Aux côtés de la résistance de Kobanê !

Aujourd’hui mardi 7 octobre, la bataille de Kobanê est entrée dans une phase décisive et particulièrement dramatique. Les djihadistes ont réalisé des percées au cours de la nuit et, malgré de lourdes pertes, occupent plusieurs quartiers de la ville.
Kobanê peut tomber à tout moment. Seule une mobilisation générale pour sauver Kobanê.

Depuis le 15 septembre, les habitants majoritairement kurdes de la région de Kobanê font face à une gigantesque offensive militaire des djihadistes de l’État Islamique (EI).

Depuis près de 3 semaines, les combattant-e-s des Unités de défense du peuple (YPG) et des femmes (YPJ) résistent avec des effectifs et surtout un armement totalement inférieurs : armes légères adaptées à la guérilla contre des chars, des blindés, des lance-missiles, de fabrication russe et étatsunienne, tout droit sortis des arsenaux des armées de Damas et de Bagdad.

Ils et elles ont dû céder du terrain et abandonner 70 villages au terme de très violents combats et de très lourdes pertes, de part et d’autre. Cette offensive a provoqué l’exode de 180 000 personnes de l’autre côté de la frontière, malgré les interdictions et blocages des autorités turques qui ont finalement dû reculer. Elle a provoqué des massacres, des kidnappings, des disparitions, des décapitations (le 1er septembre : 10 têtes coupées – 3 femmes et 7 hommes, 6 Kurdes et 4 Arabes – et exposées dans un village à 15 km à l’ouest de Kobanê).

Mais cette offensive a aussi provoqué une formidable mobilisation des Kurdes en Turquie et dans la diaspora : manifestations de masse dans les villes, opérations villes-mortes, rassemblements de milliers de personnes sur la frontière, infiltration de plusieurs centaines de volontaires pour défendre la ville.

Malheureusement, ces soutiens et renforts sont loin d’être suffisants.

L’assaut sur Kobanê, lancé sur trois fronts – ouest, sud et est – bénéficie en effet d’un complément décisif au nord grâce à la Turquie qui a verrouillé la frontière et déployé sa police et son armée pour bloquer les renforts et surtout les acheminements en armes (antichars surtout) susceptibles d’inverser le rapport de forces.

Les Kurdes encerclés par les djihadistes et l’armée turque

Aujourd’hui, les djihadistes sont aux portes de la ville. Malgré la résistance farouche des combattants hommes et femmes, des habitants restés pour se battre et des jeunes volontaires venus de l’autres côté de la frontière, les forces de l’EI semblent pouvoir prendre prochainement la ville de Kobanê et se livrer à un massacre de masse. De leur côté, les YPG-YPJ affirment qu’ils ne se rendront jamais et qu’ils se battront rue par rue, maison par maison.

Cette ‟victoire” des djihadistes – qu’elle que soit l’issue finale – n’est que le résultat tragique des derniers développements en Irak et en Syrie : la montée en puissance de l’entité appelée EI, elle-même conséquence de l’effondrement des régimes en place et du soutien apporté par les pétromonarchies du Golfe persique et la Turquie aux divers mouvements armés de l’islam politique en Syrie comme en Irak qui donneront naissance à l’EI, et par voie de conséquence, l’absence, ou la trop grande faiblesse, d’oppositions laïques, anticoloniales et anticapitalistes...

La Turquie, qui a été parmi les principaux appuis des djihadistes depuis 2011, entend profiter de la situation pour s’imposer comme la première puissance régionale, affaiblir ou liquider la résistance kurde et briser l’émergence d’une nouvelle réalité sociale-politique dans la région porteuse d’une alternative aux découpages et aux États-nations issus de la domination coloniale, et, des islamistes aux dictatures, aux formes les plus totalitaires et barbares de la domination politique. Les États-Unis et les pays occidentaux, parfaitement informés de ce qui se jouait, ont laissé leurs ‟alliés” dans la région armer, entraîner, encadrer, financer des dizaines de groupes djihadistes qui se sont rassemblés dans l’EIIL (puis EI), pour, à l’époque, faire tomber les régimes de Bachar al-Assad et de Nouri al-Maliki.

Mais aujourd’hui, le monstre semble avoir échappé à ses créateurs et se retourne contre eux.

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Mots-clefs : Moyen-Orient | Kurdistan | Syrie

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