Compte-rendu du rassemblement à la maison d’arrêt de Fresnes

Suite à un blocage de promenade le 2 mai 2016 à la MAF de Fresnes pour demander de meilleures conditions de détention, une détenue basque est mise à l’isolement, deux autres au mitard pour s’y être opposées. Afin d’exiger son retour en détention normale, les prisonnier-es basques de Fresnes, Meaux et Osny se mettent en grève de la faim. Un rassemblement est appelé depuis le pays basque, puis relayé ici à Paris.

A 11h, nous arrivons une dizaine de personnes au carrefour de la déportation. Nous apprenons que les basques et autres copains manifestent devant l’entrée de l’enceinte pénitentiaire. Nous décidons de les rejoindre. Deux personnes restent là pour accueillir les retardataires.

Devant la prison un peu plus de 60 personnes reprennent des slogans avec des drapeaux basques, et en solidarité avec les prisonnier-es. La plupart d’entre eux sont arrivés en car à 10h du matin. Ils étaient partis la veille au soir du Pays basque sud pour manifester devant la prison, et soutenir les prisonnier-es basques à l’isolement, au mitard ou en grève de la faim depuis 17 jours.
Il s’agit de demander la levée des sanctions infligées suite au mouvement de protestation des femmes de la MAF de Fresnes, en particulier la mise à l’isolement d’une détenue basque, Itziar.
Et pour notre part il s’agit aussi de soutenir la lutte revendicative des femmes, pour de meilleures conditions de détention.
Au passage de la frontière, tous les passagers du car ont été contrôlés et retenus 40 minutes par la police française.
Sur place on décide de partir en cortège et faire le tour de l’enceinte pénitentiaire qui se trouve dans la ville, entre des quartiers HLM, une voie express, des pavillons et des résidences de matons.
On prend la rue de la liberté, et les slogans des deux langues se mêlent « solidarité avec les prisonnier-es », « presoak kalera, amnistia osoa » (prisonnier-es à la rue, amnistie pour tou-tes). On a sorti les banderoles « solidarité avec la lutte des prisonnières » et « liberté » à côté de la leur « non à l’isolement ».

Au carrefour de la déportation, il y a beaucoup de circulation, mais de là on aperçoit les fenêtres grillagées de la maison d’arrêt des femmes. On crie, et des bras et chiffons sortent des fenêtres pour nous saluer ! C’est un chouette moment !

On reste un peu puis on repart pour contourner l’enceinte par l’arrière, et passer devant les mitards et les quartiers hommes. Là-bas on est encore plus visible et à portée de voix de certains bâtiments. Très vite des voix nous répondent, ça tape sur les barreaux, ça gueule avec nous « liberté » ! On s’arrête à un endroit bien exposé, en contre haut, et là les proches basques entonnent le chant des gudariak (hymne des « soldats » ), puis échangent quelques irrintzi (cri traditionnel des bergers pour communiquer dans la montagne) avec les prisonniers basques. De notre côté on lance successivement « tout le monde déteste les prisons/ les matons/ la justice/ la police ». D’ailleurs les flics se font pas mal insulter depuis l’intérieur pendant qu’ils bloquent un croisement de rue à quelques mètres de nous.
On explique au micro de la sono pourquoi on est là, puis on reprend les slogans toutes langues confondues ! « jo ta ke irabazi arte » (avec force et détermination, jusqu’à la victoire !), « A bas, l’état, les juges et les matons », « presoak borrokan, gu ere bai » (les prisonnier-es luttent, nous aussi !), « police partout, justice complice ! ».

Des jeunes du quartier se joignent à nous pour crier. Et ça répond de l’intérieur. Même un prisonnier semble avoir tendu une banderole sous sa fenêtre. Des bras et chiffons s’agitent à travers les grillages percés ! Bref c’est très enthousiasment !
4 jeunes hommes qui ce matin s’étaient éloignés du cortège pour tirer des feux d’artifice nous rejoignent après un contrôle d’identité. On l’apprend à ce moment.
Après quelques photos, la manifestation rebrousse chemin plein d’entrain. Et on salue à chaque fois les prisonnier-es au passage !
On se quitte au carrefour de la déportation chargés d’émotion et d’énergie ! Il est bientôt 13h00.

Les détenu-es en lutte ont suspendu leur grève de la faim samedi soir et dimanche matin, après que la direction de la maison d’arrêt ait assuré que Itziar quitterait l’isolement et serait transférée dans un établissement pénitentiaire avec d’autres détenues basques.
Il n’y a pas de nouvelles de la mobilisation menée par les femmes de Fresnes pour de meilleures conditions de détention.
Pour marquer le coup, les gens du car ont voulu passer place de la République à Paris. Là-bas il n’y avait pas grand monde, c’était trop tôt ! Alors le moment a été immortalisé par une photo et quelques prises de parole filmées ! Et en repartant sous la pluie (petit clin d’œil au mouvement !) certain-es ont repris un joyeux « tout le monde déteste la police » !

Note

Nouvelles de la lutte à la MAF de Fleury : A priori face à la répression la mobilisation semble malheureusement arrêtée. 4 femmes qui étaient en régime « condamné » avaient été sanctionnées par la direction à une peine de 14 jours de mitard suite au blocage de promenade du samedi 7 mai. Au bout d’une semaine 1 des détenues est sortie du mitard en même temps qu’elle était transférée au Centre de Détention de Réau (Île-de-France). Les autres sont sorties mardi dernier. D’autres transferts sont à prévoir. Pour le moment il ne s’agit pas de « transferts disciplinaires » à proprement parler, étant donné que ces personnes attendaient leur affectation dans un centre de détention depuis plus d’1 an pour certaines...

Localisation : Fresnes

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