Déclaration de la campagne unitaire pour la libération de Georges Abdallah à l’occasion du 1er mai 2020.

Nous avons tout un monde à gagner !
La résistance est un droit !
Liberté pour Georges Abdallah !

2020 restera-t-elle marquée par le sceau d’une année de pandémie mondialisée, d’un chaos généralisé, d’une apocalypse et d’une fin du monde programmées ? Pour certaines approches limitées ou mystiques, certainement. Mais ce qu’il faudra surtout retenir de 2020, c’est qu’elle a été et est porteuse de tensions fondamentales, mais aussi de jours heureux à venir !

2020, c’est l’année où l’économie a été en proie à une surproduction inégalée, tandis que le commerce international s’est rétracté depuis 2018. C’est l’année où la sphère spéculative financière a été menacée à tout moment d’éclatement. C’est l’année où les classes dirigeantes ont été toujours plus disqualifiées, discréditées et contestées par la rue, par un front social en pleine agitation, marqué par des soulèvements populaires importants par leur nombre et pour leur durée – les Gilets jaunes en étant une illustration – et qui, désormais, n’hésitent plus à entrer dans une confrontation directe, de plus en plus radicale et violente, contre toutes les formes de représentation du pouvoir.

C’est dans ce contexte de déstabilisation économique et de révolte politique et sociale généralisée qu’est apparu le coronavirus ; et c’est dans ce contexte que doivent se comprendre toutes les retombées de cette pandémie et aussi cette déclaration que tout un chacun peut et doit reprendre à son compte du : « nous sommes en guerre ».

Cette guerre, certes, est bien la leur. Ils sont en guerre, et ce depuis toujours ! Mais 2020 restera certainement l’année où cette guerre de classe a été explicitement déclarée et où le véritable enjeu qui s’est joué derrière cette rhétorique guerrière du 20h, a été en réalité la pérennisation de ce système capitaliste mondialisé moribond, et ce quitte à faire revivre les vieux démons sécuritaires et répressifs des temps de crise.

Le coronavirus, comme naguère le terrorisme, devient alors, dans cette guerre, l’arme opportune et idéale pour que ces puissants vacillants raffermissent leur pouvoir et pour que le système capitaliste, à travers l’État, impulse toujours plus en avant son ordre politique, économique et social, et ce « quoi qu’il en coûte » en termes de suspension des droits les plus fondamentaux, de régression sociale et de paupérisation massive de la population.

Sont alors décrétés, en France, sous couvert de l’état d’urgence, la transformation profonde du fonctionnement des institutions étatiques ; la latitude pour l’État à réglementer dans un très grand nombre de domaines de la vie politique, économique, sociale et juridique, par simples ordonnances, dans un climat de 49-3 permanent ; mais aussi des régimes d’exception limitant les libertés fondamentales individuelles et collectives – telles les libertés de circulation, d’entreprendre, de réunion, de manifestation – inscrits désormais dans le droit, par la loi et pouvant être renouvelés tant que « l’exceptionnel » sera estimé.

Sont aussi planifiées les prochaines attaques contre les conquêtes sociales et démocratiques arrachées de haute lutte, notamment en matière de droit du travail, de droit de la fonction publique et de la sécurité sociale. Et pour cela, se mettent déjà en ordre de marche les bataillons du patronat et ses chiens de garde médiatiques, martelant heure après heure, sur toutes les ondes, le sens du sacrifice et l’impérieuse nécessité de l’extension générale du temps de travail pour des journées de 12h, des semaines de 60h et une suppression des RTT, des jours fériés et des congés payés.

Sont enfin décidés les pleins pouvoirs accordés à toutes les forces répressives de l’État pour imposer, en tout arbitraire, l’union sacrée à toute la population et en particulier aux quartiers populaires ; et sont aussi adoptées des « adaptations » de la justice pénale hors de tout état de droit pour que les institutions judiciaires soient réduites aux plus stricts besoins du pouvoir : celui de punir et d’enfermer, et les droits de la défense anéantis à toutes les étapes du parcours judiciaire.

Ils sont en guerre ! Tout l’atteste et le démontre ! Et 2020, derrière le voile de l’état d’urgence sanitaire, est et restera bien l’année d’une intensification de l’oppression et l’exploitation opérées par l’État bourgeois pour sauvegarder les seuls intérêts de la classe dominante.

Mais 2020 est et restera aussi l’année d’une résistance toujours plus accrue du prolétariat et du peuple. À cette déclaration de guerre maquillée de confinement, nombreux sont ceux qui, mus par le virus de la rébellion, continuent à s’organiser et à démontrer que l’insubordination est au moins aussi présente chez les peuples que la tendance à se soumettre.

Partout en France, malgré les dictats et les interdictions, les contestations s’expriment et les révoltes se multiplient : dans les quartiers populaires, particulièrement exposés en premières lignes, les nuits sont incendiaires. Parallèlement, dans les usines, éclatent des protestations et des grèves, aux cris de « vos profits valent plus que notre santé », contre le maintien du travail dans des conditions qui méprisent la vie et la sécurité des travailleurs : cela s’est vu en France (comme dans les chantiers navals de Saint-Nazaire) ; en Europe (comme à l’usine Fiat de Pomigliano et dans des usines du secteur de la métallurgie, à Brescia, en Italie ; ou à l’usine Mercedes de Vitoria et Renault de Valladolid en Espagne) et aussi ailleurs dans le monde (comme aux États-Unis avec des protestations ouvrières dans les usines Fiat-Chrysler de l’Indiana, dans l’usine de camions Warren dans la périphérie de Détroit ; au Canada, dans les usines FIAT de Windsor en Ontario ou encore au Brésil dans le port de Santos et les usines Volkswagen, Toyota, General Motors implantées dans le pays).

La colère est là et n’en finit pas de monter : parmi les cibles ordinaires de la police, parmi les résistants en prisons, parmi celles et ceux que le confinement assigne à la misère, parmi les travailleurs exposés au virus qui refusent le rôle de variable d’ajustement qu’on cherche à leur imposer, et parmi l’ensemble de la classe du prolétariat et du peuple qui sait que ses intérêts ne sont pas ceux de la bourgeoisie et que l’ennemi d’hier reste le même avant, pendant et après la pandémie.

Alors, oui ! Nous sommes en guerre dans cette guerre de classes qui ne dit pas son nom, mais qui est bien réelle. Et 2020 est et restera aussi un jalon historique de la résistance des peuples et de cette prise de conscience qu’un autre monde est non seulement possible, mais nécessaire. Un grand combattant a lutté toute sa vie pour ce monde à gagner et continue aujourd’hui et de manière inlassable depuis désormais 36 ans, à clamer depuis les barreaux de sa prison de Lannemezan, son impérieuse nécessité : c’est Georges Abdallah ! Résistant de toutes heures, il est de toutes les luttes et nous sommes de tous ses combats – anti-impérialistes, anticapitalistes, antifascistes, antisionistes – et s’il est bien un symbole de cette révolution à venir, c’est bien celui de Georges Abdallah ! Parmi tous nos combats, portons aussi celui qui permettra d’arracher la libération de notre camarade !

Paris, le 1er mai 2020
Campagne unitaire pour la libération de Georges Abdallah
Campagne.unitaire.gabdallah@gmail.com

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