Analyse critique du soin psychiatrique

Analyse critique du soin psychiatrique

Trash Psychiatrie

2020

Ces lignes n’ont rien d’exhaustives, ne révèlent rien d’exceptionnel, elles dessinent le paysage psychiatrique nauséabond d’une réalité courante, dont le centre est partout et la circonférence nulle part, tant la santé mentale est devenue un marché juteux pour les laboratoires mais aussi pour certaines personnalités perverses qui exercent le contrôle de nombreux pôles de « soins ».
J’ai bossé onze piges dans une « taule à soin » (un hôpital) avant de calter. J’en rapporte quelques éléments factuels bien cradingues. Excusez l’expression.

En psychiatrie, la formule si commode « pôle de soin » prend factuellement une signification quasi-paradoxale, elle affirme ce qu’elle nie. On prétend soigner, mais c’est l’emprisonnement qui prévaut (et son alter-ego : le bénéfice financier pour l’hosto). Le point d’orgue du pôle n’est pas médical, ne jamais l’oublier : c’est une entité d’abord gestionnaire aux ordres d’un directeur financier. Cette novlangue médico-sociale aura brouillé bien des pistes de compréhension.
L’hôpital général est regroupé par secteurs : diabétologie, oncologie, gériatrie, psychiatrie, etc… mais d’autres instances ont préféré nommer cela des « pôles ». Nul doute que des psycho-linguistes ont durement réfléchi sur l’architecture syntaxique du caractère neutre et innocent de ce signifiant (pour causer comme les chairs à divan). Pôle, c’est plus pratique à dire, plus usuel, l’odeur du fric ne suinte pas.
Une société vraiment civilisée, si ses dirigeants en avaient eu le désir, aurait su bâtir un système de soins gratuits (vraiment gratuit) pour ceux qui n’ont pas un flèche. Mais non ! Le conte bleu garde sa force propulsive quand il s’agit d’artiche.

Donc, pour mémoire, rappelons qu’avant les années 2000, chaque hosto recevait une enveloppe globale annuelle sans (trop) d’obligation de résultats. Puis en 2009 l’ère barbare survint (elle eut des antécédents dès 2004), la présidence du « gagner plus » sut imposer sa loi plus férocement encore. C’est là que le gentil Ministère de la Santé a tout balayé. Dorénavant pour toucher sa maille, pour payer ses salariés, l’hôpital doit faire du chiffre, de la quantité. Les toubibs de tous poils doivent désormais produire de plus en plus d’actes médicaux, du plus stupide pansement au plus tragique mal incurable ! Comme cette pauvre femme d’un hôpital parisien, patiente condamnée mais dont le chirurgien sut convaincre la famille que l’opération était nécessaire. Nécessaire pourquoi ? Souffrances inutiles. Les obsèques eurent lieu deux mois après l’opération. « Bravo la démarche qualité ».
Une collecte fut-elle versée pour couvrir les frais d’obsèques ? Macache. Une victoire se partage rarement en matière de biftons.

Vous aurez saisi que « pôle » désigne ce vaste continent des administratifs enrégimentés, médecins collabos en herbe, comptables conscients de leur mission d’exécutants (il y a des exceptions, comme partout. Je tape sur la règle pas sur l’exception). Et inutile de penser aux syndicats ou au CHSCT pour vous défendre si vous trimez à contre-courant (en vous scandalisant), inutile d’espérer vous sentir écouté. Non ! surtout pas.
Il y a l’entretien d’évaluation annuel (épistémologiquement nul et le plus souvent humiliant), l’entretien disciplinaire, l’isolement (l’opprobre), la mise à pied et la porte si vous ne suivez pas le rythme. Se jeter sur les rails s’effectue en dehors du périmètre de l’hôpital. Les services, les soignants, bien que maltraités (moins que les patients, il va sans dire) n’en restent pas moins les bons soldats de la bureaucratie. Services frileux, geignards à qui on accorde de temps en, temps une petite grève, mais grève minuscule, qui ne sert à rien, ne révolutionne rien, ne casse rien. Car rien ne bouge dans le monde des statues.

Il y a l’entretien d’évaluation annuel (épistémologiquement nul et le plus souvent humiliant), l’entretien disciplinaire, l’isolement (l’opprobre), la mise à pied et la porte si vous ne suivez pas le rythme. Se jeter sur les rails s’effectue en dehors du périmètre de l’hôpital.

