Le 14 octobre, appel à se rendre à l’audience du flic méconnu de Bergson

On a beaucoup parlé du flic qui a collé son poing dans le visage d’Adam, élève en seconde au lycée Henri Bergson, le 24 mars dernier. Mais on a peu parlé de celui qui s’est défoulé, le même jour, sur plusieurs autres lycéens...

Dans l’echauffement médiatique, on s’est empressé de monter en épingle ce cas précis, comme si tout à coup la médiatisation d’un acte en particulier devait faire oublier tous les autres. On imagine déjà la chronologie du mouvement contre la loi Travail que dresseront les petites plumes bien-pensantes du journalisme (celles qui voudront bien parler de la répression), en prenant les quelques cas de violences policières emblématiques pour rythmer les « étapes de la mobilisation », en ayant bien pris le soin de les noyer dans des centaines de cas de violences commises par les manifestants : évacuation de Tolbiac et violences devant Bergson en mars, mutilation de Jean-François Martin en avril, grenades dans la foule le premier mai, puis blessure de Romain Dussaux en juin, et enfin mutilation de Laurent Théron en septembre.

La question n’est pas tant de savoir si ces cas auraient du être plus ou moins médiatisés, encore moins d’en minimiser la gravité, mais plutôt de s’interroger sur ce que ce traitement bien particulier de l’actualité révèle de la manière partiale et partielle dont l’information sur les violences d’État est véhiculée.

Au lieu de décrire et analyser de manière régulière les milliers de cas de violences quotidiennes perpétrées par les forces de l’ordre, on pointe du doigt quelques « bavures » et on en tartine des pages entières. Les milliers de blessés du mouvement contre la loi travail sont réduits aux quelques doigts d’une main.

On pourrait se dire ainsi que les violences policières ne sont que des dérapages occasionnels et, assez facilement, en déduire que ces actes sont le résultat d’un burn-out policier : les pauvres policiers sont si fatigués qu’ils en cognent plus fort...parfois.

Mais non, ces cas ne sont pas isolés ni vraiment particuliers. La violence est systématique et industrielle.

En témoigne bien plus l’attitude de « l’autre mauvais flic » de Bergson, celui dont la presse n’a pas tellement parlé. Dans une vidéo, on voit en effet un civil en capuche noir frapper à plusieurs reprises des lycéens dans le dos, avant de faire un croche-patte à l’un d’entre eux, puis en traîner un autre sur le sol en le serrant par le cou, pour finir par le cogner bien plus loin de la caméra. Et tout ça avec un calme olympien et avec la complicité de ses collègues, qui montrent combien agir de la sorte fait bien partie de leur « travail quotidien ».

Ce flic là passe en procès le 14 octobre 2016 à 13h30 devant la 10e chambre correctionnelle du TGI de Paris.

Les policiers ont trop l’habitude d’être droits dans leurs bottes, sûrs de leur bon droit, soutenus par le syndicat Alliance à chaque fois qu’ils agissent avec violence contre le peuple et contre ses libertés. Il ne faut donc pas douter qu’il y aura cette fois-ci aussi des collègues pour le soutenir.

Il faut aller à ce procès. Non pas parce qu’on attend de la Justice qu’elle « fasse son travail », mais parce qu’un procès et toujours l’occasion d’une prise de parole publique, autour de l’audience elle-même, en occupant l’espace par notre embarrassante présence. Et puis ce serait dommage que ce flic comparaisse seul devant ses juges, sans personne pour lui signifier notre mépris, ni personne pour le mettre mal à l’aise.

Aller à l’audience, c’est aussi confronter le juge, et s’il faut, perturber la mise en scène, le spectacle de la Justice triomphante, celle-là même qui envoie nos potes en taule pour quelques graviers lancés ou pour une tentative d’homicide à l’encontre d’une voiture, alors qu’elle relaxe à tours de bras les flics qui ont tué ou éborgné nos sœurs, frères et amiEs.

Le 14 octobre, soyons « solidaires » à notre manière du flic à capuche, pour qu’il crève de honte et s’enterre, pour faire vibrer les murs du tribunal et ne pas laisser à nouveau le silence emporter cette énième affaire de violence policière.

La police (celle d’hier comme celle d’aujourd’hui) assassine, la justice acquitte.

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Localisation : Paris

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