À Lyon, les chauffeurs de Ouibus en grève illimitée contre le harcèlement à la démission de la SNCF

La SCNF tente actuellement de se débarasser des salarié·es lyonnais·es de Ouibus [premier site visé par la SNCF], qu’elle souhaite transférer vers ses sous-traitants. Pour ce faire, la direction use de méthodes de management inhumaines envers les personnels. Mais ceux-ci ont décidé de résister, en grève illimitée. Un préavis de grève illimitée nationale vient d’être déposé. L’un d’eux raconte leur situation, leurs conditions de travail et la répression qu’exerce l’entreprise.

Je suis conducteur de Ouibus, salarié de la SNCF-C6. La SNCF a créé cette filiale en 2012 pour faire du transport de voyageurs par autocar, alors peu développé en France. À l’époque, la SNCF avait des lignes internationales, des sites ouverts à Lyon, Vitry-sur-Seine et Lille ainsi que des salarié·es embauché·es en CDI. En 2014, la « loi Macron » a ouvert le marché français du transport par autocars à la concurrence . Énormément d’entreprises se sont retrouvées sur le marché, comme Mégabus, qui depuis a fermé définitivement en laissant ses salarié·es sur le carreau.

C’est là que la SNCF a découvert la ruse de la sous-traitance, par le biais de Flixbus. Cette compagnie allemande n’a ni matériel, ni salarié. Elle a juste une entité qui gère l’administration et elle sous-traite toutes ces lignes. Et la SNCF s’est dit « Pourquoi pas nous ? »

Nous, les salariés de la SNCF-C6, on a tiré la sonnette d’alarme et demandé ce qu’il se passait. Ils nous ont toujours dit « Ne vous inquiétez pas, c’est juste une méthode pour s’élargir rapidement, pour conquérir plus de territoires, sans trop débourser, vous êtes toujours là. » Mais progressivement, on a vu passer certaines lignes de la SNCF-C6 à des sous-traitants. Et il y un an la direction s’est mise à licencier.

Ils ont commencé à faire des mises à pied ou des licenciements pour des petites choses vraiment banales. L’année dernière, ils ont embauché des chauffeurs en CDI avant de les virer pendant leur période d’essai. Ces personnes se sont retrouvé criblées, parce qu’elles ont démissionné de leur entreprise, elles sont arrivés au sein de la SNCF-C6 et au bout d’un mois elles se sont retrouvés sur le carreau, sans rien du tout. On a tiré la sonnette d’alarme. « C’est juste une réduction de la masse salariale, le marché ne s’est pas ouvert comme on l’espérait », nous ont-ils répondu. Ils s’en foutent de l’être humain, l’essentiel c’est le chiffre.

Après les CDI virés durant leur période d’essai , ils se sont attaqué aux CDD, eux aussi ont tous été virés. Ensuite, ils se sont attaqués aux CDI pour leur proposer soit des départs volontaires, soit des démissions. Ils les poussent à bout jusqu’à ce qu’ils demandent une rupture conventionnelle avec zéro euro dans la poche, seulement avec le solde de tout compte, juste histoire de vider la masse salariale de la SNCF-C6.

En octobre 2016, ils ont décidé de s’attaquer directement à des sites. Le premier, c’est celui de Lyon. Ils nous ont dit « On a un projet de développement de notre activité mais on va supprimer le site de Lyon. On va vous transférer chez Faure-Express, notre principal sous-traitant en Rhône-Alpes. » On leur a dit qu’on ne partirait pas. Ils ont alors essayé par tous les moyens de faire ce transfert. Ils ont fait rentrer Faure au capital de la franchise SNCF-C6, à hauteur de 2,5 ou 3%. Ce qui est vraiment minime, la SNCF reste l’actionnaire principal avec 97%. Mais le fait d’être franchisé ouvre le droit à reprendre une activité. Ils nous ont dit : « Maintenant que Faure est franchisé, vous n’avez pas le choix : on va vous transférer automatiquement. Que vous l’acceptiez ou pas. »

Note

Dans l’article de Rebellyon, les grévistes annonçaient leur venue à Paris ce mardi pour manifester devant le ministère de l’économie. Le déplacement est annulé.
On pourra écouter une intervention des grévistes ce mercredi 7 juin, sur L’actu des luttes, radio Fréquence Paris Plurielles, 106.3FM, à partir de midi 30.

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