Saint-Denis : écoles occupées contre la réforme des rythmes scolaires

Plus de 200 parents d’élèves ont décidé de braver l’interdiction et d’occuper une dizaine d’écoles normalement fermées ce lundi matin à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Dans ce département, la matinée de concertation destinée aux enseignants a été maintenue par le rectorat, alors qu’elle a été annulée en Seine-et-Marne et dans le Val-de-Marne, les deux autres départements de l’académie de Créteil, face à la protestation des parents.
« Nous sommes venus demander les clés à la gardienne, et la directrice a accepté de nous ouvrir », témoigne Elsa Soussi, parent d’élève à l’école primaire Blériot. « On comprend que les profs aient besoin de se réunir, mais pourquoi ne pas l’avoir fait le mercredi après-midi ? » ajoute Wafaa. Les parents d’élèves entendent dénoncer plus généralement les mauvaises conditions de la rentrée à Saint-Denis (instits non remplacés, rythmes scolaires, manque de moyens). Ils se sont joints aux syndicats enseignants et ont manifesté devant l’annexe de l’Inspection académique, à Saint-Denis. [1]

La mise en pratique de la réforme des rythmes scolaires se révèle problématique dans beaucoup de communes, en particulier celles qui ont moins de moyen. Les parents ne peuvent pas toujours adapter leurs horaires de travail aux caprices ministériels. Les personnels et les enfants sont surmenés, ils doivent manger plus vite, finir plus tard, augmenter les cadences. A Montreuil, d’autres parents en lutte refusent de mettre leurs enfants à l’école le mercredi. Ils ont écrit ce tract :

A part l’obligation d’un cinquième jour travaillé (...) seul point obligatoire de la réforme, personne ne savait jusqu’à la dernière minute ce qu’il en serait des horaires, encore moins des moyens mis en oeuvre pour les « activités périscolaires ». Quelles heureuses surprises pourrait-on avoir dans ce domaine où faire des économies est la principale préoccupation, et où l’école, de l’avis-même de ses gestionnaires, n’a pas les moyens de fonctionner normalement (problèmes de locaux, manque de remplaçants, absence de dispositifs d’aide efficaces aux élèves en difficulté, etc.) ? Cette municipalisation de l’école qui accroit les disparités en fonction de la richesse et des exigences des communes opère de fait une sorte de privatisation de l’école, et fait co-gérer l’éducation par les centres de loisir, dont les personnels souffrent encore plus d’un déficit de formation et de mauvaises conditions de travail. [2]

De fait, la mise en oeuvre de cette réforme qui augmente le temps de travail des enfants et des enseignant-e-s sans augmentation de moyens correspondante accroît les inégalités entre communes riches et communes pauvres. Cela se ressent particulièrement dans le 93. Mais des luttes émergent aussi un peu partout sous la forme de rassemblements contre la réforme des rythmes scolaires (par exemple ce vendredi 10 octobre à Gennevilliers), de mobilisation de parents, ou de de grèves d’agents municipaux comme à Colombes, Clichy ou Rueil. L’école n’est pas une entreprise ! Non aux cadences infernales dans les écoles maternelles et élémentaires !
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Notes

[1Voir Le Parisien.

[2Tract des parents en lutte de Montreuil

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