Chili : état d’urgence et couvre-feu n’y changent rien, la révolte s’étend à travers le pays

Le Chili connait depuis plusieurs jours un intense soulèvement populaire, le point sur la situation.
Article publié initialement sur le blog Sans Attendre Demain le 19 octobre puis mis à jour le 20 octobre.

Pour rappel, toutes les stations de métro de Santiago sont fermées et l’état d’urgence décrété dans la capitale depuis samedi minuit. Peu avant 20h ce samedi, l’armée annonce l’instauration d’un couvre-feu de 22h à 7h, et ce jusqu’à nouvel ordre. Mais ce samedi, les feux de la révolte partis de Santiago ont gagné de nombreuses localités chiliennes, comme Valparaiso, Concepción, Antofagasta, expropriant la marchandise et détruisant les infrastructures de l’État et du capital…

Actualisation, à partir de CNN Chile, 20.10.2019 à 13:11 :
L’Institut national des droits humains (INDH) a annoncé que 22 personnes avaient été grièvement blessées jusqu’à présent. Parmi elles, un bon nombre de cas de violences en garde à vue : coups au visage et aux cuisses, torture, femmes mises à nue, violences sexuelles… Par ailleurs, un homme est hospitalisé dans un état grave après avoir reçu une balle par les fuerzas especiales alors qu’il se trouvait à 5 mètres de distance. Un mineur de 9 ans est lui aussi dans un état grave après avoir reçu des balles dans le foie, les reins et les jambes. Une fillette est hospitalisée avec une balle dans la jambe.

Samedi 19 octobre dans l’après-midi, à Santiago, six bus sont incendiés à Vicuña Mackenna et des rames de métro sont cramées à la station Elisa Correa. Une heure plus tard, les rames de métro de deux autres stations sont enflammées par des émeutiers, à San Pablo (lignes 1 et 5) et à Macul.

Avant les incendies de ce samedi, le directeur général de la compagnie de transport, Rubén Alvarado, a fait un bilan : « les dégâts dépassent, selon une estimation préliminaire, largement les 200 millions de dollars. Sur les 136 stations de métro du réseau, 77 ont été endommagées et 20 incendiées. Parmi ces dernières, 9 sont entièrement détruites (Los Quillayes, San José de la Estrella, Trinidad, Macul, Protectora de la Infancia, Elisa Correa, La Granja, San Ramón et Santa Julia) et 11 partiellement (Gruta de Lourdes, Barrancas, Las Parcelas, Pedrero, Cumming, San Joaquín, Pudahuel, Laguna Azul, República, San Pablo et Vespucio Norte) » (La Tercera, 19 Oct 2019 | 05:54 pm)
À 18h50, on apprend que 44 feux rouges ont été abattus dans la capitale ce samedi (et 52 la veille).

À 19h, le président Piñera annonce lors d’une conférence de presse qu’il suspend la hausse des tarifs du métro, qui sera voté ces prochains jours à l’assemblée lors d’une loi d’urgence… tout en maintenant l’état d’urgence militaire et la possibilité d’un couvre-feu.

Au moment de l’allocution du chef de l’État un incendie est allumé dans les stations de métro San José de la estrella (ligne 4) et Laguna Sur (ligne 5, à Pudahuel) à Santiago… À Pudahuel, les pompiers sont pris à parti par les émeutiers.
Un péage autoroutier sur la Ruta 78 est livré aux flammes au sud-ouest de la capitale, à Talagante ainsi que la mairie de San Bernardo en banlieue et une agence de la Banco de Chile à Melipilla.

À 19h30, c’est une station-service Petrobas qui est pillée puis incendiée à La Florida, tandis que le pied d’un immeuble en construction est en flammes à Concepción, et la Chambre de commerce de Santiago est pillée et saccagée.

À 19h40, le général Iturriaga fait son annonce : « J’ai décrété la suspension des libertés personnelles de mouvement à travers un couvre-feu total aujourd’hui dans les provinces de Santiago et Chacabuco, et dans les villes de Puente Alto et San Bernardo. Vous avez deux heures pour rentrer chez vous. » Le couvre-feu est de 22h à 7h du matin jusqu’à nouvel ordre…

Les désordres ont commencé à s’étendre au cours de la soirée dans plusieurs villes comme Valparaíso, Antofagasta, La Serena, Ovalle, Talca, Rancagua, Puerto Montt et Punta Arenas.

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