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Autre objectif des patrons de pôle ? « Pousser à la démission » lorsqu’un salarié se montre retors, critique ou trop véhément. C’est une spécialité managériale : produire du stress, désorganiser le travailleur. Et bon sang : «  Il s’y connaissent en psychiatrie pour faire démissionner les récalcitrants !  » cette phrase chuchotée me fut glissée à l’oreille par un membre du CHSCT en 2020 dans un hôpital du Val d’Oise, le mien. Il est évident que ce qui est proféré oralement n’a aucune valeur juridique si vous souhaitez vous défendre en cas de harcèlement moral.
Reste le syndicat hospitalier, des clowns, mais si tristes ! Ils ont tellement « jauni » à force fréquenter les managers qu’ils en oublient que leur fonction consiste à défendre le salarié en souffrance, à établir un vrai rapport de force avec ce fichu pouvoir qui vient d’en haut. La bureaucratie a finalement remporté la bataille sur l’idéal du soin.
Cette terre « psychiatrique » peut sembler moins sinistre et brutale qu’autrefois, il n’en est rien. Ce court texte ne vise qu’à le démontrer. Il n’est pas sûr que j’y parvienne.

La psychiatrie a commencé il y a longtemps et se poursuivra longtemps encore. Ce sont les formes qui changent, je veux dire les formes qu’un mauvais plaisantin a cru bon de nommer « le soin ». Quand ? je l’ignore. Mais du soin en question, il y aurait à redire comme de la prison et tout système d’enfermement en général.

Je me permets d’écrire sur le sujet puisque que j’ai bossé quelques années en psychiatrie. Comme clinicien, un peu plus âgé que mes coreligionnaires. Ça la foutait mal, j’imagine, que mes chefs eussent le même âge que moi, mais quel pathétique danse de Saint Guy de les voir s’échiner à me donner des ordres absurdes ! Je me souviens de mon arrivée en 2009. Ma chef de l’époque me dit un jour sérieusement aux alentours de midi : « Surtout, tu ne dois pas manger avec les infirmiers et je ne te dis pas ça sur le mode de la boutade. ». J’écarquillais les yeux en anarchiste. C’était la première fois qu’on me disait avec qui j’avais le droit de crouter ! La Gorgone poursuivit sa démonstration : « Tu comprends, en tant que clinicien, tu es détenteur d’un savoir et un savoir dans une institution, c’est comme un oignon : » (ça pique et ça fait pleurer ? me dis-je) : «  Il y a des couches successives, différenciées et il est important qu’elles le restent !  » Conclusion de Cléopâtre : surtout ne pas se mélanger aux moins payés (infirmiers, aides-soignants) bref, à tous ceux susceptibles de faire grève, de faire trembler les murs de l’édifice. Ce qui veut dire : tu casses la graine avec nous, médecins et psychologues ou on te met à l’index. Je n’ai pas tenu ma promesse, ça commençait mal.

L’une des premières tâches qui m’était assignée dans cet hôpital aux couleurs de prison, consistait à faire passer aux jeunes patients suicidaires ou anti-sociaux, des tests « d’intelligence » (surtout ne pas rire). Les thuriféraires du quantitatif appellent cela le WISC. Un truc chiant comme la mort. Quand une jeune psychologue zélée tenta de m’expliquer comment et pourquoi c’était un outil passionnant pour « comprendre le sujet  », je n’ai rien entravé. Il me semblait qu’on me faisait passer le test ! Rarement j’eus autant le sentiment d’une imposture théorique, épreuve opératoire, épuisante, cognitivement épuisante et si fastidieuse !
Au bout de quelques mois je demandais à changer de service, je sentais bien que je n’étais pas à ma place. Ce qui me passionnait, ce pour quoi j’avais entamé cette carrière, c’était pour être au contact des patients eux-mêmes, leur parler sans baratin, sans ses médiations assommantes contra-phobiques (pour le soignant) qui rajoutent toujours plus de distance entre le psy et le patient.

C’est à peu près là que j’ai commencé à me faire massacrer, c’est-à-dire au tout début d’un parcours fléché vers la porte ou le suicide. La dépression offerte gratuitement.
Et pourtant j’essayais d’en voir des patients ! De leur parler, de les aider en bricolant quelque chose, une parole, un geste, et de ne jamais les juger (entre les patients et moi, pas vraiment de différence pour être franc). Cela plaisait d’autant moins à mes chefs. Établir des différences structurales entre le normal et le pathologique est une condition implicite pour exercer son pouvoir.

Ce qui me paraissait par ailleurs incompréhensible (ou orwellien) c’est que l’unité où j’étais censé exécuter les ordres s’appelait : « Unité Férenczi ». Pour ceux qui ne connaissent pas, Férenczi, fut un psychanalyste hérétique à son époque (1873-1933). Précurseur de Winnicott pour certains, il fit, du temps de Freud, d’incroyables bonds en avant théoriques. C’est Ferenczi qui théorisa dans la pratique l’idée que les deux axes directeurs du soin doivent être « le tact et l’empathie ». Il fit bien d’autres choses encore, des erreurs comme tout le monde, mais c’est à lui que l’on refilait les « incurables », ceux que plus tard les médecins nommèrent les « borderlines ».
En rivalité avec Freud et avec Jones, il fut déclaré longtemps, persona non grata. Pensez : jamais Férenczi n’abandonna l’hypothèse du facteur traumatique sexuel (entre l’adulte et l’enfant) dans l’étiopathogénie du symptôme hystérique adulte mais aussi, de bien d’autres mise sous terreurs précoces [1]. Sacrilège pour l’orthodoxie qui depuis 1897 y avait renoncé au profit du fantasme (le fameux abandon de la « neurotica »). Le conflit entre les orthodoxes et les adeptes de l’empathie n’a d’ailleurs jamais cessé.
En tous cas, une chose demeure : dans ce service où dépression, enfermement, maltraitance et éventuellement suicide riment ensemble, il n’est surtout pas question ni de tact, ni d’empathie.

