Des éléments stratégiques pour mobiliser : retour sur la tournée grecque des rebelles d’Exarcheia

Comment mobiliser et organiser des actions collectives ? Une question au cœur de la lutte qui a été abordée en marge de la projection de l’Amour et la révolution lors de la tournée grecque des rebelles d’Exarcheia.

A l’issue de la projection du film L’Amour et la révolution de Yannis Youlountas présenté à Paris le 5 et le 6 septembre dernier à la librairie Publico et dans les locaux de la CNT rue des Vignoles, un débat s’est tenu entre le public et les membres actifs du quartier rebelle d’Exarcheia à Athènes interviewés dans le film et venus en assurer la promotion. Aux côtés du réalisateur se tenaient donc Giorgos, du groupe anarchiste Rouvikonas, Mimi du squat de migrants Notara 26 et Perseus créateur d’un contre-média très populaire en Grèce.

Tandis que les images du film de Yannis Youlountas nous montrent comment la résistance grecque s’est organisée en réponse à la crise et aux pressions dont ils font l’objet, la situation en France a ensuite été évoquée à l’occasion des échanges avec les spectateurs.

Ici, si les mécontentements se multiplient, il apparaît une difficulté réelle à rassembler et à convaincre de la nécessité à mener des actions engagées, en particulier lorsqu’elles s’inscrivent sur le long terme. Les grecs ont alors rappelé que chaque pays avait ses particularités, sa culture et son mode de vie et que ce qui était possible chez eux ne l’était pas forcément en France et inversement. Une analyse spécifique du contexte serait nécessaire pour pouvoir répondre à la question de « comment agir ». Il n’a donc pas été question pour eux de se poser en modèles ou en conseillers, néanmoins, certains éléments, qui leurs ont permis de gagner du terrain pouvaient avoir une dimension transversale.

En premier lieu, créer un réseau de proximité, par exemple, est indispensable. Cela suppose de se faire connaître autour de soi de façon positive et de multiplier dans sa rue et son quartier des actions de proximité, solidaires et en concordance avec les revendications locales. Gagner l’adhésion des habitants est toujours utile, surtout lorsque la lutte va nécessiter la mise en œuvre d’actions de plus grande envergure ou bénéficier de soutien est requis (ouverture de squat, distribution de nourriture gratuite, aide aux migrants...)

Rassembler implique également de trouver les mots justes afin inviter le plus de monde possible à rejoindre sa cause. Il ne s’agit donc pas de se présenter aux autres en martyre ni en super héros. Présenter ainsi son combat est contre-productif ! En revanche, il faut rassurer les indécis.es et les persuader que chacun.e.s peut trouver une place à sa mesure dans le combat à mener. Utiliser la peur est également dissuasif lorsqu’il s’agit de convaincre. L’idéal est donc d’alterner les actions à visages découverts et couverts et de réserver la cagoule pour la protection de sa sécurité !

Enfin, l’aspect économique n’est pas à négliger. Chaque action envisagée a un coût qu’il faut prévoir. Un budget est donc indispensable, qu’il s’agisse de faire des tracts, de se déplacer, d’acheter du matériel ou de payer un avocat avant de se lancer dans une action plus risquée.

Des éléments de réflexion toujours bienvenus pour l’organisation d’une résistance plus que jamais nécessaire.

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