Camarades, l’avant-gardisme n’est jamais la solution

Ce texte se veut être une analyse un peu à chaud des dernières semaines de mobilisation contre la loi travail et sur l’une de ses composantes que j’estime la plus contre-productive : « l’avant gardisme éclairé » (qu’il se réclame du rouge ou du noir). Par avance, je m’excuse de la longueur du texte, mais il y a beaucoup à dire. Texte sorti sur Iaata

Je tiens à préciser en préambule que n’étant pas un très grand spécialiste des concepts marxistes-léninistes, je ne suis pas là pour écrire un véritable texte critique du concept d’avant-garde dans son histoire ou dans ses conséquences et sur tout ce qui concerne ce mode d’organisation, c’est plus un genre de billet d’humeur, de bilan des trois dernières semaines de mobilisation face à la loi travail dite loi el khomri (ce qui me semble être une erreur politique, personnaliser une politique étatique par le biais d’un ou d’une ministre, a fortiori une femme racisée, c’est toujours la tactique de l’arbre qui cache la forêt et ça fait des fusibles faciles à remplacer, De Villepin si tu me lis, j’en aurais presque une pensée émue pour toi).

Dans un second temps, ce texte a aussi été écrit suite à la lecture de l’article « le monde ou rien » sur le site lundi.am qui, afin d’apporter du débat sur nos manières de nous exprimer et qu’au sein du milieu anarchiste il y ait une possibilité de débat sur l’avant-gardisme (puisque ce texte me semble être dans cette logique même si ça n’est pas necessairement la volonté de son/ses auteurs/autrices).

Qu’est ce que l’avant-garde ? C’est un concept. Un concept vieux comme le bolchévisme, qui estime que la partie la plus conscientisée du prolétariat et la plus « avancée politiquement » est celle qui doit être la plus active au sein de la classe ouvrière afin de mener la bataille contre le capitalisme en amenant derrière elle les masses laborieuses pour qu’enfin l’émancipation collective puisse être effective. C’est pas une idée très très neuve, ça date du début vingtième, et ça aura permis de vérifier à quel point sa mise en application est au mieux contre-productive, au pire dangereuse. Je ne vais pas faire la rétrospective de l’ensemble des moments historiques ou des « camarades » ont cru bon de mettre en application cette théorie, mais plutôt voir ce qu’il se passe dans l’actualité du mouvement social et, à la marge, de sa frange révolutionnaire.

Noir ou rouge, rien ne bouge

Force est de constater que l’avant-gardisme a la peau dure. Et contrairement à une croyance assez étroite, elle n’est pas toujours le simple fait des militantEs s’approchant d’une vision marxiste-léniniste (dans le jargon, on dit « les stals », c’est plus commode et ça renvoie à des trucs tellement sales que ça élimine de facto le contenu politique, mais ça reste un peu faible comme argumentaire), de ma propre lecture et expérience, c’est une méthode qui traverse tous les courants politiques à ce jour. Qu’il s’agisse de syndicalistes, de militantEs partisanEs, d’anarchistes organiséEs ou non, de « citoyenNEs » lambdas, c’est une pratique qui, en France, régit notre quotidien militant. Elle est déjà visible quand il n’y a pas de mouvements de masse qui se construisent mais semble s’amplifier sans aucun problème quand il y a matière à manipuler des personnes au sein d’un mouvement et de ses tentatives d’auto organisation. Et chacunEs y va de son petit catéchisme révolutionnaire. Du « Que faire ? » de Lénine à « L’insurrection qui vient » du comité invisible (en considérant le spectre large séparant ces deux ouvrages) les références semblent diamétralement opposées, et pourtant leurs aspirations sont les mêmes : l’important n’est pas de savoir comment dans le quotidien nous arrivons à mettre en pratique des espaces d’organisation horizontaux amenant chacunEs à prendre sa vie en main et de nous donner la possibilité de collectivement organiser notre outil de travail, de faire en sorte que les richesses soient équitablement réparties et que l’on puisse enfin aboutir à une société débarrassée de concepts de classe, de genre, de race, de hiérarchie et d’autoritarisme, mais plutôt de savoir qui a le plus raison et sera le plus en capacité de ressortir renforcé à la fin de ce mouvement.