J’ai donc vite appris à manger seul après mon premier entretien disciplinaire. La chef de pôle me cria dans les esgourdes que « j’étais devenu l’homme à abattre » (une sorte de Mackie-le-surineur) et que je m’étais mis à dos « tous les services » (j’en avais fait deux à l’époque, adultes et adolescents).
Il faut dire qu’une tendance obscure me poussait à aggraver mon cas : je posais trop de questions sur le fonctionnement du pôle. Sur les conduites coercitives notamment.

J’ai donc vite appris à manger seul après mon premier entretien disciplinaire. La chef de pôle me cria dans les esgourdes que « j’étais devenu l’homme à abattre » (...)
Il faut dire qu’une tendance obscure me poussait à aggraver mon cas : je posais trop de questions sur le fonctionnement du pôle. Sur les conduites coercitives notamment.

Ainsi après m’être fait démolir verbalement durant une semaine de juin, j’appris par le psychiatre responsable de mon unité que j’étais viré (à l’époque je marchais au CDD). Pas vraiment d’explication. Un peu échaudé j’ai été m’adresser à une collègue, LA collègue, celle qui balance, intouchable. Nouvelle erreur de ma part. Nous prenions le même train, direction Paris, choqué et furieux du sort qui m’était réservé, je m’épanchais en critiques sans voir que j’emboîtais avec elle, la ligne de métro, au final, nous descendîmes à la même station, me rendant compte (trop tard) que j’étais à l’exact opposé de ma turne.
La discussion n’a rien donné, je veux dire : rien de bon, ni d’éclairant pour moi, à chacune de mes questions : «  Mais qu’est-ce que j’ai fait exactement pour me faire ainsi jeter ?  » Je recevais la même invariable réponse : « Pose toi la question ! »
Puis j’ai repris le métro dans l’autre sens, perplexe, ne pigeant absolument rien.

Le lendemain, une surprise m’attendait : la « chef psychologue » (on l’appelait « coordinatrice ») alla trouver à peu près tout le service pour colporter que je l’avais suivie dans le métro et que désormais elle « avait peur  ».
Convoqué une nouvelle fois par la chef de pôle (coupante comme une guillotine), j’appris que ma présence n’était plus souhaitée dans le service psychiatrie, qu’il fallait que je décarre, que j’étais un assassin en puissance. Je venais de gagner mes premiers galons de psychotique (ça va vite), une réputation qui ne vous lâche pas. Ça tombait bien, j’arrivais à la fin de mon CDD. N’ayant personnellement qu’une envie, c’est de fuir ce mini-Shutter-Island, je déclinais la proposition paradoxale de la DRH : « Je vous propose un CDD de six mois, signez » (tout cela énoncé froidement). « Non merci, (répondis-je) je préfère que nous en restions là, les indemnités chômage me permettront de chercher du travail ailleurs. ». C’est là que je compris la perversité du système : cet hôpital de banlieue ne cotisait pas aux Assédics. C’est l’hosto qui était censé payer les indemnités. La réponse foudroyante de la DRH fondît sur moi comme la foudre : « Ne rêvez pas ! Jamais je ne vous paierai le chômage, soit vous signez le temps de trouver du travail ailleurs, soit vous démissionnez ! Mais n’espérez pas une seconde que je vous paye la moindre indemnité !  » OK bien reçu.
Rétroactivement, je comprends la phrase du CHSCT « Ici, leur spécialité, c’est de pousser à la démission. ».
N’attendant pas d’héritage, n’ayant que la rue en perspective et n’ayant pas le sentiment d’avoir commis une faute grave sauf celle «  de ne pas savoir faire allégeance  » (dixit ma chef de pole ). Je tombais brusquement malade. Cinq mois. À mon retour, mes collègues crurent voir un spectre ! Le fou revenait.

On me déplaça de service en service, de bureau en bureau, histoire de me faire craquer, fabriquer du stress, de l’instabilité émotionnelle, un must du management dans l’hôpital devenu entreprise.
Je craquais (comme tant d’autres craquèrent).
Néanmoins, durant ce temps je continuais d’observer la façon dont les patients étaient traités en secteur fermé : isolement, attachement, sédation violente, diagnostics de psychose ou de « troubles de la personnalité » posés en huit secondes par le psychiatre. Essais sur chaque patients des neuroleptiques à la mode prescrits par les gentils laboratoires. Zéro écoute, zéro empathie. Un service de psychiatrie et d’accueil ? Non, une geôle et un laboratoire d’expérimentation.

