Après un long plaidoyer pour s’en justifier, il finit pourtant, et c’est la première fois, par reconnaître s’être trompé sur Soral, après avoir vu un extrait d’une vidéo du gourou d’Egalité & Réconciliation de juin 2014 dans lequel il opposait le virilisme aryen de Poutine à la soumission typiquement « sémite » du journaliste Jean-Pierre Elkabbach. Choqué par le sexisme et l’antisémitisme assumés de Soral, Chouard décide donc de supprimer le lien vers E&R qui était sur son blog depuis plus de trois ans. Le lendemain, dans un nouvel article, il estime sa décision « exagérée », décide finalement de rétablir le lien, avant de finir par supprimer tous les liens sur son blog quelques heures plus tard, et d’annoncer qu’il va s’éloigner quelques temps. Ce psychodrame virtuel n’est pas que le reflet de l’égocentrisme pathétique de son protagoniste : il est aussi révélateur de ce qui se passe lorsque, par naïveté ou aveuglement, volontaire ou non, on tente de faire comme si l’extrême droite n’existait pas.
Quoiqu’en dise Chouard, rares sont celles ou ceux qui le considèrent comme un « fasciste », ou même un soralien, car de toute évidence, il n’est ni l’un ni l’autre : partisans d’une démocratie intégrale, il est aux antipodes de toute forme d’autoritarisme et ou de racisme, et il s’est à plusieurs reprises prononcé sur ces questions. Mais il se trouve que justement, ce n’est pas ce qu’on lui reproche…
Les problèmes que posent Chouard, d’un point de vue antifasciste, ce sont sa tolérance à l’égard des idées racistes, sexistes, autoritaires ; son ignorance volontaire des groupes actifs, organisés qui portent ces idées ; enfin, son mépris des victimes de ces idées, d’hier et d’aujourd’hui. Cela ne fait pas de lui un « fasciste », évidemment, mais un allié objectif de toutes les structures et individus qui revendiquent de façon plus ou moins assumée une vision inégalitaire du monde présentée comme « naturelle », et la désignation d’ennemis héréditaires à éliminer pour la défendre. C’est ce qui lui est répété depuis le début, et qu’il refuse d’entendre.
Tolérance ou naïveté ?
La liberté d’expression a bon dos : car elle est toujours invoquée pour défendre la parole de celles et ceux qui l’ont déjà, mais dont le discours est intolérable, précisément parce qu’il refuse à certains le même droit à l’existence qu’aux autres, en les diminuant (sexisme, racisme) ou en leur imputant tous les maux de la terre (antisémitisme, islamophobie). Comme par hasard, Chouard ne s’émeut pas de l’absence ou presque de la parole des opprimés sur internet, mais se scandalise en revanche qu’on lui reproche de faire de la pub à un Soral qui suroccupe cet espace virtuel.
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