Affaire du quai de Valmy : Ce procès est le procès du mouvement social

Communiqué du groupe de défense collective (Defcol) : le 18 mai 2016, en plein mouvement social contre la loi travail marqué par de violents affrontements avec les forces de l’ordre, les syndicats de police organisent une manifestation « anti-haine anti-flic ». Une contre-manifestation se soldera par la destruction d’une voiture de police. Neuf personnes, dont une toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt, seront jugées du 19 au 22 septembre 2017 au tribunal de grande instance de Paris

À la mi-mai 2016, le projet de loi « travail », qui n’a d’autre objectif que d’affaiblir les salarié·e·s face à leurs patrons, est contesté dans la rue depuis plus de deux mois. La violence judiciaire et policière est permanente. Les blessé·e.·s lors des affrontements se comptent par centaines. Certains manifestant·e·s sont gravement atteint·e·s et parfois mutilé·e·s par les armes « non létales » de la police. Les arrestations et les comparutions immédiates se multiplient.

C’est dans ce contexte que des syndicats policiers décident, le mercredi 18 mai, d’organiser une manifestation contre la « haine anti-flics » sur la place de la République, lieu de rassemblement nocturne des opposant·e·s à la loi travail.
Cette provocation délibérée attire, évidemment, des contre-manifestant·e·s qui entendent rappeler les effets bien palpables de la haine que les flics vouent aux populations que l’État et le capital leur demandent de garder sous contrôle. Les gendarmes mobiles tapent et gazent les contre-manifestant·e·s. Celle-ux-ci, bloqué·e·s dans un coin de la place, s’échappent en manif spontanée en direction du canal Saint-Martin.

Sur le quai de Valmy, ils·elles croisent par hasard une voiture de police. Cette voiture ne fait pas partie du dispositif déployé sur la Place de la République mais elle symbolise à elle seule toute la morgue dont les flics et l’État font preuve depuis deux mois. Des manifestant·e·s s’en prennent à la voiture. La scène, filmée par de nombreuses caméras, ne dure pas plus de deux minutes. Il est évident que cet acte est le fruit d’une colère collective.

Les syndicats de flics, les politiciens et les médias se déchaînent. Par le témoignage douteux d’un flic infiltré, mais aussi par le biais du fichage ou de l’analyse de micro-détails sur des vidéos, les flics montent un dossier à charge contre neuf personnes accusées dans un premier temps de tentative de meurtre.
Cette accusation a depuis été abandonnée, mais les prévenu•e•s restent poursuivis pour destruction d’un véhicule de police par incendie ou moyen dangereux, violences aggravées et participation à un « groupement » en vue de la préparation de violences et de cette destruction. Cinq personnes ont été incarcérées pendant l’enquête et deux le seront encore au moment du procès qui s’ouvre le 19 septembre devant le TGI de Paris.

Peu importe que ces personnes aient reconnu une partie des faits ou non et peu importe qu’elles soient, aux yeux de la justice, « coupables » ou « innocentes ». Elles sont toutes la cible d’une opération de vengeance politique.
Ces neuf personnes n’ont rien à voir les unes avec les autres, ne se connaissaient pas avant ces faits pour certaines d’entre elles et n’ont pas toutes les mêmes opinions ; elles ne sont réunies par la justice que comme un échantillon des manifestant·e·s qui se sont révolté·e·s au cours du printemps 2016.

Ce sont toutes celles et tous ceux qui ne supportent plus d’être traité·e·s comme du bétail par l’État et par les flics qui sont visé·e·s : c’est aux mêmes de faire preuve de la plus grande solidarité avec les neufs personnes prochainement jugées.

À lire également...