Bobigny : les politiciens suivent encore une fois la voie pavée par les fascistes

Misère de la politique, politique de la misère. À Bobigny devait se tenir le 3 juillet un « colloque sur les extrémismes violents ». Le colloque, institutionnel évidemment, a dû faire sans les représentants de l’État qui ont boycotté l’événement. En cause, la présence du sociologue (arabe) Said Bouamama. Et derrière, bien sûr, le rassemblement national à la manœuvre.

Encore une campagne d’extrême droit victorieuse. Après les interdictions de Médine au Bataclan, les polémiques sur le burkini, les intox salissant Sud educ 93, c’est encore une réussite offerte sur un plateau aux fachos par l’État.

Cette fois les attaques sont positionnées contre Said Bouamama sociologue et fondateur du Front uni de l’immigration et des quartiers populaires [1].
Mais celui-ci devait intervenir dans un tout autre cadre selon Le Parisien :

Il fait officiellement partie, depuis 2015, de l’équipe pluridisciplinaire (sociale, clinique, sociologique) de la Sauvegarde. L’association est chargée du suivi, depuis quatre ans, de 105 personnes, jeunes hommes, adolescents, signalés par un parent, mis en examen ou écroués pour des faits en lien avec le terrorisme. La Sauvegarde est d’ailleurs l’unique opérateur missionné par l’État en Seine-Saint-Denis.

Jordan Bardella, fasciste en chef du rassemblement national a pris sa misérable plume pour écrire une demande à Castaner :

« Said Bouamama est connu pour être signataire de l’appel des indigènes de la République, collectif islamo-gauchiste […] qui a appelé en 2017 à participer à une marche contre le racisme et l’impunité des forces de l’ordre »
« Participer aux discours d’ouverture de ce colloque donne du crédit à ces idéologues antifrançais et antipoliciers », ajoute l’eurodéputé RN, en écho à une autre tribune du même ton.

On connait cette rhétorique chère aux fafs, mais aussi à une gauche type lecteur de Marianne, complètement flippée par leur fantasme de choc des civilisations, complètement flippé par l’autre, celui qui ne lui ressemble pas, celui qui va prétendument l’envahir, celle qui porte des habits qu’elle n’aime pas.

Et le gouvernement, heureux de plaire à ses meilleurs ennemis d’extrême-droite de réagir aussitôt fermement :

« J’ai reçu un coup de fil, mardi soir vers 18h30, pour me dire de ne pas venir au colloque suite aux bruits dans les médias, à la demande de la préfecture et du ministère », explique Said Bouamama, joint par téléphone.
« Je suis habitué aux vieilles critiques de l’extrême-droite, sur le parti des indigènes de la République, mon livre Nique la France - qui cherchait à comprendre pourquoi certains arrivent à dire ça -, et ma position contre la loi sur le foulard à l’école. Mais si on ne pose pas les questions de fond, ça va être de pire en pire. Le combat des idées est essentiel, le gouvernement cède trop rapidement aux polémiques du Rassemblement national et alimente la lepénisation des esprits ».

Évidemment. Et parallèlement, les représentants de l’État on refusé de siéger alors même que M. Bouamama avait annonçé qu’il décommandait.
Face à cela, même le journaliste du Parisien est obligé de se poser des questions :

Un sociologue à qui on demande de ne pas parler de son travail, des représentants de l’État absents… L’État soutient-il toujours la Sauvegarde de l’enfance en Seine-Saint-Denis dans son travail auprès des personnes radicalisées ?

Si c’est même la presse qui le dit…

Mots-clefs : extrême-droite | islamophobie

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