Conseils en manif - novembre 2019

Prenons nos précautions quand on sort pour une manif, une action, ou autre. Face à la police, face à la justice… réduisons les risques !

Quelques conseils…

... AVANT LA MANIF

Éviter de venir seul·e. Former des binômes ou trinômes (personnes se connaissant et ayant les mêmes objectifs), si possible venir en plus grand groupe et fixer un rencard d’après-manif pour voir si tout le monde va bien et même témoigner.

Éviter d’amener agenda, carnet d’adresses, tracts et papiers personnels. Faites vos poches pour vous assurer de ne rien avoir de compromettant (couteau suisse, boulette de shit oubliée, etc.). Il est important d’avoir de l’eau et il peut être utile d’avoir quelque chose à grignoter. Les nasses policières peuvent être longues. L’alcool n’est pas une très bonne idée, cela favorise la déshydratation et le risque d’hémorragie en cas de blessures. Prendre de l’argent liquide, ça peut toujours servir. Les portables sont pratiques (garder en tête la géolocalisation) [1], mais attention à les éteindre en cas d’arrestation. Un foulard peut être utile, ainsi que du sérum physiologique. Avoir des chaussures adaptées et éviter de porter des vêtements trop amples. Si on a les cheveux longs, on peut les attacher, et si cela est possible il est mieux de laisser boucles d’oreilles et piercing à la maison. Emporter le nom ou le numéro d’un avocat et de la commission anti-répression (si elle existe).

Trousses de secours

Il est important d’avoir toujours sur soi de quoi soigner de petites blessures, qu’elles soient le fait de la répression policière ou de simples accidents. Pensez par exemple à du sérum phy ou un produit pour les yeux, de quoi faire un pansement d’urgence si vous êtes séparé·e de votre secouriste ; une bande, quelques compresses… Essayez d’avoir dans chaque groupe quelqu’un ayant des notions de secourisme, et une trousse de secours complète, avec des gants stériles, des pansements, des compresses, des bandes stériles, du coton, des antiseptiques et les médicaments classiques contre les maux de tête, les problèmes digestifs…

... PENDANT LA MANIF

Rester mobile et attentif·ve à « l’environnement » : « forces de l’ordre » (CRS, BAC, RG, voltigeurs, etc.), vidéosurveillance urbaine, téléphones portables, Go-pro, etc. Avec leurs caméras, les flics fichent les manifestant·e·s, se masquer le visage peut être utile ; dans certaines situations, cela parait indispensable. Essayer d’évaluer avec votre trinôme des « portes de sortie » dans chaque nouvelle situation.

La première arme de la police c’est la peur. Sirènes, fusées, grenades et intimidations orales sont surtout des techniques de dissuasion. Face à cela, essayer de rester le plus calme possible, même dans les mouvements de foule ; éviter de crier ou de courir inutilement (cela augmente le stress collectif). Ne pas céder à la panique… La peur est naturelle, mais on peut apprendre à la canaliser (chanter ensemble, crier des slogans, se regrouper, etc.).

Une charge de police dépasse rarement 60 m donc il est inutile de courir plus loin ; il vaut mieux marcher groupé·e·s et éviter de laisser des personnes isolées derrière le groupe. La BAC , plus mobile, est souvent là pour interpeller : ils agissent en roue libre avant de se replier derrière les lignes de CRS/GM, rester groupé·e·s face à elle, former des chaînes si nécessaire, c’est un bon moyen d’éviter les arrestations. Attention quand même aux LBD40 (flashball) !

Rester toujours attentif·ve aux autres manifestant·e·s : l’entraide est essentielle. Si on voit une arrestation, on peut s’y opposer en agrippant la personne et en interpellant les gens autour. Mais attention, ça ne sert à rien de jouer les zorros… et de se faire serrer aussi.

Si rien ne peut être tenté, essayez de trouver des infos puis transmettez-les à la commission « antirépression ». S’il n’y en a pas vers chez vous, trouvez un collectif de défense des manifestant·e·s. Cela aide à accélérer l’aide juridique (préparer un dossier, discuter de la défense, etc.) et l’ami·e incarcéré·e se sentira moins seul·e. Si on est arrêté·e, se signaler aux témoins, et éviter les insultes et les coups : l’« outrage et rébellion » est l’arme judiciaire préférée des flics pour charger un dossier.

