener l’ordre, et il ne faut pas en avoir peur ») et qu’un préfet de police désigne des « camps » (article) sans être inquiété, mais il fait surtout mine de ne pas savoir qu’entre la soi-disant démocratie et la dictature – qu’il présente comme des pôles exclusifs l’un de l’autre –, il existe tout un spectre de régimes, à tendance plus ou moins liberticides et plus ou moins autoritaires, et qu’une démocratie, surtout aussi approximative que la nôtre, est sujette à être dévoyée et à se dégrader en un régime autoritaire qui se réclamera hypocritement de la démocratie et tentera de s’abriter sous ses oripeaux.

Dans son discours sur la Constitution de 1793, Saint-Just disait : « Vous avez décrété qu’une génération ne pouvait point enchaîner l’autre ; mais les générations fluctuent entre elles ; elles sont toutes en minorité, et sont trop faibles pour réclamer leurs droits. Il ne suffit point de décréter les Droits des hommes ; il se pourra qu’un tyran s’élève et s’arme même de ces droits contre le peuple ; et celui de tous les peuples le plus opprimé sera celui qui, par une tyrannie pleine de douceur, le serait au nom de ses propres droits. Sous une tyrannie aussi sainte, ce peuple n’oserait plus rien sans crime pour sa liberté. Le crime adroit s’érigerait en une sorte de religion, et les fripons seraient dans l’arche sacrée. Nous n’avons point à craindre maintenant une violente domination : l’oppression sera plus dangereuse et délicate. »

Et c’est dans la Constitution de 1793 qu’on trouve le fameux article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs », prudemment effacé par la suite de toutes les autres constitutions (article).

L’insurrection, quelles que soient les circonstances qui la motiverait, est aujourd’hui lourdement punie (article).

« La source de tous nos maux », disait Robespierre en 1792, « c’est l’indépendance absolue où les représentants se sont mis eux-mêmes à l’égard de la nation sans l’avoir consultée. Ils ont reconnu la souveraineté de la nation, et ils l’ont anéantie. Ils n’étaient de leur aveu même que les mandataires du peuple, et ils se sont faits souverains, c’est-à-dire despotes, car le despotisme n’est autre chose que l’usurpation du pouvoir souverain. »

Qu’est-ce qu’une démocratie où les mandataires élu·e·s ne représentent pas, mais supplantent, ne construisent pas, mais détruisent, n’obéissent pas, mais commandent, ne proposent pas, mais imposent, ne convainquent pas, mais cherchent à vaincre, ne descendent pas, mais montent et s’isolent ?
Qu’est-ce qu’une démocratie où les élu·e·s sont soustrait·e·s pendant 5 ans à tout contrôle des bases dont ils et elles émanent, et à toute sanction démocratique telle que la révocabilité ?

Ce fonctionnement est celui d’une oligarchie renouvelée (en partie, et en partie reproduite) cycliquement, qui, pendant la durée de son mandat, n’a de comptes à rendre à personne et peut trop facilement, dans une dérive autoritaire, transformer le pouvoir en outil de domination.

Or rien n’y fait : en dépit d’une opinion majoritairement opposée, de la durée inédite, de l’ampleur et de la diversité de la contestation, des démonstrations de tous bords de l’iniquité et de la nocivité de cette réforme, des mises en garde émanant d’organes mêmes de l’État (article), le gouvernement persiste à passer en force. Comme le dit Rancière, les puissants ont lancé « toutes leurs forces dans cette bataille » contre la solidarité collective, qui « est pour eux si décisive » (article).

Puisque donc le régime actuel nous a littéralement confisqué et a méprisé le droit de prendre en commun les décisions sur ce qui nous concerne tous, sur ce qui affecte nos vies et non celles de nos dirigeants et des puissants en général, puisqu’il va jusqu’à nous refuser le droit de demander des comptes à celles et ceux qui sont censé·e·s faire des propositions (et non des impositions) dans notre intérêt, mais qui se soustraient avec férocité à tout contrôle démocratique, nous sommes contraint·e·s au rapport de force et à la guerre d’usure, et nous sommes fondé·e·s en droit, face à l’usurpation oligarchique du pouvoir, à répondre aux coups qu’on nous porte brutalement, sans vergogne et sans aucune légitimité.

