De Gaza à Standing Rock : Solidarité internationale

Israa Suliman est une étudiante de 20 ans en littérature anglaise à l’Université Islamique de Gaza. Passionnée par l’écriture en novembre elle rédige une lettre de soutien à Standing Rock.

Chers Natifs Américain-e-s,

Bien que nous soyons de différentes couleurs, religions, cultures et originaires d’endroits différents, j’ai appris, en me renseignant sur les actions de Standing Rock, que nous avions bien plus en commun que des différences. Quand je lis votre histoire, je peux me voir moi et les miens nous refléter à travers vous. Je ressens que votre combat est aussi le mien, et que je ne suis pas seule dans cette bataille contre l’injustice.

Mes ancêtres n’étaient pas seulement celleux qui vivaient en Palestine. Jui-ve-f-s, Chrétien-ne-s et Arabes ont tou-te-s vécus côte à côte dans mon pays. Mais mes ancêtres, dont mes grand-parents et mes arrières grand-parents, étaient des indigènes tout comme vous. Et illes ont souffert le même destin que les vôtres. Les politiques américaines d’occupation et de déplacement forcés comme le Trail of Tears, et le transfert progressif de tellement des vôtres vers de massives réserves appauvries, me touche profondément parce que cela est très similaire à l’épuration ethnique de mes ancêtres par les forces d’occupation militaire d’Israël à travers ce que l’on appelle « al-Nakba » (la catastrophe). Nous savons ce que vous savez : notre terre est sacrée à nos yeux.

En 1948, mes ancêtres, tout comme à peu près un million d’autres palestinien-ne-s, ont été menacé-es et forcé-es de quitter leurs terres, parfois par la force armée. Plus de 100 00 autres ont été massacré-es. Des centaines de nos villages et de nos villes ont été complètement détruits par un plan systémique visant à effacer notre identité, tout comme la vôtre a été continuellement attaquée.

La Palestine représente aujourd’hui seulement 22 % de notre territoire de départ. Comme vous, une partie des mien-nes (environ 1,5 million) doivent vivre dans des « camps » dégradants (nos « réserves »), où les conditions de vie sont « comparables à celles du Tiers-Monde ». Comme dans vos réserves, ces camps sont caractérisés par un fort taux de chômage, de pauvreté et de suicide.

Beaucoup d’autres palestinien-ne-s (environ 6 millions), incluant des descendant-es des résident-e-s de départ, sont éparpillé-e-s tout autour du monde, comme vous aux États-Unis. Aujourd’hui, non seulement l’occupation militaire s’est accaparée nos terres et les revendique comme l’État d’Israël, mais elle poursuit encore une politique d’expulsion, de démolition des maisons palestiniennes dans le peu de terres qu’il nous reste, construisant des habitations illégales et empêchant la libre circulation à travers un réseau de « poste de sécurité ».

Comme vous, nous n’avons aucun contrôle sur nos ressources naturelles. Tout comme vous n’avez pas été consulté-es pour la construction du Dakota Access Pipeline qui va traverser vos terres et contaminer vos ressources en eau s’il est installé, nous n’avons pas été consulté-es par Israël, qui veut exploiter les ressources en gaz dans notre port pour elle-même et monopoliser les ressources en eau de la West Bank pour les pelouses et ses propres habitants, laissant les Palestinien-ne-s assoifé-e-s. À Gaza, où je vis, seule 10 % des réserves en eau sont potables à cause de nos conditions de vie. Nous aussi savons que l’eau c’est la vie.

Lorsque j’étais jeune, j’ai vu comment les médias présentent des images négatives de vous, surtout dans les films hollywoodiens, vous décrivant comme des gens non civilisés, sauvages, racistes et drogués. De la même façon, les mien-nes sont décrits comme des terroristes, des rétrogrades, misogynes et antisémites. Et pourtant, personne ne considère les blanc-he-s comme étant tou-te-s les mêmes.

Comme les vôtres, notre résistance a été désignée comme terroriste et violente plutôt que comme un combat pour notre survie et notre dignité. Cela n’est pas surprenant car c’est la politique de tout oppresseur qui cherche à criminaliser les autres pour justifier ses actes. C’est la volonté de l’oppresseur que de créer sa propre version de la réalité pour rationaliser son comportement et manipuler les masses. Et c’est le plan de l’oppresseur que de faire que les colonisé-ss se sentent faibles et seul-e-s. Cependant, vous prouvez qu’illes ne vont pas réussir et je veux que vous sachiez que les mien-nes sont avec vous.

Voir vos femmes, vos aîné-es et vos jeunes se mobiliser ensemble pour lutter contre le gazoduc et votre exclusion des prises de décisions est exaltant ! Cela nous donne de la force pour continuer dans nos luttes.

En tant que palestinienne de Gaza, Israël tenant son blocus d’une décennie, j’ai grandi en me sentant à l’écart du reste du monde. Je suis sûre que beaucoup d’entre vous ressentent la même chose. Mais nous ne sommes pas seul-e-s. Nous sommes frères et sœurs (« âmes sœurs ») dans le sens le plus important.

Cordialement,

Israa Suliman

Votre histoire est notre histoire « Palestine Stands with Standing Rock »

Dans cette video nous voyons l’artiste Ayman Alhosary peindre une fresque à Gaza en soutien aux vrais peuples américains que l’on appelle aujourd’hui "amérindiens".

Note

Source : http://mondoweiss.net/2016/11/writes-standing-story/

Traduction : No Pasaran Paris

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