J’ai l’impression qu’il n’y a aucune lecture politique profonde dans ces attitudes, qu’elles ne sont que, au choix, rabâchage idéologique du à un apprentissage stricte des livres des « grandEs théoricienNEs de la révolution », ou inconsistance politique qui se baserait sur le simple « ressenti », sur une chose qui ne s’appuyerait pas sur l’expérience des luttes, mais simplement sur un « moi je pense et agis comme ça, donc les autres ont qu’à faire pareil », un individualisme forcené que je n’arrive pas à saisir. Et chaque fois on prend les mêmes et on recommence. De la spoliation de la parole dans les espaces d’organisation aux sabotages divers et variés d’outils de lutte parce que « ça nous va pas » (pratique allant de l’UNEF aux autonomes les plus « radicaux »), de toute façon, celui qui est responsable, c’est toujours « l’autre ». « L’autre », c’est la CGT, c’est le NPA, c’est le PG, c’est les Totos, c’est Solidaires, c’est les orgas révolutionnaires, c’est celui ou celle qui est en grève mais qui vient pas en manif, c’est celui ou celle qui est pas en grève mais vient quand même en manif, c’est celui ou celle qui s’en fout, c’est celui ou celle qui refuse de péter un truc en manif pour abattre les symboles du capitalisme ou celui ou celle qui empêche les dégradations, c’est la stratégie de la division au plus haut point. Et surtout, SURTOUT, ne jamais s’interroger sur « pourquoi une personne ne peux pas se mettre en grève », « pourquoi nos revendications ne sont écoutées par personnes ces derniers temps », juste, accuser « l’autre », c’est plus facile.

Et cela n’est pas compliqué à comprendre. Fut un temps, pas si lointain, face à l’avant-gardisme politique des organisations politique type PCF ou LCR (et je parle d’organisation, pas de militantEs à l’intérieur de ces organisations qui peuvent ne pas être d’accord avec de telles pratiques), il y avait une capacité d’organisation, de réaction, qui venait de la part de militantEs révolutionnaires, anarchistes, communistes anti autoritaires, syndicalistes et d’autres, nous étions capable, dans le camp des révolutionnaire anti autoritaire de créer des cordons sanitaire, d’investir les espaces de lutte plutôt que de les saboter ou les boycotter par principe.

Donc on réagit comment quand c’est toujours l’autre le responsable et que nous on a la vraie parole, la pure la seule qui vaille la peine d’être écouté ? Bah on réagit comme des avant-gardistes. On se recrée notre entre-soi militant, on s’entraîne collectivement, on se conforte dans notre opinion et surtout, on ne la confronte jamais réellement dans une volonté d’élargir le cercle des révolutionnaires, mais on l’impose pour être sûr que si ça a foiré, c’est parce que personne n’a voulu faire comme on a voulu.

Et je crois que j’hallucine un petit peu de ces trois semaines de luttes qui sont derrière nous. En seulement trois semaines, tout ce qu’il peut y avoir de détestable dans ce genre de période est ressorti, exacerbé au centuple. Et je le répète, ce n’est pas le fait exclusif des militantEs organisés dans des partis politiques. L’ennemi le plus commun dans ces critiques est souvent « La CGT ». La CGT c’est quoi ? C’est une organisation syndicale traversé par plusieurs courants : il y a des réformistes, des sociaux-démocrates, des révolutionnaires, des communistes, des anarchistes, des fascistes même et pour finir, des prolétaires et des salariéEs n’étant la que pour défendre le peu qui peut être encore défendu sur leurs espaces de travail. La CGT, n’est pas une entité monolithique qui serait un peu le grand satan des mouvements sociaux, avant même le gouvernement, les capitalistes, les keufs, les militaires, les jaunes. Je trouverais presque triste et en même temps amusant de voir comme le consensus de haine de la CGT trouve autant d’écho chez les révolutionnaires de tout poil, sachez camarades, qu’en faisant cela, vous ne vous différenciez pas beaucoup des discours médiatiques et politiques de « prise d’otage », remplacez l’usagerE de la SCNF prisE en otage par ces cruelLEs syndicalistes qui ne font rien qu’à prendre en otage notre belle révolution fantasmée.

