« Delta, Charlie, Delta » La relaxe programmée des policiers responsables de la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré

Cette brochure est écrite par le Collectif Angle Mort. Elle revient sur le contexte et le procès des policiers impliqués dans leurs la mort de Zyed et Bouna. De plus elle revient sur La Peur des keufs : Cette peur est donc ignorée du tribunal parce qu’elle est doublement subversive : elle dit à la fois la violence des pratiques policières et l’existence d’un refus à leur égard.

Quelques extraits

Une salle difficilement accessible, plus de 80 journalistes, des syndicalistes policiers venus soutenir leurs collègues. Et pour les familles et les proches de Zyed Benna, Bouna Traoré et Muhittin Altun, une semaine de souffrance. Un procès tenu dix ans après une course-poursuite qui se solda par la mort des deux premiers, les blessures irréversibles du troisième, et par plusieurs semaines de révoltes dans tout le pays. Un procès conçu dès le départ comme celui de « l’apaisement », avec à la sortie une conviction : si la mort de Zyed et Bouna n’avait pas été suivie par les révoltes de novembre 2005, le procès n’aurait pas eu lieu. La liste effarante des morts survenues lors de courses-poursuites avec la police et qui n’ont eu aucune suite judiciaire en témoigne. Un procès, histoire de dire que justice a été rendue. Un procès pour établir l’innocence des policiers, et par là établir l’illégitimité des révoltes. Un procès politique, donc, destiné à clore l’épisode des révoltes, à affirmer leur caractère irrationnel en suggérant que Zyed et Bouna sont les seuls responsables de leur mort.

À aucun moment de ce procès n’a été conçue la possibilité que les policiers mis en examen soient condamnés. Ces dernières années, nous avons vu d’autres affaires être ouvertes suite à une interpellation conduisant à la mort. Or même lorsque la responsabilité des policiers dans ces décès était plus évidente et directe qu’à Clichy, les tribunaux n’ont que rarement condamné. Et quand ils l’ont fait, ce fut pour prononcer des peines symboliques, comme le rappellent le jugement des policiers qui ont étouffé Abdelhakim Ajimi à Grasse en 2008 devant une dizaine de témoins, et le jugement du policier responsable de la mort de Lakhamy et Moushin à Villiers-le-Bel en 2007.

Un procès ? Une mise en scène : examen des personnalités, longues écoutes et retranscriptions des communications radio de la police, expertises, le tout orchestré par un président à la réputation d’homme impartial et mesuré. Tout a été fait pour donner une image irréprochable et équilibrée du fonctionnement de la justice. Se concentrer sur les aspects techniques de ces deux morts, en parler avec la froide distance de l’« objectivité » pour transformer une chasse à l’homme en un fait divers tragique. La procureure aura donné le ton du procès à travers ces quelques mots : « Le droit sera dit en toute objectivité, loin du cri du peuple. »

La peur suscitée par les policiers aurait en effet dû être au coeur du procès : elle explique non seulement la fuite des adolescents mais aussi la violence des opérations que mènent les policiers dans les quartiers populaires. Cette peur a pourtant été constamment évoquée par les différents adolescents poursuivis par les policiers le 27 octobre 2005.
(...)
Ce sont des histoires vécues, vues, ou entendues, qui s’impriment dans les corps et dans les réflexes ; ce sont des coups portés, des comportements de prédateur, des bruits d’engins motorisés violents ; en un mot, ce sont les opérations régulières de la police dans les quartiers populaires, qui expliquent la peur décrite par Muhittin. En cela, le drame de Clichy-sous-Bois n’est pas exceptionnel. Il est le produit logique, nécessaire même, du fonctionnement normal de la police

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Note

Delta, Charlie, Delta : la relaxe programmée des policiers responsables de la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré
Localisation : Clichy-sous-Bois

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