Appel à solidarité internationale avec l’usine occupée VIOME (Grèce)

Le 23 mars, les travailleurs de VIOME retournent face à l’administrateur judiciaire qui entend, en accord avec l’ancien propriétaire, les expulser. Quel que soit le verdict du tribunal, les travailleurs-coopérateurs de cette entreprise occupée (abandonnée il y a maintenant quatre ans par ses propriétaires) affirment leur volonté de rester : ils font appel à notre solidarité.

Les travailleurs de VIOME à Thessalonique, en Grèce, se sont levés contre la pauvreté et le chômage. Ils ont entamé une longue lutte pour l’autogestion de l’usine et ce, dans un contexte hostile. Cela fait deux ans qu’ils produisent et commercialisent des produits de nettoyage écologique dans l’usine occupée [1], ce qui leur garantit un revenu modeste pour leur famille. Ils ont travaillé dans des conditions d’égalité les uns par rapport aux autres, prenant les décisions collectivement grâce à leur assemblée. Ce faisant, une grande vague de solidarité s’est manifestée en Grèce mais aussi à l’étranger, donnant un caractère emblématique à leur lutte pour la dignité humaine en Grèce en temps de crise.

Les anciens propriétaires de l’usine – la famille Fillipou – n’ont eu de cesse de tenter de nuire au processus, par des obstacles légaux à chacune des étapes de leur chemin. Cela fait quatre ans qu’ils ont abandonné l’usine, s’appropriant tous les bénéfices et laissant derrière eux une dette de cent millions d’euros qui s’abat maintenant sur les travailleurs, maintenant leur familles dans la pauvreté et la misère. Aujourd’hui ils refont surface, conspirant avec les syndics et le système judiciaire afin de liquider l’entreprise.

Alors que les anciens propriétaires ont été condamnés à 123 mois de prison en première instance pour les millions d’euros de dettes pour les travailleurs, la cour d’appel a réduit cette peine à 43 mois de sursis, et annulé les compensations pour les travailleurs. En même temps, un nouveau jugement aura lieu le 23 mars, où sera évalué la demande des administrateurs de liquider la machinerie et les installations. Si le tribunal leur donne raison, les intérêts financiers et immobiliers pourront s’immiscer dans l’usine de VIOME.

Nous, les travailleurs de VIOME et le mouvement de solidarité national et international, sommes décidés à résister à la probable vente par tous les moyens disponibles. Le vendredi 20 mars, nous protesterons dans le centre ville de Thessalonique, avec un marché d’agriculteurs et une vente directe des produits de VIOME pour le public. Le lundi 23 mars nous nous réunirons en face du palais de justice pour protester contre l’intention des administrateurs et des juges de liquider l’entreprise et ses installations – qui condamnerait les travailleurs à perdre leur emploi et leurs familles, à la précarité – afin de servir les détenteurs du pouvoir.

De plus, nous déclarons que, indépendamment de la décision du tribunal, nous sommes décidés à rester fermes et à défendre l’usine VIOME, un lieu de travail qui se maintient en vie grâce à la détermination des travailleurs ainsi qu’à la solidarité de la communauté. Nous refusons de laisser l’usine aux mains des pouvoirs judiciaires, qui ont refusés à plusieurs reprises de faire justice pour les travailleurs et les plus défavorisés.

Notre destin est entre nos mains, nous gérons nous-même notre travail et notre vie. Nous n’allons pas permettre que qui que ce soit détruise ce que nous avons construit avec tant d’efforts. Nous déclarons aux juges, à la police, aux syndics, aux anciens propriétaires et aux aspirants acheteurs :

VIOME N’EST PAS A VENDRE !

VIOME EST AUX TRAVAILLEURS !

Article à lire en intégralité sur le site de Vio-Me.

Notes

[1C’est un exemple intéressant de la manière dont la reprise en main des moyens de production peut permettre de transformer leur finalité : alors que l’entreprise réalisait antérieurement des colles et dissolvants pour le bâtiment, ses travailleurs décident de se lancer dans des produits nettoyants ménagers à base de composants exclusivement naturels.

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