De la nécessité de s’organiser sans mecs cis et d’inventer des espaces et pratiques de lutte qui nous soient propres

Les problèmes de virilisme fleurissant au sein du milieu militant, ceci est un appel à créer un véritable rapport de force face aux mecs cis, et à inventer nos propres pratiques de luttes.

2017 a eu lieu. Et 2017 a vu aussi beaucoup de meufs et de personnes non cis s’exclure des milieux autonomes, les problèmes de virilisme ne cessant de s’accumuler, achevant d’un goût amer l’euphorie du printemps 2016.

Il est temps d’arrêter de vanter l’extrême safitude de nos groupes affinitaires. Les rapports de dominations y restent omniprésents, et ne s’effacent pas au bon vouloir d’un discours collectif qui se veut dirigé contre les oppressions. Et malheureusement, faire de la pédagogie ne suffit pas, car souvent les mecs cis préfèrent fermer les yeux sur leurs attitudes problématiques et sur celles de leur potes. A force de répéter, clarifier les mêmes choses, cela devient même épuisant et décourageant. Lorsque ces questions sont abordées par des militant.e.s au sein des groupes, elles sont souvent reléguées au second plan... Il paraît que ça casse même l’ambiance et la dynamique de lutte de s’attaquer aux problèmes de virilisme ! ...
Sérieusement ? Il va falloir attendre que toutes les meufs et les personnes non cis se cassent du milieu militant pour qu’il y ait vraiment une réaction ?

Cette difficulté à militer, en tant que meuf ou personne non cis, au sein des groupes mixtes existants pose la question d’une organisation sans mec cis. Il est nécessaire de se former un réseau pour créer un véritable rapport de force. En effet, le réseau occupe une place cruciale au sein des milieux autonomes. Or, ce sont les mec cis qui sont tenant de celui-ci, les meufs et personnes non cis se retrouvant la plupart du temps isolées au sein des groupes. Cette fragmentation de nos forces est un véritable obstacle à une réaction efficace face aux comportements virilistes.

Se créer un réseau solide est d’autant plus essentiel que le milieu militant compte aussi son lot d’agresseurs, de harceleurs, de violeurs. Les actes de ces derniers sont souvent minimisés, et ils continuent à venir en manif, aux soirées militantes... et y sont acceptés sans soucis. Cela n’est pas à questionner uniquement d’un point de vu individuel. On ne peut pas nier que cela relève d’une dynamique de groupe qui vise à protéger les agresseurs, en fermant les yeux devant leurs actes et en préférant considérer l’espace militant comme forcément safe à ce propos, car se réclamant du féminisme.

De même, qu’il est primordial de se forger un réseau, il est aussi capital de dépasser un certain nombre des formes de militantisme actuelles, qui sont celles la plupart du temps imposées par les mecs cis. Celles qui les renforcent donc dans leur rôle de dominants. Que ce soient les soirées militantes où fleurissent les comportement masculinistes, ou le cortège de tête, devenu le terrain de jeu de celui qui criera le plus fort et prendra le plus de place (une conquête du pouvoir en quelque sorte). Au contraire, en inventant nos propres pratiques, en constituant nos propres espaces, on se dote d’une dynamique visant à s’émanciper des cadres et règles tacites dictés par les mecs cis.

Ne limitons pas notre créativité ! Ne réprimons pas nos émotions et notre rage !

Photo : La rue ou rien - Marche de nuit féministe en mixité choisie (24 novembre)

Mots-clefs : anti-sexisme
Localisation : région parisienne

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