Contre le monde et sa sélection

Le groupe Bad Kids publie un tract posant les bases d’une lutte contre la sélection.

1. L’exploitation capitaliste est le moteur du monde actuel. C’est un rapport social qui fonctionne par la contrainte : on ne peut vivre sans argent et toute une armée de flics, de vigiles et d’huissiers est payée pour défendre cet état de fait. Alors les uns s’usent à travailler ou à chercher un travail pour vivre, là où d’autres usent de ces prolétaires pour accroître leur thune, leur pouvoir.

2. La reproduction de cette exploitation est donc fondamentale pour la classe capitaliste. Elle nécessite de former chaque année de nouvelles générations afin de nous transformer en cette main d’oeuvre dont ils ont besoin. Ce rôle de formateur est principalement joué en France par l’Éducation Nationale et l’Enseignement Supérieur.

3. L’idéologie républicaine de l’égalité des chances et du mérite est une foutaise. L’école est une machine à écraser, à trier et à dispatcher la force de travail dans les différentes sections professionnelles suivant les besoins économiques du moment. La sélection de classe s’opère à chaque échelon scolaire, de la maternelle à l’université. Lutter uniquement contre la sélection à l’université expose à un dilemme : jusqu’où le tri peut-il « légitimement » s’opérer ? Si on ne trouve aucune réponse convenable, c’est que la formulation de la question n’est pas la bonne. On devrait dire : pourquoi le tri doit-il s’opérer ? Nous renvoyons alors aux points 1 et 2.

3-bis. Il est préférable de ne pas se méprendre lorsque l’on démarre une lutte à la fac : le savoir est une marchandise, l’université est une entreprise et l’État est toujours capitaliste. Aucun sanctuaire n’y a été décrété. Ne croyez pas les charlatans qui vous assurent du contraire, ils sont là pour monnayer du rêve bureaucratique.

4. Lutter en tant qu’étudiant, c’est manquer le coche de ce que cette loi de sélection peut solliciter : la critique du monde qui la régit. L’université n’est pas une île. La ville de Toulouse regorge de tensions, de conflits, de possibilités d’action et de solidarité. Tisser un tel mouvement réclame du temps et des lieux. C’est précisément ce qu’une fac occupée peut proposer. Des lieux et du temps.

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