En plein climat d’union nationale et de paranoia sécuritaire, la machine répressive s’emballe, assimilant à une incitation au terrorisme des propos contre la France ou la police. Avec toutes les précautions d’usage pour une presse qui relaie quasi-directement les déclarations de la police, on lit ainsi dans Le Parisien :
Vendredi soir, à Courbevoie, un jeune homme de 17 ans a jeté des pétards et proféré des propos haineux à l’égard de la nation française et des victimes des attentats des derniers jours. Il a été interpellé et placé en garde à vue.
Même traitement pour un jeune de 18 ans à La Garenne-Colombes, vendredi. A 21 h 45, il a tenu des propos menaçants, a insulté des policiers, et a blessé légèrement l’un d’eux.
Dans la nuit de vendredi à samedi, cinq individus circulant à bord d’une voiture s’en sont pris eux aussi verbalement aux de l’ordre à Saint-Cloud. Passant devant le commissariat, fenêtres ouvertes, ils ont proféré des menaces... et ont terminé leur promenade nocturne en cellule.
Le même journal relaie aussi des faits similaires à Evry, s’empressant de relayer le lobbying des syndicats policiers pour demander plus de répression. De fait, la répression peut aller encore plus loin, comme pour Malik, 24 ans, jugé en comparution immédiate et condamné à dix-huit mois de prison dont six avec sursis, en retenant la circonstance aggravante de propos solidaires avec l’attentat au moment de son interpellation à Barbès, alors qu’il était sous psychotrope (il avait pris du Rivotril). On trouve le récit d’un cas assez proche sur la non-moins recommandable BFM TV :
Un jeune de 20 ans a été condamné à six mois de prison ferme ce lundi par le tribunal correctionnel d’Orléans. Il lui a été reproché d’avoir crié « vive la kalach » en direction d’un groupe de policiers croisé dans un centre commercial de la ville jeudi dernier, jour de deuil national, et alors que la France était au plein milieu d’une série d’attaques terroristes. (...) Placé en détention par le juge des libertés au terme de sa garde à vue, le jeune homme a été jugé lundi en comparution immédiate. Sans revenus, si ce n’est ceux de petits boulots « au noir », le jeune homme, qui vit avec sa compagne enceinte et déjà mère d’un enfant, a expliqué au tribunal qu’il avait bu : « j’ai sorti ça comme ça et je m’en excuse », a-t-il lâché. (...) Maintenu en détention, le jeune homme devra verser 200 euros à chacun des quatre policiers, à titre de réparation du préjudice moral.
On signale des cas de condamnations similaires un peu partout en France [1] , où la soupe médiatique imprègne si bien les esprits que des propos anti-France ou anti-flics deviennent des incitations au Djihad. Comme disait l’autre, monde de merde... La chasse aux pas-Charlie est ouverte.