Conversation avec des copines enfermées au Mesnil-Amelot !

| A bas les CRA

L’état fait tout pour que la machine à déporter reste invisible. Les centres de rétentions et la violence qui y est quotidienne ne doit pas quitter ses murs.Des copines nous ont appelés du CRA2 de Mesnil-Amelot. Elles voulaient faire sortir un peu leur voix.

On relaye ici des appels du 1er février.

Y a une des notres là. Elle a fait 45 jours. On s’attendait à sa libération. Vu qu’ils ont pas affiché son vol. On a pensé qu’elle allait être libérée.
Sauf que ce matin tôt les policiers sont venus dans les chambres. Ils criaient : “C’est elle ? C’est elle ?” Ils ont commencé à regarder les cartes. “C’est elle ? C’est elle ?"
Quand ils l’ont trouvée, ils l’ont prise : “Prépare tes affaires !”. Elle a demandé à aller aux toilettes. On lui a dit non. Elle a demandé à aller se brosser les dents, on lui a dit non.
On lui a dit “Non, tu pars maintenant !”. Elle a pleuré. ils l’ont attrapée.
Ca nous a fait mal.

Une autre prisonnière : “Nous nous venons de nos pays.Quand on nous attrape on nous ramène en ZAPPI, ça c’est pour suivre une procédure qu’on comprend pas. Après on nous amène ici. Ici c’est un endroit pour les gens qu’on attrape dans les transports aussi.On a suivi les procédures par respect. Malgré ça on te programme un vol, on te traumatise.
On nous donne pas le temps de bien parler au tribunal. L’avocat ça sert à rien. Ils t’ont attrapé avec un problème de papiers alors ils pensent qu’à ça.
J’ai très mal aux nerfs. On nous respecte pas ici. A tout moment ils rentrent dans la chambre.
Que sortes de la prière, que tu dormes ou que tu reviennes de la douche la police ouvre la porte.
Et pourtant on parle français même ? Personne ne viendrait volontairement dormir ici.
Tous les blancs qui sont en Afrique ils vivent bien ? Moi je suis pas venu en bateau. C’est leurs compagnies aériennes qui m’ont amené ici. Dans tous les aéroports il y a des contrôles et tout mais comment ça se fait qu’on arrive ici si on a pas le droit ?
Quand je repartie d’ici je serai plus entièrement pareille. J’ai mal aux nerfs.
Comme si nous on avait pas d’objectif, c’est pas parce qu’on parle pas qu’on les craint.
Il faudrait qu’on appelle cet endroit : Administration Penitentiaire avec Escortes.
Parfois ils sont violents. Il y a même un garçon ils lui ont tordu le bras parce qu’ils voulait pas sortir parce qu’y avait le lavage. Ils sont venu le faire sortir de force. Il a le bras tordu maintenant.

La santé ça va.. sauf le moral.

Ca fait quelques jours qu’on nous appelle pas pour le réfectoire. Ca marche au bouche à oreille. Quand tu t’en rends compte et que c’est fermé ils veulent pas te faire manger. Ce matin y a eu fouille de la chambre et du corps intégrale sans qu’ils donnent de raison.


Pour rappel pour s’organiser a l’extérieur en solidarité : rendez-vous tous les mercredi a l’Echarde au 19 rue Garibaldi a 18h (Montreuil, métro Robespierre ligne 9) ! Le 16 fevrier a midi y a une cantine en solidarité avec tou.te.s les prisonnièr.e.s en CRA a la cantine des pyrénees. Rendez vous à midi !
Plus d’info sur abaslescra.noblogs.org
A BAS LES CRA !

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