Après, bien entendu que cet outil politique n’est pas exempt de critique, loin de la, de son SO viriliste qui a malheureusement plus pour vocation le contrôle des manifs que la défense des personnes y participant, sa bureaucratie thorezienne qui sait déclarer quand une grève doit s’arrêter mais qui ne saurait pas « décréter la grève générale », l’abandon de ses principes révolutionnaires pourtant historiques etc etc. Mais ne serait-il pas plus judicieux de mettre à jour ces contradictions et de travailler a ce que ce genre d’outil correspondent à nos aspirations ? Je reste persuadé qu’il sera plus intéressant au moment où nous devrons nous confronter à la police pour enfin avoir une manifestation qui passe en centre-ville d’avoir la CGT (ou Solidaires, je suis ni sectaire ni cégétiste) de notre côté plutôt que contre nous…

Nous vivons un temps difficile, où la plupart des personnes travaillant ne le font pas par plaisir, beaucoup d’entre nous dans le camp des exploitéEs sont résignéEs, fatiguéEs, subissent des pressions de malade au boulot, ne peuvent pas se mettre en grève au risque de se faire blacklister au taff, et comment on leur parle à ces gens ? On leur parle comme à des merdes. Des slogans folkloriques et insultant comme « La loi travail on s’en fout on veux pas bosser du tout » (sympa pour les personnes n’ayant pas vraiment le choix ou n’ayant jamais eu accès à des espaces leur permettant d’émettre une critique profonde du salariat) aux attitudes de « représentants de la classe ouvrière » complètement délirantes, avec des discours politicards restés bloqués à une époque où, en effet, les grandes allocutions sur l’organisation du prolétariat étaient encore de mise, parce que le PCF faisait peur à une partie de la bourgeoisie, parce que des mouvements ouvriers forts existaient encore et que la conscience de classe était un acquis pour tous et toutes. Nous n’en sommes plus là. Et la seule responsabilité n’est pas seulement celle d’organisations qui, à des moments précis, ont pu trahir des revendications ou des mouvements d’ampleur, elle est surtout le fait de gouvernements successifs ultra-répressifs, ayant réussi à briser toutes les solidarités existantes sur les lieux de vie, de travail, de sociabilisation, elle est le fait de la bourgeoisie qui, depuis des décennies, n’a pas cesser de se renforcer dans son organisation, où le capital ne fait que se renforcer quand l’exploitation internationale ne fait que s’accentuer, elle est le fait des appétits féroces de nos dirigeants à grapiller la moindre de nos miettes.

Il s’agit quand même de savoir repréciser et recentrer qui sont nos vrais ennemis, qui sont nos vrais adversaires. Dans l’avant-gardisme, il y a aussi ce mépris de classe, celui qui fait que « nous on a compris, les autres peuvent donc bien crever la gueule ouverte », ou celui qui estime que le travailleurs et la travailleuse ne sont pas « suffisamment conscients de leur situation de classe », les exploitéEs ne seraient pas assez intelligent pour savoir qu’ils et elles en chient quotidiennement ? Cet avant-gardisme, c’est celui qui ne cherche plus à être en contact avec la réalité, celle ou il y a des millions de personnes qui travaillent dans ce pays, rarement pour le plaisir, mais simplement parce qu’on a pas le choix.

Parce que c’est quoi, un travailleur ou une travailleuse actuellement ? Globalement, c’est nous, celles et ceux qui se retrouvent avec des paies de misère pour un boulot sans cesse plus complexe, quel que soit notre milieu ou notre secteur. Et avec de plus en plus de répression dans le contexte du travail, comment ne pas avoir peur de faire grève quand on travaille dans une entreprise, quand au 20h on nous parle d’ouvriers grévistes qui prennent de la taule ferme pour une simple séquestration. Qui a encore envie de se syndiquer actuellement alors que les attaques venant de la part du patronat et de l’État sont si fortes face à celles et ceux qui tentent précisément de préserver leur boulot ? On est tous et toutes excédéEs par nos vies et beaucoup n’attendent rien d’autre que de rejoindre ce mouvement qui commence, mais c’est rendu impossible par nos conditions matérielles d’existence. Combien de personnes ne peuvent pas se mettre en grève simplement parce qu’elles n’ont pas de thune pour ça, ou risque purement et simplement de pas se faire ré-embaucher ? Les intérimaires, les CDD à rallonge, ça fait aussi partie de ces conditions de vie qui nous empêchent de lutter, et se syndiquer quand on est dans une petite entreprise, ça craint, quand on est en CDD, ça craint, quand on est étranger en situation irrégulière ou régulière, ça craint encore plus.