Un jour une patiente, la trentaine, mince, intelligente, agitée, hypomane [2], arriva dans le service (quelle année était-ce ? peut-être 2012, 2013, je ne sais plus). Bien des méthodes suffisamment douces et compréhensives purent lui être administrées. Mais non ! On lui fila (de force) un neuroleptique corsé : elle prit trente kilos en quelques mois ! Le personnel sembla étonné que la patiente, attaquée dans l’image de soi, puisse être furieuse de se découvrir ainsi traitée. Sa colère ? Celle-ci constituait bien la preuve (pour eux) que ça allait mal «  dans le psychisme » de la patiente et que le traitement était indiqué. CQFD. La remise en question d’un traitement ne se discute qu’entre médecins. Moi, en tant que simple soignant, je fis une autre gaffe : j’interrogeais l’un des psychiatres sur la validité du traitement et l’évolution de plus en plus funeste de l’humeur de la patiente. Nouvelle sanction. Menace, morale, la routine.

Un matin, nous apprîmes le suicide d’un patient schizophrène qui, ayant fugué, s’était jeté du haut d’un pont. Ordre fut donné par la cadre supérieure (elle-même aux ordres du nouveau chef de pôle) : « Nous demandons à toute l’équipe de ne pas savoir comment est mort le patient.  »
La classe. Pour une injonction, c’était une injonction !
Justement le genre d’injonctions qui ne demandent qu’à être transgressées, et à éveiller la curiosité la plus morbide. Plus perverse injonction, tu meurs. Et derrière tout cela : aucune élaboration, aucune reprise, Rien. On appelle cela le soin en psychiatrie ou la chaîne du silence (à qui le prochain ?).

Puis arriva ce matin de printemps (il me semble que c’était le printemps). Un hôpital parisien nous avait envoyé une patiente qui était de notre secteur. Une femme, mère de deux enfants, polytraumatisée dans l’enfance, ultra-maltraitée dans son travail, sans parler des conditions de « vie » conjugales.
Cette patiente, dans un état d’épuisement et de souffrance dramatique, venait de faire trois tentatives de suicide. Dans le service, après le passage peu empathique de son mari (elle n’était là que depuis quelques jours), elle fit deux autres tentatives de suicide. Réaction du service : cette femme qui n’était en rien psychotique, ni agressive, fut placée en chambre d’isolement et attachée. Il se trouve que c’est une patiente que j’ai par la suite reçue et suivie en thérapie durant quelques années. Elle eut tout le temps de m’indiquer les diverses formes moralement sadiques avec lesquelles, dès son arrivée dans le service, un médecin « s’autorisa » à lui parler sur le ton docte des inquisiteurs. Puis ce fut le tour d’une autre psychiatre, de prendre le relai par la culpabilisation : «  Vous n’avez pas honte ? Vous essayez de vous suicider, mais avez-vous pensé à vos enfants ? »
Quel tact décidément.

Et justement, nous étions lundi, le jour de la réunion de synthèse où se décide l’avenir des patients. On fit part au grand patron (nouveau chef de pôle) qui, immédiatement décréta : « Faites sortir cette patiente du service ! Sans tarder ! Ses tentatives de suicide sont d’une intolérable agressivité contre nous, les soignants.  ». Silence médusé et complice de l’équipe. Je pris la parole, scandalisé : «  Vous voulez mettre dehors cette patiente à peine arrivée, suicidaire, dans un tel état d’épuisement ? Et si dehors elle se tue ?  »
Réponse édifiante du Boss avec un petit sourire pervers : « Mais enfin, tu sais, LA VIE, C’EST DUR ! ». La patiente ne dut sa survie que grâce à l’intervention d’une psychiatre que j’appelais en urgence, qui la reçut à sa sortie, l’écouta, constata effrayée, l’état dramatique de cette femme et parvint à la mettre à l’abri dans une autre institution, plus accueillante, qui durant six mois, tenta de la remettre sur pied.

Quant à la réponse cynique du médecin accompagné d’un sourire («  mais tu sais, la vie c’est dur »), je continue, encore aujourd’hui (en 2020) à me demander ce qui me retint de lui soumettre cette autre question : « Et si l’on t’arrache un bras, pourrais-je aussi te dire que la vie c’est dur ? »
L’ignoble silence complice de l’équipe regardant ses pompes, est incontestablement un élément qui renforce le pouvoir du pervers, du tyran, quel que fut le grade minable de sa puissance

S’agit-il ici d’une « expérience clinique » ? Comme on a coutume de dire. De mon point de vue, je parlerai davantage d’épreuve traumatique pour la patiente.

