Coma social / Vérité et Justice pour Akram

Jeudi 15 juin 2017, Akram, 24 ans, était poussé par un policier alors qu’il roulait en scooter dans les rues du Pré-Saint-Gervais. Le jeune homme est actuellement en coma artificiel, entre la vie et la mort. Le nouveau gouvernement Macron continue donc à casser le code du travail et les racisé.e.s des quartiers populaires. Ce lundi 19 juin, pendant que des milliers de personnes se rassemblaient sous la bannière du Front social, quelques autres sont venus soutenir la famille de la victime. La justice sociale se joue sur tous les fronts : une nouvelle marche contre les violences policières est annoncée prochainement.

Entre Pantin et Les Lilas... De l’autre côté du périph’ et du rassemblement Front social qui se déroulait place de la Concorde, nous étions une cinquantaine à nous retrouver place Séverine, au Pré-Saint-Gervais (93), en soutien à Akram et sa famille. Une bonne moitié venait de Paris ou de banlieues proches, se mettre à l’ombre des rares arbres plantés là pour nous accueillir. À côté de proches et de gamins du quartier, on pouvait croiser des membres de la Coordination anti-répression, du Collectif 8 juillet, de la Brigade Anti-Négrophobie, des soutiens au combat pour Lamine Dieng...

Jeudi 15 juin, le jeune homme de 24 ans était envoyé à l’hôpital dans un état grave par un policier. Selon les premiers témoignages, l’officier s’était caché derrière un conteneur, attendant le passage d’Akram pour le pousser pendant qu’il roulait en scooter. De sa chute en pleine course, le jeune homme aurait été laissé là, après avoir tout de même été fouillé, agonisant. C’est une deuxième équipe de police, quelques dizaines de minutes plus tard, qui l’aurait traîné jusqu’à leur fourgon pour le conduire à l’hôpital. Une version qui ne manquera pas d’être contredite par la police, qui a porté plainte dès hier.

La famille, quant à elle, s’est fait claquer la porte au nez de deux commissariats qui ont refusé de recevoir leur plainte, protégeant ainsi leur collègue. Ce soir, l’hôpital ne pouvait rassurer personne sur l’état de cette énième victime des uniformes racistes. Souffrant d’un traumatisme crânien et d’une hémorragie cérébrale, Akram a été plongé en coma artificiel. Entre la vie et la mort. « On se retrouvera sur cette place tous les soirs, nous a dit avec détermination et dignité le frère d’Akram ce soir. On n’a rien à se reprocher, on appelle au calme et à la vérité, quelle qu’elle soit. »
La veille, lors du premier rassemblement organisé à l’initiative des proches de la victime, la foule était plus nombreuse, les conseils aussi. Celles et ceux qui ont eu un de leurs proches tués par la police ces dernières années, ont pu dire le chemin à traverser et les erreurs à éviter. Des numéros d’avocats transmis et des contacts noués. La banalisation des crimes policiers, et leur impunité, ont pour contrepartie une solidarité plus efficace et une résistance plus rapide des familles de victimes.

Hier, une fresque avait été peinte sur le côté de la place, mais dès qu’elle s’est vidée pour permettre de rompre le jeûne du Ramadan aux personnes qui le suivent, la police est venue détruire et enlever ce beau petit rien d’hommage. Comme pour rappeler que faire respecter l’ordre n’a absolument rien à voir avec le respect élémentaire.

Pas de quoi décourager la famille, qui compte porter plainte à l’IGPN (police des polices) dès mardi 20 juin, et organise une marche samedi 24. Avec l’espoir de rassembler d’autres luttes en cours sur les violences policières, et d’obtenir justice.

Ferdinand Cazalis

Un appel à témoins est lancé :
Page Facebook Vérité et justice pour Akram

Et le numéro 153 du mensuel CQFD « La police tue, les quartiers résistent »

Mots-clefs : violences policières
Localisation : Le Pré-Saint-Gervais

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