Une lutte méconnue : scolariser unE jeune dans le 93

Pour les migrants qui arrivent en France, à l’issue d’un voyage difficile s’élève encore souvent un obstacle de taille pour les parents : scolariser leur(s) enfant(s). En Seine-Saint-Denis notamment, il s’agit souvent d’une véritable bataille, longue et éprouvante.

Rappelons tout d’abord que la scolarité est obligatoire pour chaque enfant et jeune en dessous de 16 ans. Ce qui signifie que l’État doit permettre l’inscription de tou-te-s dans un établissement scolaire.

Pour les jeunes et leurs parents, le parcours débute dans un Centre d’information et d’orientation où illes doivent constituer un dossier [1].

Puis, après un temps certain, illes sont reçuEs par unE conseillèrE d’orientation psychologue et par une institutrice afin de déterminer le niveau scolaire de l’éventuelLE futurE élève.

Le dossier est ensuite réceptionné par la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) à Bobigny. Là, on ne sait pas pourquoi mais le traitement des situations est très long. Les parents les mieux informés n’hésitent pas à se déplacer quasi quotidiennement à la DSDEN, afin de faire avancer leur dossier auprès du service nommé Division des élèves (Divel).

Parfois un dossier s’envole et se perd.

Parfois, le traitement est si long que le jeune atteint 16 ans sans avoir été scolarisé, une aubaine pour l’État qui est alors déchargé.

Parfois, des jeunes de 16 à 18 ans, considérés comme n’ayant pas un niveau scolaire suffisant pour intégrer un lycée, sont renvoyés vers la mission locale. Il s’agirait là encore d’un abus car celleux-ci devraient être prisEs en charge par la mission de lutte contre le décrochage scolaire, donc par l’Éducation nationale qui se décharge une fois de plus.

Parfois, des jeunes de 16 à 18 ans, tout à fait francophones et scolariséEs depuis leur enfance dans leur pays d’origine, ne se voient pas non-plus proposer de place en lycée (général, technologique ou professionnel). Leur scolarisation ne serait tout simplement pas recherchée par la DSDEN du 93.

Il existe enfin un autre fait litigieux. Il semble qu’actuellement la DSDEN du 93 exigerait un acte de délégation de l’autorité parentale établi par le tribunal. Ce document s’obtient, avec patience et difficulté, par saisine du juge aux affaires familiales. Cela ressemblerait à s’y méprendre à une tentative de démotivation des familles, alors qu’une simple lettre d’un des parents ou de la personne qui accueille et élève actuellement l’enfant suffit. Lorsque l’acte abusivement exigé n’est pas fourni, le dossier prend la poussière quelque part à la DSDEN 93 et aucune affectation en établissement scolaire n’est proposée.

Dans tous les cas de non-scolarisation, les parents sont en droit de demander pourquoi aucune proposition n’est faite en vue de l’inscription de leur enfant en établissement scolaire.

Fin janvier, des conseillerEs d’orientation psychologue du 93 ont dénoncé ces abus par une lettre à leur hiérarchie (CSAIO et IEN IO : ceux qui travaillent en costume-cravate quelque part à la DSDEN de Bobigny). Illes ont été somméEs de s’expliquer par ces mêmes cols blancs. Rappelons que le nombre de non-titulaires est important dans cette profession au sein de l’académie de Créteil. Leur contrat pourrait bien ne pas être renouvelé.

Notes

[1Il est demandé une pièce d’identité de l’enfant ou du jeune, une pièce d’identité d’un parent au moins, un justificatif de domicile de moins de 3 mois et le cas échéant d’une lettre attestant de la délégation d’autorité parentale à une autre personne. Pour info, la situation régulière de l’enfant/jeune ou de ses parents sur le territoire n’est pas exigée.

Mots-clefs : enfance | migrants
Localisation : Seine-Saint-Denis

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