Quant à la réponse cynique du médecin accompagné d’un sourire («  mais tu sais, la vie c’est dur »), je continue, encore aujourd’hui (en 2020) à me demander ce qui me retint de lui soumettre cette autre question : « Et si l’on t’arrache un bras, pourrais-je aussi te dire que la vie c’est dur ? »

Ce texte est effectivement une mise en accusation des méthodes de soins, de management, le plus souvent ridicules et auréolées de feinte bienveillance, pourvu que les accréditations donnent leur aval annuellement (le pognon, toujours).
Bienvenue dans la toute-puissance de la psychiatrie-managériale. On ne peut rêver pire (je débloque, il y a toujours pire).

Je m’en suis fait une idée du soin, à l’aune de ceux qui en pâtissent.
Le plus dur dans ma situation fût de réfréner ma colère, ma révolte, mon dégoût de l’institution où j’ai constaté les diverses façons dont une équipe de « matons » aux ordres d’un psychiatre s’y prend pour massacrer l’identité, ou ce qu’il en reste (du moins après le passage aux urgences) des patients atteints de « pathologies psychiques ». Âpre syntaxe.

Première épreuve : après l’étape humiliante du déshabillage, l’épreuve de la sédation ! Gare aux piqures. Certains traitements vous réduisent en loque d’hôpital plus vite qu’il n’en faut pour le dire. Shooté, bavant, titubant, incapable de regrouper ses pensées, arrive l’épreuve de l’entretien avec le psychiatre (souvent accompagné d’un mâle infirmier, courageux les mecs). Avalanches de questions intrusives souvent plus fermées qu’ouvertes adressées à quelqu’un mis en situation d’interrogatoire, donc forcément stressé, une vraie garde à vue. Bien entendu la sémiologie multi-axiale du DSM [3] saura vous ranger prestement dans une catégorie psychiatrique, un code (le RIMP) rentré ensuite dans l’ordinateur par un psychologue normopathe. Désormais cette « marque caractéristique » vous suivra à la trace dans votre carrière d’être humain, et à la prochaine bévue, au prochain trouble sur l’ordre public : retour à la cage départ. C’est que la sémiologie psychiatrique est un système de conventions qui prétend statuer sur le « réel » du patient tout en ne cessant d’élargir son spectre (tous malades potentiels, c’est l’implantation perverse dont parlait Foucault dans la « Volonté de savoir » qui se réalise : tout devient objet d’une surveillance possible).

Comme les modes vestimentaires, les manuels de classifications changent au rythme des « saisons des nouvelles molécules », molécules de neuroleptiques en mesure de fournir à la vente un nouveau traitement contre la maladie « à la mode » (en ce moment, la Bi-polarité a la cote). C’est un sacré spectacle de voir chaque année se pointer en réunion, le commercial mandaté par tel laboratoire, vous faire l’article de la pilule miracle.
Le commercial ne vient d’ailleurs jamais sans ses petites offrandes : croissants, pains au chocolat, jus de fruit, parfois cadeaux personnalisés (jadis, les choses se voyaient trop : les labos payaient carrément aux toubibs des voyages organisés au Brésil ou à Cancun, par exemple ! Cool). En échange, les psychiatres sont implicitement tenus de prescrire le médoc susdit aux patients-cobayes. Non, vous ne rêvez pas.
Effets secondaires des médicaments, efficacité réelle ? Ce sont des questions qu’on ne pose pas. C’est un peu la mauvaise conscience du Labo : prise de poids massives, pertes de cheveux, troubles hépato-toxiques, extinction de la libido, atteintes cognitives, dyskinésies « tardives » [4] etc…Qu’importe le flacon pourvu qu’on produise un patient tassé, désubjectivé, docile, « stabilisé » en un mot.

Taire ma rage, mon envie de gerber et ma honte, en ces circonstances, ne fut pas possible très longtemps. Assister durant onze années chaque semaine à des arrivées de patients attachés comme une fête à la saucisse vous rend vite coupable de cautionner les pulsions sadiques (non examinées) des soignants eux-mêmes.

Un jour de 2014 (me semble-t-il) une psychologue dévoile en pleine réunion (on nomme cela un « collège ») un nouveau scandale : un psychiatre se tapait sa patiente depuis quelques temps, l’aveu venait de la patiente elle-même s’adressant en miettes à la psychologue (il s’agissait d’une double prise en charge).
Dans la réunion, nul ne fit cas de l’affaire. Et dans la hiérarchie, on minimisa, pas d’enquête, seule une phrase circula faiblement dans les couloirs : «  Il s’agit d’une simple rumeur  ». Pas touche aux médecins. La psychologue fut poussée à la porte, forcée de décamper. « Les rumeurs, il faut s’en méfier  » lui a gentiment répondu le chef de pôle. La psychologue quitta l’hôpital, écœurée (on l’avait poussée un peu). Quant au docteur séducteur, il exerce encore ses talents à l’hosto avec l’absolution de la chefferie. Qui dira encore que le corporatisme n’existe pas ? Qui oserait dans un tel contexte, interroger les conditions de possibilités de violences redoublées ?