Ce n’est pas par les beaux discours ni nos querelles internes qu’on arrivera à faire en sorte qu’on puisse s’organiser concrètement, par contre, la solidarité de classe, reconstruire ce qu’on a perdu et qu’on à collectivement laissé échapper, redonner le courage de se battre ça passe aussi par ça. Depuis deux semaines, combien d’amiEs, de proches qui nous disent « au boulot le patron/la direction me fout la pression pour pas que je me foute en grève », et combien de personnes ne savent même pas que quand il y a un préavis de grève générale, il couvre l’ensemble des salariéEs ? Donc cessons de penser que le fait de vouloir juste défendre un cadre de vie fait de nous des traîtres à la révolution, considérons le contexte économique et social et sachons réagir en conséquence, parce que nous sommes tout autant victime de ce contexte violent, et c’est pour cela que nous voulons le foutre en l’air. Et en période d’état d’urgence, il est certain que la répression envers les salariéEs en lutte ne va être que plus forte encore, en seulement deux semaines, déjà plusieurs interventions policières dans des facs pour empêcher des AG, des postierEs en Seine-Saint-Denis menacéEs directement par la direction avec l’appui des keufs, c’est aussi ça, la réalité que nous vivons et qu’il faut prendre en compte. Ne nous trompons pas d’ennemis encore une fois, si nous en sommes là ou nous en sommes, c’est parce que l’organisation du capitalisme et le libéralisme ont détruit tous nos espaces d’organisation, et que nos prises de tête en interne ne font que renforcer le camp d’en face.

Je n’ai pas envie de citer d’événement particulier ayant eu lieu ces derniers temps à Toulouse qui sont symptomatique de cet avant-gardisme qui plane dans l’air, les keufs et la DCRI lisent aussi ce site et il ne s’agit pas de leur donner du grain à moudre, cela sera sans doute le fruit de discussions que nous devons avoir quotidiennement, nous interroger sur nos modes d’actions, à quel moment nous pouvons faire preuve de paternalisme et de confiscation d’outil de lutte, quels sont nos implications, de quel manière nous reproduisons ce que nous critiquons dans les dominations de classe, raciste, sexiste, étatique. Mais je pense qu’il faut être conscient que nous n’allons jamais pouvoir tomber d’accord avec l’ensemble des personnes que nous pouvons croiser dans la lutte, par contre, il est important de promouvoir le discours révolutionnaire, pas par des actions groupusculaire, ou pas seulement en tout cas, mais aussi en promouvant des formes d’organisations non soluble dans le capitalisme, prôner et expérimenter un modèle de société ou la solidarité n’est pas un vain mot, mais plutôt le moteur de nos vies.

Ce qui m’inquiète le plus, c’est que j’ai l’impression que nous n’en sommes qu’au début d’un truc qui s’annonce important mais que nous reproduisons déjà à l’identique des divisions qui apparaissent généralement en fin de mouvement, quand toute la période d’émulation collective est derrière nous et que la seule manière de faire vivre encore un peu le rêve, c’est la radicalisation qui tourne en rond, celle où les divergences éclatent parce qu’il n’y a plus cette possibilité d’action collective, cette période où les médias, les politiques, les droitiers ont gagné et ont réussi à nous diviser. Le moment où la seule porte de sortie semble être l’entre soi.