En cas de nasse d’une partie des manifestant·e·s c’est presque toujours une bonne idée de rester en soutien à l’extérieur de la nasse. Ça réchauffe les cœurs et ça peut désorganiser la police.

Les lacrymos sont souvent très localisées, il suffit de se décaler de quelques mètres pour les éviter. Observez le sens du vent. Ne pas relancer une grenade qui n’a pas encore explosé, car il peut s’agir d’une grenade explosive (GLIF4, GM2L) ou d’une grenade de désencerclement. En cas de gazage, respirer par la bouche au travers d’un tissu imbibé d’eau (attention ! si le citron fait du bien sur le coup, l’association citron+lacrymos est très nocive) ou mieux encore utiliser un masque FFP3. Les lacrymos collent à la peau et aux tissus, il faut donc éviter de se toucher les yeux et les lèvres avec des mains ou des vêtements contaminés. Se rincer la peau avec de l’eau. Pour les yeux, le mieux est le sérum physiologique, sinon on peut utiliser de l’eau (éventuellement mélangée à du Malox).

... EN CAS DE GARDE À VUE

La durée maximale d’un contrôle d’identité est de 4 h ; une garde à vue peut durer 24 h, prolongeables jusqu’à 48 h. Depuis la réforme de la GAV en 2011, il est possible d’exiger la présence d’un avocat dès le début de la GAV et pendant les interrogatoires ; il a 2 h pour arriver. Dans les faits, les flics peuvent insister pour commencer sans lui, sous prétexte qu’il n’est pas joignable, et débuter une audition. Ne pas céder sur ce point. Rester vigilant·e même en présence d’un avocat : un avocat peu soucieux de la situation vous conseillera peut-être de tout dire, ou de donner votre ADN… Demander à voir un médecin (si cette demande n’est pas satisfaite, il y a vice de procédure… et ça fait toujours du bien de rencontrer des gens).

Il faut savoir que tout ce que vous direz lors d’une audition sera utilisé ensuite par un juge pour vous condamner. La loi n’oblige qu’à donner ses noms, date de naissance et adresse. Une des techniques policières employées est de vous inciter à reconnaître ce qui vous est reproché pour sortir plus vite de la garde à vue. Accepter est un mauvais calcul.

Malgré toutes les pressions des flics, on a évidemment le droit de ne rien déclarer. Attention, les flics manipulent souvent les procès-verbaux, il faut bien les relire avant d’éventuellement les signer. Il est quasi impossible de revenir, lors d’un procès, sur des déclarations faites au cours d’une garde à vue.

Le fichage génétique (ADN) est un grand pas vers la surveillance totale. Même si refuser de donner son ADN aux flics constitue un délit (un an de prison et 15 000 euros d’amende), les poursuites ne sont pas systématiques, et les condamnations sont souvent légères ( une amende de quelques centaines d’euros…) quand le·la prévenu·e invoque un refus du fichage génétique et est soutenu·e par des associations, syndicats… Là aussi, la caisse de solidarité ou — s’il y en a une — la commission « antirépression » de votre mouvement sont là pour organiser la solidarité en cas de condamnation pour refus ADN.

En règle générale, il vaut mieux demander à reporter la comparution immédiate pour préparer sa défense, car les condamnations sont en moyenne plus lourdes lors de celles-ci. Il faut que vous jugiez selon la gravité des faits, le contexte de l’arrestation et les garanties de représentation (information qui prouve que vous ne risquez pas de ne pas vous présenter à votre jugement : attestation de travail, formation, logement, etc.) que vous pouvez fournir, on encourt alors le risque d’une détention préventive (quelques semaines). D’où l’importance aussi de préparer un dossier solide lorsque vos ami·e·s sont arrêté·e·s pour confirmer les garanties de représentation.

... APRÈS LA MANIF

Changer ses vêtements si nécessaire, éviter de rentrer seul·e chez soi. S’assurer que les membres de son trinôme sont eux aussi bien rentrés. Prendre une douche pour se décontaminer des gaz. C’est souvent bien de trouver un moment pour discuter de la manif et de nos ressentis, et pour s’organiser pour la prochaine !

Pour approfondir

Note

Conseil tiré d’un article sur rebellyon puis bidouillé pour paris-luttes.info

La coordination contre la répression et les violences policières peut être contactée les jours de manif au numéro : 07.52.95.71.11

Notes

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