Comme tous rituels équivoques, chargés de sauvagerie invisible, il faut bien une légitimation sinon théorique, du moins médico-administrative. C’est aussi à cela que servent les pathétiques réunions de synthèse (nommées parfois « temps institutionnel »). Ces temps autrefois, un temps pas si éloigné (remonter pour cela à Tosquelles, Chaigneau et quelques autres) étaient censés permettre tout à la fois l’élaboration des contre-attitudes des soignants et l’examen attentif de la subjectivité en souffrance du patient (ce qui n’empêchait pas, notons-le, l’usage fréquent des électrochocs) mais l’intention y était. Or, ce temps aux allures élaboratives est définitivement passé, définitivement. Place à la turbo-psychiatrie. Aller vite. Le discours eugéniste et la vitesse n’ont jamais autant turbiné dans les couloirs des services de psychiatrie. Entrer aux urgences-sortir-puis entrer, sans fin possible.
Les réunions de synthèse désormais ressemblent à de mauvaises pièces de théâtre où psychiatres, psychologues, techniciens de la santé mentale, jargonnent, s’écoutent causer, plus condescendants et ridicules qu’un bigot en soutane, la férocité en plus.

C’est ce spectacle qui m’a rendu probablement plus dingue que le système lui-même. J’ai quand même mis onze ans avant de trisser, onze ans où j’ai vainement tenté d’insuffler ma colère (et l’insurrection) dans les équipes. Catastrophe ! Qu’avais-je fait ? Et pourtant, que de massacres…
Certains soignants sensibles et harcelés se sont suicidés. Victime de harcèlement. La règle du « jeu » c’est : Tu consens au système ou tu crèves, tu démissionnes, tu tombes malade (l’ensemble est réalisable, compossible). Combien de suicides eurent lieu dans cet hôpital ? Deux, trois, quatre ? Je ne sais plus.

Moi, je fus embauché à mi-temps au service adolescence, puis au sur un autre mi-temps, sur le service adulte. Deux services en guerre, je l’ignorais en nigaud bon teint.
Dans le service adulte j’avais « la place du mort », je remplaçais une psychologue qui s’était pendue chez elle quelques années plus tôt, mais chut ! Personne ne devait en parler. C’est une collègue en larmes qui me confia fin 2009, que la défunte elle aussi, était harcelée. J’eus droit à une autre version, nettement plus vulgaire, énoncée par un psychologue encore en poste et ovationné : « Cette femme s’est suicidée parce que sa copine l’avait quittée et qu’elle s’était remise à boire.  » Whaou ! Quel argument.
Il est un fait que l’étayage institutionnel n’a pas joué son rôle « d’ossature » protectrice. Si j’insiste sur cette femme qui s’est donnée la mort, c’est aussi en raison des horreurs qui m’ont par la suite été déversées dans les oreilles comme des justifications (mauvaise conscience groupale ? Tardive). Ainsi en 2013, un psychiatre me lâcha cette phrase édifiante : « C’est elle qui persécutait le service, pas le contraire ». Curieux, d’autres collègues (des infirmiers) m’affirmaient qu’elle était appréciée de ses patients. En 2015, la plus atroce confession eut lieu : quatre ou cinq collègues me dirent avoir assisté à l’arrivée en salle de transmission de l’ancienne chef de pôle clamant : « J’ai une bonne ou une mauvaise nouvelle, c’est selon : votre collègue s’est suicidée !  » Silence de mort côté soignants, silence évidemment. Révolte, indignation, les petits-fils de Vichy ne connaissent pas.

J’en viens un instant au dernier suicide, en 2017, lorsque par hasard, j’ai croisé une collègue psychologue pressée de prendre son train, je lui tombe dessus horrifié : « Tu as entendu ?! Ce jeune psychologue s’est suicidé ! On est où là ? Vous ne réagissez pas ? » La force d’inertie est décidément redoutable, je l’avais oublié. Sa seule réponse défensive fut : « Tu ne connais pas l’histoire, c’est lui qui persécutait ses collègues  ». La frileuse collègue a ensuite tourné les talons. Je repense à son argument jupitérien : «  Il persécutait ses collègues ? » Le gars s’est tué victime de harcèlement et c’est lui le persécuteur ? C’est lui le croque-mitaine ? Le PDG de France Télécom aurait-il pu proférer semblable horreur en 2008/2009 ? Possible.
Étrange assertion de ma collègue quand même, surtout dans ce système hospitalier où la mère de la victime accusa publiquement de harcèlement le service où travaillait son fils. La puissance du déni groupal est indestructible.

Après cela que faire, sinon hurler.