Et je ne pense pas qu’il existe de formule secrète pour mener à bien la révolution qui nous anime, la massification est une part importante, on ne gérera pas la production alimentaire nécessaire à notre survie et la production ouvrière à trente, on ne pourra pas gérer tous les problèmes du quotidien par une bande de potes super soudée, on a besoin de tout le monde pour ça, et pour autant, ce n’est pas une massification pour le plaisir du défilé hebdomadaire que nous créerons la différence, le basculement nécessaire à renverser le pouvoir et l’ordre des choses, nous avons besoin d’action radicale, d’occupation, de sabotage, d’expropriation, de grève générale et offensive si nous voulons avoir la possibilité de faire trembler ceux et celles qui nous exploitent. Donc oui, nous avons besoin du nombre ET de la détermination ET de perspectives révolutionnaires radicales pour faire la révolution, si l’on évacue l’une de ces composantes, c’est soit le fascisme, soit la répression, soit le marasme, voire les trois à la fois.

Je n’ai pas beaucoup de perspectives à poser dans le moment, juste des constats. Des constats amères, que le milieu militant tourne en rond, qu’il ne cherche jamais réellement à se dépasser. J’ai pu croiser beaucoup de personnes qui ne se sentent plus à l’aise d’aller dans « nos manifs », d’une part parce qu’il y à la répression, mais aussi parce qu’il y à notre attitude, nos discours, nos pratiques qui font peur, qui ne mettent pas en confiance, qui excluent plus qu’elles n’incluent, et cela est du aussi aux manières que nous avons d’agir. Combien de personnes ne se sentent pas de faire des prises de paroles en assemblée générale étudiante parce qu’elles ont peur de se faire insulter parce que le CV militant n’est pas assez fourni ? Combien de personnes fuient nos espaces d’organisations parce qu’ils ne sont plus que des batailles de tribuns qui ne cherchent même plus à parler de nos réalités quotidiennes mais juste à recruter ? Combien de personnes ne se sentent pas concernées par l’ensemble des discours prophétiques que nous déclamons ou rédigeons de notre plus belle plume ? Combien de personnes ne se sentent jamais concernées par les outils d’organisations que nous pouvons proposer parce qu’il faut soit être super pote avec l’ensemble du groupe pour espérer intégrer cet outil, ou parce qu’il faut réussir à prouver qu’on a compris le capital de Marx lu en version originale et non traduite ?

Je ne souhaite qu’une chose, c’est que l’on se rende compte à quel point les discours développés dans les milieux dits radicaux ne font plus écho nulle part, à quel point nous arrivons à être déconnecté, à quel point notre langage, nos "appels à la révolte" ne sont que des coquilles vides qui se répètent depuis tant d’années, à quel point nous ne sommes même plus capables de juste remettre un peu les mains dans l’cambouis. Pourtant, j’ai peine à croire que les salariéEs d’aujourd’hui n’ont pas envie de se mobiliser, je pense juste qu’ils et elles ne le peuvent pas, et qu’on les aide pas beaucoup quand on passe notre temps à se prendre la gueule sur "kikoralathéorielaplupure" plutôt qu’aller diffuser nos propositions d’organisation concrète et qu’on se remettra à se confronter au réel, et qu’entre les tenantEs de la "théorie parfaite" ou de la "spontanéité révolutionnaire", il existe une masse de personnes qui en ont plein le dos d’assister aux querelles stériles. L’organisation affinitaire, l’organisation partisane, l’organisation syndicale, l’organisation idéologique ne sont pas nécessairement des freins à nos luttes, nos manières de percevoir comment ces structures fonctionnent (ou ne fonctionnent pas en l’occurrence) sans doute beaucoup plus.

Je ne pourrai pas dépeindre le tableau entier de ce qui m’inquiète et m’exaspère dans l’avant-gardisme puant qui existe dans nos luttes, ça demanderait un texte bien plus long qu’il ne l’est déjà ; je souhaitais juste m’exprimer sur ce fait que je constate et trouve dangereux. Soyons juste conscient que l’avant-gardisme n’a pas de parti, n’a pas de structure spécifique, qu’il est partout et qu’a ce titre, nous devons le combattre dans nos organisations et dans nos luttes quotidiennement, et je terminerai par un adage bien connu mais légèrement remanié, camarade révolutionnaire, anarchiste ou communiste non autoritaire, si tu souhaites voir un jour une société égalitaire voir le jour, prends dès aujourd’hui tes responsabilités, tue le/la bolchévique et l’avant-gardiste qui est en toi.

Un anarchiste parmi d’autres

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