Appel aux étudiants en école de commerce sur le sujet de la réforme des retraites

Si les universités sont mobilisées depuis plusieurs semaines contre la réforme des retraites, les étudiants en écoles restent silencieux. Ce texte vise à leur expliquer très concrètement pourquoi ils seraient eux aussi perdants face à cette réforme, en espérant qu’ils puissent par la suite rejoindre le mouvement.

Chers camarades d’école de commerce,

Il ne vous a sans doute pas échappé que depuis la date du 5 décembre 2019 la France est secouée par une forte grève en opposition au projet de réforme des retraites du gouvernement Édouard Philippe et du président Macron. Au-delà des blocages qui entravent nos déplacements quotidiens, que penser de cette réforme des retraites ? Écrire ce texte me permet de vous interpeller sur cette question et de vous partager une analyse des points les plus importants du projet.

La réforme présentée dans le rapport Delevoye veut transformer notre système actuel de retraite par répartition en un système à points accompagné d’un âge pivot. Avant de revenir sur ces éléments rappelons d’ores et déjà que sans être parfait, notre système actuel offre une bonne protection aux retraités, notamment aux salariés du privé comme le précise l’étude « Panorama des pensions 2019 » de l’OCDE. Tout changement doit donc aller vers une amélioration de ce système. L’examen du projet laisse pourtant en douter.

Tout d’abord, avec le système de retraite par points la pension n’est plus calculée sur les 25 meilleures années d’activité pour le privé comme dans le système actuel, mais sur l’ensemble la carrière. Mécaniquement, le niveau de retraite ne peut donc que baisser puisque les années de chômage et le début carrière sont comptabilisés. En outre, les femmes dont les carrières sont plus hachées et interrompues que les hommes risques d’être encore plus touchées par cette baisse.

L’autre conséquence du système par points est qu’il permet de baisser le montant et la valeur de ces points chaque année pour faire diminuer les pensions. C’est d’ailleurs ce qu’indiquait François Fillon en 2016 à ce propos et c’est ce qui s’est passé pour les retraités allemands lorsque le gouvernement a mis en place le système par points en 1992. Aujourd’hui, selon Eurostat en Allemagne de l’Ouest le montant moyen des pensions mensuelles versées aux retraités est de 864 euros contre 1 472 euros pour les Français en moyenne.

Enfin, le troisième volet majeur du nouveau système est la mise en place de l’âge pivot ou âge d’équilibre jusqu’auquel tous les salariés devront travailler pour obtenir une pension complète. Fixé à 64 ans, l’âge évoluera dans le temps en fonction de notre espérance de vie comme le suggère le rapport Delevoye. Ainsi, pour la génération 1990 l’âge d’équilibre devrait être de 67 ans, c’est par conséquent un recul de l’âge de départ à la retraite. À noter que l’espérance de vie en bonne santé en France est inférieure à 64 ans selon l’INSEE. La réforme pousse donc les salariés à travailler plus longtemps et potentiellement à un moment où leur santé se dégrade.

Après analyse de ces trois points, on constate que loin d’améliorer la sécurité des retraités, le passage à un système par points avec un âge pivot provoquera une baisse des pensions de retraite pour tous les salariés, qu’ils soient du public ou du privé et un recul du départ en retraite.

Partout dans la société des voix se font entendre contre cette réforme, celle des étudiants en école de commerce reste en retrait. L’enjeu nous oblige à rompre avec ce silence, car nous sommes directement et entièrement concernés par cette réforme en tant que citoyens français, futurs salariés, salariés en alternance, salariés en emploi étudiant et enfin futurs retraités.

Discutons-en et exprimons-nous notre opinion en tant que collectif sur ce projet de réforme ! L’enjeu c’est notre futur, ne restons donc pas silencieux !!!

Note

Merci de partager ce texte à vos camarades pour que le plus grand nombre puisse en prendre connaissance.

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