Le monde de la psychiatrie aujourd’hui ressemble à la taule, en plus laid, la psychiatrie ressemble à toutes les entreprises sous la coupe du management, même fonctionnement pyramidal immonde.
L’intimité individuelle du sujet n’existe pas, En psychiatrie, l’humiliation est quotidienne, les chambres d’isolement existent toujours, laides et crades, et on attache toujours les patients dit « agités ».

Je pourrais arrêter mon propos à cet instant, puisque l’essentiel du sadisme institutionnel est résumé. Mais ce serait trop simple, trop court, trop facile, je vais développer encore un peu, juste un peu, avec froideur. Il en va de la condition des patients oubliés et de tout l’emballage discursif qui s’échine à justifier la maltraitance de façon cynique.
Et puis il n’y a pas de raison que les « phalangistes du système » s’en tirent sans se reconnaître un peu.

Je reviens aux réunions de synthèse, ces mini-assemblées nationales, ces lieux où tout a l’air de se décider pour le patient : on augmente les doses de Loxapac, on essaye le Xéplion, on force sur le Xéroquel, on charge sur le Tercian ? On attache, on fout le mec dehors même s’il risque de se foutre en l’air ou bien on le retient encore un mois ? Histoire qu’il comprenne qu’il est puni ! (insulter, fuguer, sont deux sacrilèges passibles de sanctions).

Bref, dans ces réunions où ça n’élabore pas beaucoup, (en fait ça n’élabore pas du tout ) la parole suprême reste celle du chef de service, petit Jules César, en plein exercice de jouissance. Pensez, c’est lui qui décide du sort des patients (sortiront ? sortiront pas ?) Mais ce qui n’est jamais questionné en profondeur, c’est sur quel critère la liberté ou le relâchement des contraintes se décide ! L’agitation ? Le délire ? Facile. Regardons nos réactions en mars dernier. Tous devenus à moitié dingues de se voir confinés. Ainsi avons-nous une légère idée de ce syntagme : « survivre enfermés ».

Et là, attention ! Qu’un infirmier ou qu’un psychologue tordu et imprudent se mêle d’intérroger la validité de la décision du chef. C’est l’injure ou la porte. J’en sais quelque chose. C’est pourquoi, généralement, personne ne moufte. On appelle cela la « violence symbolique » : certaines paroles valent plus que d’autres.

Dans le cas contraire, si un dingue comme mézigue s’avisait de contester la décision du Souverain (jugée autoritaire pour le patient) sa réputation est faite. C’est cela le « miracle » de la nosographie psychiatrique [5] : comme dans un commissariat ou aux assises, tout ce que vous pouvez dire ou exprimer émotionnellement est susceptible de se retourner contre vous.
Une crise de larmes témoignera d’une fragilité personnelle peu compatible avec le métier, une colère fera (rapidement) de vous un paranoïaque revendicateur, une théorie trop fortement développée prendra l’allure de « l’idéalisme passionnel », la dépression due au harcèlement vous aura vite paré des atours de la « sensitivité » (dépressivité, sentiment de persécution, délire de relation, bref, inadaptation au poste). La seule entité non désignée clairement mais chuchotée en « secret » reste celle du pervers narcissique, on se demande pourquoi elle se loge le plus souvent dans les capillaires sanguins du grand chef, intouchable, tout-puissant, tantôt chef de pôle, tantôt DRH, tantôt directeur général, parfois tout à la fois. C’est là une mauvaise Comédie, et vous rirez jaune.

Donc, dans ces cénacles de néant hebdomadaire, les techniciens du savoir pratique s’écoutaient causer de tout sans jamais parler réellement de la souffrance des patients. Les discours soporifiques gravitaient autour des derniers traitements neuroleptiques à la mode prescrits par les laboratoires, un tableau avec des + et des - !

On y plaisantait aussi sur tel patient qui avait dit une connerie sans s’en rendre compte, on se foutait de sa gueule. Qui allait s’en indigner ? Le patient est pour le psychiatre ou le psychologue docile, une demi-bête, une loque, tout juste le patient existe-t-il. Fou un jour, fou toujours. Le patient a-t-il une pensée ? Certes non, elle puisqu’elle marche de travers ! Ainsi raisonnent les porcs qui ont le pouvoir de leur côté (comme l’écrit Ulrike Meinhof).

