Saint-Denis manifeste contre les violences faites aux femmes

Riposte des femmes !

Manifestation à l’appel des Initiatives Féministes de Saint-Denis le samedi 29 novembre suite à la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes.

Le 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes

Nous, femmes, sommes comme un ressort que l’on écrase sous la pression des violences qui s’abattent sur nous. Et, cette violence n’a pas de villes ni de nations, ni de religion ni de culture.

Pour nous, c’est toujours la menace quotidienne de la violence physique
Nous sommes violées toutes les six minutes en France.
Nous sommes assassinées tous les deux jours et demi par nos conjoints, nos compagnons ou nos ex.
En 2013, en Seine Saint-Denis, la violence des hommes a touché près d’une jeune fille sur quatre de 18 à 21 ans et 36 000 femmes de 20 à 59 ans.
Nos enfants sont aussi les victimes directes des violences qui nous sont faites, en tant que femmes, en tant que conjointes et en tant que mères. L’année dernière, 25 enfants ont été tués par leur père. L’exposition des enfants aux violences conjugales ont de graves conséquences sur eux : anxiété, dépression, isolement, difficultés scolaires.
En tant que lesbiennes, nous sommes aussi obligées de nous invisibiliser sous peine d’être insultées, menacées, battues ou violées.
Ce sont toutes ces violences que nous subissons de la part de nos pères, frères, maris, compagnons, amis, collègues. Mais aussi de la part d’hommes dans la rue.

Pour nous, c’est toujours l’étranglement de la violence économique

Sur 10 travailleurs pauvres, 8 sont des travailleuses. En 2010, 4,7 million d’entre nous vivaient sous le seuil de pauvreté en France. Nous recevons deux fois moins de retraites que les hommes. A la maison, c’est la double journée de travail pour toutes (ménage, cuisine, élever les enfants).
Nous sommes les cobayes de la crise : la précarité, c’est nous qui la subissons de plein fouet. Le chômage, les paies minables et les temps partiels sont avant tout imposés aux femmes.

Pour nous, c’est toujours la pression de la violence sociale

A Saint-Denis, les transports sont inaccessibles lorsque nos enfants sont en bas-âges, notamment lorsqu’ils sont en poussette. Nous sommes empêchées de circuler librement et notre autonomie est réduite.
L’accès au soin est toujours difficile, la contraception et l’avortement sont moins accessibles. Pour beaucoup d’entre nous, ça nous met dans des situations violentes : grossesses non désirées, obligation de se marier. C’est ensuite la difficulté à avoir un logement décent, pour nous et nos enfants.
C’est la menace de voir le congé maternité réduit à 18 mois alors qu’en France, il manque 500 000 places en crèche pour les enfants de moins de 3 ans.

Pour beaucoup d’entre nous, c’est la violence du racisme subie quotidiennement
C’est l’impossibilité de revendiquer des droits quand on n’a pas de papiers, comme de porter plainte contre son violeur, de recevoir des aides et des allocations ou encore d’avoir un logement décent.
C’est la violence du racisme au travail, à l’école, dans la rue.
C’est l’augmentation des agressions racistes, notamment islamophobes, qui nous touchent particulièrement en tant que femmes. C’est l’exclusion des mamans voilées des sorties scolaires. C’est la violence policière.

Nous dénonçons cette société qui organise la domination des hommes sur les femmes,

  • parce que cela permet d’avoir des personnes qui travaillent pour pas grand-chose,
  • parce que cela permet de faire tout le travail domestique et d’éduquer des enfants gratuitement, alors que s’il fallait le payer, aucune société ne pourrait fonctionner,
  • parce que cela permet aux hommes de prendre le pouvoir sur nos corps et nos libertés.

Nous ne voulons plus être des esclaves. Nous ne voulons plus être contrôlées par la menace de la violence qui s’abattrait sur nous si l’on refuse le travail gratuit qu’on nous oblige à faire, le silence qu’on nous oblige à tenir et la pression pour qu’on ne sorte pas dehors aux heures qu’on souhaite.

Il n’y a pas de fatalité. Ensemble et unies, notre force est celle du ressort qui explose quand on essaie de l’écraser, qui balaye toute la violence que l’on subit, qui nous libère de toutes les oppressions vécues.

Contre ceux qui veulent nous diviser et nous mettre en concurrence, nous appelons à la solidarité entre femmes !

Contre le sexisme et les inégalités que l’on subit nous appelons à l’union des femmes à Saint-Denis !

Pour la liberté des femmes, pour notre autonomie, pour en finir avec toutes les violences que nous subissons !

Rendez-vous le samedi 29 novembre 2014 à 11h sur la place du Caquet (sortie métro Basilique, côté Carrefour)

Note

Appel des Initiatives Féministes de Saint-Denis (regroupement de féministes dyonisiennes de tous horizons) qui suit l’appel de la Grève des femmes, organisatrice d’une manifestation locale, à Saint-Denis, le 8 mars 2014.

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