Les Gilets jaunes nous ont enseigné une chose capitale, que Macron a lui-même laissé entendre dans un moment d’égarement (« qu’ils viennent me chercher ») : le pouvoir oligarchique n’entend et ne fait mine de comprendre que lorsqu’on vient le chercher dans ses propres quartiers et qu’il craint pour lui-même.

Il ne sert aujourd’hui plus à rien d’avaler des kilomètres inutiles entre République et Nation. Devant l’imposture présidentielle et la farce parlementaire, réinvestissons les lieux de pouvoir qui prétendent émaner de notre souveraineté.

Rappelons nos prétendu·e·s mandataires à leurs obligations : faisons passer aux classes dirigeantes ce sentiment d’impunité qui les pousse à nous imposer des réformes qui vont à l’encontre de nos intérêts, sentiment d’impunité dont les violences policières ne sont que le garant et le reflet.

La légitimité démocratique ne peut pour le moment qu’être du côté de la rue, puisque les formes actuelles de représentation ou de délégation de la volonté se sont révélées soit inadéquates, soit impuissantes, soit usurpatrices, et que toutes les autres formes nous sont refusées.

Tout ce que nous avons donc à faire, c’est, comme nous l’ont appris les Gilets jaunes, d’être là, tou·te·s, GJ, syndicalistes, militant·e·s et opposant·e·s de toutes sortes, toujours là, sans discontinuer, dans toutes les rues autour de l’Assemblée, sur le pont et sur la place de la Concorde.

Il ne s’agit pas ici seulement de bloquer, mais d’occuper, de faire sentir notre présence à celles et ceux qui prétendent nous représenter, de les rappeler constamment à leurs obligations et de ne leur laisser aucun répit.

Faisons de la place de la Concorde et du jardin des Tuileries, en face de l’Assemblée, l’épicentre de la contestation. Approprions-nous cet espace, avec des points d’orgue les week-ends et les jours de manif.

S’ils barricadent l’Assemblée, restons devant, restons autour.
S’ils finissent par se barricader dans l’ensemble du 7e arrondissement, non seulement le siège sera un succès, mais le pouvoir dévoilera définitivement l’imposture de son vernis démocratique et se montrera tel qu’il est : une oligarchie retranchée dans son quartier général.

Tant que nous le pouvons et que nous ne sommes pas contraint·e·s à la légitime défense (de nos corps), restons non violent·e·s. Il est évident que les actions de désobéissance civile sont devenues presque impossibles, tant le pouvoir et sa police portent une stratégie de provocation et de répression féroces, tout en stigmatisant hypocritement et à outrance la violence des manifestant·e·s, en la décontextualisant et en la vidant de son contenu politique, pour tenter de décrédibiliser les mouvements sociaux.

Sans verser dans l’angélisme, rester, autant que faire se peut, non violent·e·s, permet de dévoiler au grand jour la violence de l’État et sa répression policière, de montrer que c’est elle qui est première, et qu’elle est employée non pour « rétablir l’ordre public », mais bien pour mater toute contestation de l’ordre établi.
L’État, à travers l’usage politique qu’il fait de sa police, porte l’entière responsabilité de la violence. Ainsi, désobéissons massivement, sans violence si c’est possible, mais, s’il le faut, défendons-nous.

Il faut les avoir à l’usure. Nous ne pouvons les avoir qu’à l’usure. Mettons l’est du 7e arrondissement en état de siège : encerclons les lieux de pouvoir, faisons leur écouler tout leur stock de lacrymos, faisons-leur rendre les armes.

Aussi grande soit la zone bloquée par les FDO, ils ne pourront pas escorter toutes les voitures hors de celle-ci, et, en tant qu’honnêtes Citoyen.ne.s, il serait bon de connaître nos représentant·e·s et leurs binettes, au cas où nous viendrions à en croiser un.e aux alentours de son lieu de travail.

La rue est à nous, les places sont à nous, la démocratie est à nous.
Repeuplons les lieux de pouvoir et allons les chercher.

Faisons du 7e un véritable quartier populaire.

PS 1 : Nous appelons à occuper les lieux de pouvoir ou leurs abords dans toute la France, comme ont été occupés les ronds-points.

PS 2 : Nous appelons également tou·te·s les jeunes entre 16 et 18 ans à déserter le service national universel, contre la vie qui leur est faite.

PS 3 : Faites tourner

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