Les « spécialistes de la maladie mentale » (ceux que j’ai pu écouter sans vomir trop prestement) ne savent avec dextérité faire qu’une seule chose : se resservir du café, sans omettre de bouffer les croissants tapissant la table, ceci pour supporter (je suppose) l’horreur indignée de ce paysage lugubre dont eux-mêmes, soignants-psychiatres font partie (ils semblent avec les années l’avoir oublié).
Dans cette cour du Roi, ça causait de la tarification à l’acte, cette menace qui s’approchait depuis quelques années de la psychiatrie et « contraignait » les hôpitaux à faire du bénéfice en multipliant les actes médicaux. Le turn-over. Exit l’empathie, le soin authentique. L’objectif ? Voir le plus vite possible un maximum de patients, toujours plus, quantophrénie [6] ! Prescription d’ordonnance à tout va, paternalisme et basta ! Écouter le patient ce que Foucault appelait justement «  ce que filtre le cri du patient  », ce qu’il tente de dire ? Hors de question. Il faut aller vite, vitesse futuriste oblige, tournant gestionnaire impose.

Je n’ai compris que tardivement la complicité opératoire du personnel, tous maugréant, mais jamais insurgés, fut-ce un minimum. C’est vraisemblablement ainsi que se construit une société immonde.
Le but de nos « chefs » se résumait à cette injonction : faire des actes médicaux, poser des actes. Quelle farce obscène. Il faut dire que les années 2000 furent celles d’un retour dévastateur du management. Je crains de n’exagérer qu’à peine. Les managers avaient même trouvé une formule délicate pour créer le forcing dans les équipes : «  la démarche qualité ».

La Novlangue est indestructible, hélas. Klemperer et Orwell ne s’y sont pas trompés. Tout commence, se casse la gueule, avec la sémantique et ses torsions.

Qu’advint-il de moi, au fait ? Que dalle. Des changements de bureaux, journaliers, destinés à déstabiliser le cadre de travail (de pensée, surtout) j’en ai goûté. On a essayé comme avec d’autres, de me coller des fautes graves sans réel succès (je n’ai tué personne), un jour le chef de pôle est même venu exiger une lettre de délation auprès de mes collègues, des trucs bien dégueulasses, calomnies délirantes pour me foutre à la lourde. Ça n’a pas marché.
Puis vint le premier confinement, je suis tombé malade. Occasion rêvée pour me jeter de mon bureau, je n’ai même pas pu dire au-revoir aux patients ! L’horreur.
J’ai craqué, comme plein d’autres, j’ai disjoncté, c’est comme ça que l’on pousse quelqu’un à la démission. Succès total.
Me revoilà en hiver, vêtu de noir, sans indemnités, vagabond auprès des âmes brisées qu’il m’arrive de croiser de temps à autres sur les trottoirs ou tapant la pièce dans le métro. Conclusion ? Qui sont les fissurés ? Qui sont les destructeurs de la santé mentale ?

J’accuse les agents du système, ces pitres de managers et leurs complices psychiatres nouvelle génération, bien sûr. J’en mets ma main au feu. Chiche !

Les noces de la psychiatrie et du néo-libéralisme eurent lieu il y a un bail, reste à attendre les effets de ce collage sur la vie elle-même, bio-pouvoir, coercition, appellons cela comme on veut. Rien ne m’étonne dans le discours macronien, lorsqu’après avoir pulvérisé le monde du travail, il se mèle de morale sanitaire et énonce : «  Soyons plus contraignants ».

En attentant, restons aux aguets, restons insurrectionnalistes ! Gavroche est dans nos cœurs, il ne lache pas sa rage.
Restons soudés dans le cortège de tête : le soin psychiatrique n’est pas simplement une imposture scientifique, il est également l’autre nom de l’abjection.
Ya basta !

Signé : Creepy Crawly, vive l’anarchie.

Note

Merci à vous ! Pour toutes vos résistances....

sylphe

Notes

[1L’étiopathogénie du symptôme signifie « le mode par lequel un symptôme » (quel qu’il soit) se constitue. Férenczi eut par exemple, le courage de s’opposer à Freud en maintenant l’hypothèse que le traumatisme sexuel précoce pouvait être à l’origine de la constitution des symptômes que l’on qualifiait au début du siècle d’hystériques. Il se trouve qu’en psychiatrie les personnalités dites "hystériques" (femmes ou hommes) continuent d’être méprisés et qualifiés de "simulatrices/teurs".

[2« Hypomane » désigne un état d’agitation excessif de l’humeur.

[3Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders : un manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, ouvrage publié par l’Association américaine de psychiatrie qui classifie les troubles mentaux et est utilisé comme référence dans le monde entier. Il est souvent contesté sur la pertinence du diagnostic en l’absence d’autres méthodes d’évaluation, la difficulté de réduire un individu à une pathologie, et à son adéquation troublante avec les financements de certains labos pharmaceutiques.

[4La « dyskinézie » est un mouvement anormal, souvent lié à des prises de médicaments.

[5La « nosographie » : la description et la classification des maladies.

[6"Quantophrénie" est un terme venu de la sociologie pour railler les managers obsédés par la « quantité » de travail fourni par le salarié (quel que soit le domaine), le terme quantophrénie joue avec un certain humour sur le terme schizophrénie pour dénoncer la dimension folle, capitalistique, de ceux qui ne voient que par l’accumulation des chiffres.

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